Le phénomène du blanchiment d'argent prend de l'ampleur. Pas moins de 5000 déclarations de soupçons de blanchiment d'argent ont été signalées depuis 2005. C'est le chiffre avancé par le ministre des Finances, Karim Djoudi, en réponse à une question d'un sénateur du RND lors d'une séance de questions orales tenue jeudi dernier. Dans le cadre de la lutte contre ce phénomène, M.Djoudi a expliqué que la cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf) qui travaille à travers l'échange d'informations avec les cellules étrangères dans le cadre de la réciprocité, a reçu 1398 déclarations en 2011 et 3302 en 2010 alors qu'en 2005 le nombre était de 11. Le ministre a précisé qu'en cas de non-confirmation du soupçon, le dossier n'est pas soumis à la justice et restera en instance de traitement. S'étalant sur les raisons de ce phénomène, le ministre des Finances avance le marché parallèle. Selon lui, ce phénomène est exacerbé par le marché parallèle et le recours aux liquidités plutôt qu'au traitement bancaire des transactions. M.Djoudi a estimé que l'Etat n'a pas traité nombre de questions liées au blanchiment d'argent car ce phénomène, comme le financement du terrorisme, a un nouveau concept en Algérie. Cependant, il a rappelé que notre pays a réalisé une importante avancée en la matière, grâce notamment à la révision de sa législation et la signature de conventions comme la convention de lutte contre le financement du terrorisme adoptée en 2000 et la convention des Nations unies sur la lutte contre le crime organisé transnational en 2002. Pour rendre plus efficace la lutte contre le blanchiment d'argent, Ctrf s'est dotée depuis 2006 d'une nouvelle mission, à savoir le système prévu par l'article 16 de la loi du 06-01 du 20 février 2006 relative à la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent. La Ctrf a pour mission de «collecter et de traiter les déclarations de soupçons pour soumettre les dossiers au procureur de la République territorialement compétent si nécessaire». Ces déclarations sont soumises automatiquement aux institutions financières, les banques, les services d'Algérie Poste et toute personne physique ou morale exerçant des missions de consulting ou des opérations induisant des dépôts et des échanges notamment les professions libérales réglementées, a expliqué le ministre. A la question d'un autre sénateur sur les moyens d'éviter le recours à la réévaluation des projets, trop coûteuse pour l'Etat, le ministre a imputé ces surcoûts au manque d'études nécessaires pour la maturation des projets. Par ailleurs, interrogé en marge de la plénière sur la dévaluation du dinar, le ministre a totalement écarté cette décision. «La monnaie nationale n'a connu aucune dévaluation ces derniers jours par la Banque d'Algérie, comme rapporté par certains médias, mais son cours a connu juste une dépréciation par rapport à certaines devises», a-t-il expliqué. Selon lui, la Banque d'Algérie (BA) ne peut pas procéder à une dévaluation du dinar qui est une décision souveraine qui doit avoir l'aval du Parlement. Sur le dossier Djezzy, le ministre a annoncé qu'un data-room a été finalement ouvert à la faveur de la signature, fin décembre, d'un protocole d'accord de confidentialité avec le russe Vimpelcom, propriétaire majoritaire d'OTA. Sur l'évaluation de Djezzy, confiée au cabinet d'affaires international Shearman and Sterling LLP- France, M.Djoudi a estimé qu'elle devrait donc être «achevée dans les plus brèves échéances» tout en espérant en finir au cours de ce trimestre. M.Djoudi s'est interdit de s'exprimer sur le contenu. «Maintenant, nous n'avons pas le droit, ni Vimpelcom ni moi-même, ni aucune autre partie, de divulguer le contenu de cet accord», a-t-il précisé avant d'assurer que «personne aujourd'hui ne peut dire quelle est la valeur de Djezzy».