Le procès d'un des chefs les plus radicaux et les plus violents d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Abdelhamid Zeid, actuellement en fuite, s'est ouvert lundi à Alger pour «appartenance à un groupe terroriste international», a –t-on constaté. Sa véritable identité -Mohamed Ghdir- a été révélée officiellement pour la première fois lors de l'ouverture de son procès par contumace devant le tribunal criminel d'Alger, selon l'arrêt de renvoi. Il est jugé avec neuf accusés, détenus depuis 2010, dont cinq membres de sa famille. Abou Zeid, un Algérien d'une quarantaine d'années, est apparu pour la première fois en 2003 comme adjoint d'Abderazak le Para, lors du spectaculaire enlèvement de 32 touristes européens dans le grand sud algérien. Selon l'arrêt de renvoi, les accusés ont indiqué avoir vu en 2003 un groupe d'otages gardés par Abou Zeid, dans la région d'Illizi, l'extrême sud-est de l'Algérie, et avoir rencontré dans cette zone Abderrezak El Para, principal instigateur de ces enlèvements. Abderrezak El Para, Amari Saïfi de son vrai nom, avait été livré en 2004 aux services algériens de sécurité par des rebelles tchadiens, qui l'avaient capturé, à la suite d'une médiation libyenne. Il est actuellement incarcéré. Les accusés ont également précisé avoir participé au soutien financier et logistique du groupe d'Abou Zeid en assurant notamment le ravitaillement en carburant, acheté en Libye grâce à l'argent amassé à partir de trafics de drogue et de cigarettes. Présenté comme un des chefs d'Aqmi dans la zone sahélienne, Abou Zeid est également soupçonné d'être responsable d'une série de rapts, dont celui du Britannique Edwin Dyer exécuté en juin 2009 et en 2010 de cinq Français, un Malgache et un Togolais dans le nord du Niger. Concernant ce dernier groupe, une Française et les deux ressortissants africains ont été libérés mais quatre Français restent détenus. Abou Zeid aurait aussi participé à l'enlèvement de Michel Germaneau, un humanitaire français de 78 ans, dont Aqmi avait annoncé l'exécution le 25 juillet 2010. Un ex-otage français d'Aqmi, Pierre Camatte, avait reconnu Abou Zeid en octobre 2010, sur une photo diffusée par ce groupe. Membre d'une ONG, Pierre Camatte a été détenu près de trois mois dans le désert malien par Aqmi avant d'être libéré en février 2010. «Sur la photo, en bas, à gauche, j'ai reconnu une personne qui pourrait très bien être Abou Zeid. C'est sa stature, c'est son visage: pour moi, c'est leur chef, le fameux Abou Zeid », avait déclaré M. Camatte.