L'événement sort de l'ordinaire mais les médias ne lui ont pas accordé trop d'importance. Samedi dernier, s'est tenu à Alger le 2ème congrès de l'Association d'implantologie orale. C'est quoi, ça? Des chirurgiens dentistes algériens, spécialisés dans l'implantologie dentaire se sont réunis. Ce n'est pas encore clair? L'implantologie dentaire consiste à placer dans l'os alvéolaire ou si vous voulez dans la mâchoire, une racine artificielle sur laquelle on visse une dent tout aussi artificielle. Allez, on va faire plus simple. Avant, tous ceux qui voulaient remplacer une dent manquante ne se voyaient offrir que des prothèses avec des crochets (bridge) pour prendre appui sur les autres dents saines. Aujourd'hui il y a mieux. Une dent tombe et elle est vite remplacée sans crochet apparent et avec racine itou, itou. Pour la totale, c'est-à-dire les bouches sans dents, fini le dentier pas toujours esthétique, qui bouge, qui frotte, qui fait mal, qu'on enlève le soir, etc. Soit les dents sont toutes fixées une à une, soit on fixe la prothèse sur des racines artificielles implantées au préalable par le chirurgien. C'est le progrès. C'est relativement récent puisque les premiers implants dentaires dans le monde datent du milieu des années 80. Cela permet d'avoir une dentition autrement plus belle et plus solide que le dentier traditionnel. En plus du confort que cela procure, les implants dentaires permettent une meilleure mastication que les dentiers amovibles. Voilà ce qu'on pouvait dire sur l'implantologie dentaire. Pour en savoir plus et selon la formule consacrée, consultez votre médecin, pardon votre dentiste! C'est, cependant, suffisant pour comprendre que c'est le must en matière dentaire. Il faut savoir aussi que tous les dentistes ne font pas de l'implantologie. Seuls quelques-uns dont nous avons la chance d'avoir parmi eux des Algériens qui exercent dans notre pays. Ils sont une poignée et ont beaucoup de mérite. On est bien curieux de savoir s'ils ont fait une étude de «marché» avant de se lancer dans cette spécialité dans notre pays. Il est, en effet, difficile de croire qu'en l'état actuel de la demande, ils fassent fortune. En observant autour de nous et dans les différents milieux qui composent notre société, il n'est pas très courant, pour ne dire rare, de voir des «sourire Colgate» (slogan d'une marque de dentifrice qui est resté synonyme de dents superbement bien alignées et d'une blancheur éclatante). Passons sur l'aspect «irréel» du dentier amovible à l'alignement plus que parfait pour être vrai avec une «gencive» plus rouge que nature. Attardons-nous plutôt sur les bouches que les dentistes n'ont pas eu à traiter. On a envie de dire qu'il n'y a que ça. Mise à part l'Algérienne qui est mieux lotie de ce côté-là (exigence de beauté oblige), l'Algérien, d'une manière générale, accorde très peu d'importance à sa dentition. Il semble être «fâché» de façon irrémédiable avec les dentistes. Et ceci, sans distinction de position sociale, de fonction ou de notoriété. Le plus normalement, des bouches affreusement édentées apparaissent sur notre écran de télévision. Très couramment, nous pouvons voir des personnes s'efforçant d'être élégantes et portant des habits «griffés» qui ne se doutent guère que cet effort s'effondre dès qu'elles ouvrent une bouche en «jachère». Le plus grave est que cela ne semble pas déranger grand monde. Le plus grave aussi est qu'au-delà de l'aspect esthétique, ces personnes ne savent pas qu'une mauvaise mastication des aliments entraîne, de l'avis des médecins, «une détérioration de la digestion, qui se traduit par une diminution de l'absorption de vitamines, de minéraux, de fibres alimentaires et de protéines, et par une augmentation de gras et de cholestérol». Donc, sans dents, naturelles ou artificielles, la santé en prend un sacré coup. Pour toutes ces raisons et d'autres certainement, il ne semble pas que le «marché» de l'implantologie dentaire puisse être attractif pour nos chirurgiens pionniers. Oui, mais tout ceci ne nous dit pas pourquoi l'Algérien est «fâché» avec ses dents. C'est toute une histoire qui pourrait commencer par «il était une fois la brosse à dents...». Une histoire qui commence à l'école maternelle. Et voilà qu'on s'éloigne de l'implantologie dentaire. Pour le mérite d'exister contre vents et marées, ils ont droit à notre révérence. L'histoire retiendra qu'ils ont introduit l'implant dentaire avant la généralisation de la brosse à dents. [email protected]