Du 7 au 30 septembre courant, une exposition de peinture et d'arts plastiques est organisée à l'hôtel El-Djazaïr. La signataire de ces oeuvres n'est autre que Mme Sabeha Kissarli, une artiste qui a su redonner au «figuratif» toute sa signification. De «la technique au couteau» au «travail à la main», l'artiste utilise le pinceau ou ses doigts sans passer par un quelconque dessin ou esquisse. Ancienne élève de l'Ecole des beaux-arts d'Alger (promotion de 1965), Mme Kissarli n'est pas à sa première exposition, au contraire, elle a été de tous les combats, et loin de la vanité, une ambition dont elle pourrait se targuer, et qui a fini par faire d'elle cette artiste accomplie, dont l'art n'a plus aucun secret. Les couleurs chatoyantes, les scènes inspirées du quotidien et le vécu ont fini par donner un amalgame d'expressions originales, qui non seulement attirent le regard, mais aussi procurent du repos à l'âme. El-Hammam, Le destin, le Kerkabou, le Rituel, La Marine, etc., autant de titres et de couleurs qui, au-delà du figuratif, vous transportent dans le monde de l'interprétation individuelle. S'inspirant donc du vécu, Mme Kissarli aime tremper sa plume dans une palette de rêves, et dans un paradis de tons, que seule l'âme sensible d'un artiste peut côtoyer. Cependant, le «tableau vedette» demeure celui de Ami Lounès, un vieil homme aux sourcils foncés et au regard mystérieux, qui nous a attirés tel un aimant. Pourquoi? Eh bien, en dehors du premier coup d'oeil et de la première impression, ce tableau est en lui-même une légende. L'histoire remonte aux années 1990 lorsqu'un quotidien national retrace l'itinéraire d'un ancien moudjahid qui, à la fin de ses jours, se retrouve SDF, apprivoisant ruelles et trottoirs d'Alger. Emue par l'article et le portrait de ce vieil homme, Mme Kissarli décide de reproduire la photo du journal sur une toile, et de la proposer à la vente tout en ayant la bonne intention de remettre la somme récoltée à ce vénérable vieillard. Hélas, bien avant que l'oeuvre ne soit achevée, ce dernier disparaît. L'artiste décide alors de garder définitivement l'oeuvre. «Je ne m'en séparerais pas pour tout l'or du monde, nous dira-t-elle. C'est plus fort que moi. Ce portait fait désormais partie de ma famille. Le regard pénétrant de ce vieillard me transmet un message du passé, et peut-être aussi une lueur d'espérance, puisque lorsqu'on pense à la souffrance des autres, on oublie toujours la sienne.» La souffrance, on la retrouve aussi dans certaines oeuvres de l'artiste, qui croit fermement au destin et accepte de se plier à ses exigences. Une ombre se faufile parmi la foule, un sourire, une larme, etc. Chacun suit son destin. Nous n'avons plus qu'à souhaiter une bonne continuation à Mme Sabeha Kissarli.