Un colloque de deux jours sur l'oeuvre et la pensée du défenseur des peuples colonisés, Frantz Fanon, a débuté mardi à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de sa mort et pour jeter la lumière sur sa contribution à la lutte de l'Algérie contre l'occupation française ainsi que son apport à la psychiatrie. L'ouverture du colloque, placée sous le thème de «Frantz Fanon, aujourd'hui», a été un moment de reconnaissance envers cet homme, martiniquais, qui a épousé la cause algérienne et en a fait sienne, tout comme la question des peuples de l'Afrique noire, victimes de la colonisation économique, politique, culturelle et sociale, condamnés à l'indigénat et à l'esclavage. Pierre Chaulet (militant de la cause nationale et ami de Fanon), Olivier Fanon (fils de Frantz Fanon) et Lamine Bechichi qui a connu Fanon à la rédaction du quotidien El Moudjahid, ont tous souligné la nécessité d'approfondir la réflexion sur l'oeuvre de Fanon qui représente, selon eux, un «patrimoine intellectuel universel». Pour eux, il est nécessaire que les universitaires et chercheurs se réfèrent aux écrits de cet homme, à la fois militant politique, thérapeute engagé et intellectuel solidaire avec les peuples opprimés, dans leurs thèses et analyses relatives à la colonisation, un phénomène qui d'une manière ou d'une autre, demeure d'actualité, ont-ils fait comprendre. «Le message de Frantz Fanon reste d'actualité dans un monde qui a profondément changé», a indiqué M. Chaulet pour qui, l'auteur du livre Les damnés de la terre, n'était «ni prophète, ni théoricien politique mais un intellectuel qui s'est engagé résolument dans la Révolution algérienne, non pas comme un ami de l'Algérie, mais à part entière». Sur ce point, Olivier Fanon dira que le message révolutionnaire et engagé qu'a voulu transmettre son père, à travers son oeuvre, est toujours d'actualité et devrait avoir un écho incommensurable dans les luttes que vit le monde d'aujourd'hui même si beaucoup de pays se sont libérés du joug colonial. Rappelant qu'il n'était pas spécialiste de Frantz Fanon mais uniquement le fils qui n'a plus revu son père dès l'âge de six ans, Olivier a toutefois rappelé le dévouement de l'auteur des Damnés de la terre pour l'indépendance de tous les peuples colonisés, quelles que soient leur race, leur religion ou la couleur de leur peau. Il a ajouté que Fanon, l'homme «né colonisé, mort libre», dérangeait par ses écrits, idées et opinions et a suscité de «virulentes» critiques en France, notamment.