Après le téléfilm Samia sur le mariage mixte algéro-français, le film cinéma La trahison qui revient sur la désertion des appelés français durant la guerre d'Algérie à travers l'histoire du sous-lieutenant Roque, qui avait sous ses ordres 400 soldats français dont 4 jeunes musulmans, le réalisateur français Philippe Faucon sort cette semaine le film Désintégration sur l'implication d'un jeune de banlieue dans le mouvement terroriste français. Interprété par le frère de Djamel Debouzze, Rashid, le film nous plonge dans une cité, dans l'agglomération lilloise. Ali, Nasser et Hamza font la connaissance de Djamel, dix ans de plus qu'eux. Aux yeux d'Ali et ses amis, Djamel apparaît comme un aîné aux propos acérés et au charisme certain. Habile manipulateur, il endoctrine peu à peu les trois garçons, connaissant mieux que quiconque leurs déceptions, leurs failles et leurs révoltes face à une société dans laquelle ils sont nés mais dont aucun des trois ne pense plus désormais faire partie. A mi-chemin entre le film français Un Prophète et le film tunisien de Nouri Bouzid Making of, ce film intervient un peu en retard, trop exploité par les médias et la télévision, notamment Canal+ qui a diffusé plusieurs reportages sur le réseau des islamistes salafistes de France. Le film passe d'un drame social en film de gang, puis en polar désespéré, puis en film noir et enfin en tragédie brûlante, encouragée par les armes blanches et froides d'un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Le dernier film de Philippe Faucon suit étape par étape le parcours de ce jeune de la banlieue qui peine, à l'issue de ses études, à trouver du travail, se décourage et se laisse embrigader dans une cellule islamiste radicale jusqu'à la perpétration d'un attentat au siège de l'OTAN à Bruxelles, avec un petit côté démonstratif qui sent bon le dossier social épluché pièce par pièce. Mais s'arrêter à cela, qui est indéniable, serait se priver de ce qui fait tout son intérêt. Avec le titre Faucon joue avec les mots et les maux. À la fois désintégré de la société laïque et française à la fois désintégré physiquement de la planète comme une vulgaire bonbonne de gaz. Pour réussir son coup, le réalisateur, qui est né au Maroc et qui a passé quelques année en Algérie où son père était militaire, a dû s'associer dans le scénario avec Mohamed Sifaoui, un journaliste algérien controversé, devenu par la force des choses un spécialiste de la mouvance islamiste en France pour avoir infiltré le réseau des salafistes des banlieues. A l'aube du 50e anniversaire de la Guerre d'Algérie, Philippe Faucon a raté une occasion de réconcilier l'histoire de l'Algérie et la France et nous offrir cette histoire dépassée sur les aventures non dites d'un Khaled Kelkal. [email protected]