Le film de Philippe Faucon reconstitue en 80 minutes le quotidien de militaires français et d'autres français de souche nord-africaine en pleine guerre d'Algérie. Une histoire à dimension humaine qui intervient dans un contexte très spécial, où, du côté et de l'autre de la Méditerranée, l'histoire de la guerre d'Algérie suscite un intérêt particulier. La salle El Mouggar a abrité samedi soir la projection en avant-première mondiale du film La trahison du réalisateur français Philippe Faucon. En présence de l'équipe du film et d'un large éventail d'artistes, notamment du monde du cinéma, la séance de projection a également été marquée par la présence de Claude Sales, journaliste écrivain et coscénariste du film. “La trahison n'est pas un film sur la guerre d'Algérie”, tient d'emblée à préciser le réalisateur du film. Largement inspiré du livre La trahison de Claude Sales, le film dépeint le quotidien des militaires français en pleine guerre d'Algérie. Coécrit par Philippe Faucon, Soraya Nini et Claude Sales, La trahison trouve sa substance dans la vie de caserne, un espace où militaires français en poste en Algérie et appelés d'origine nord-africaine (des “FSNA” : Français de souche nord-africaine) se côtoient et militent pour une cause dont ni les uns ni les autres ne sont convaincus. Un témoignage vivant de Claude Sales, qui a effectué son service entre 1957 et 1960. Le futur journaliste et écrivain, le sous-lieutenant Roque dans le film, interprété par Vincent Martinez, se retrouve entre septembre 1957 et janvier 1960 à la tête d'une trentaine de soldats chargés de patrouilles, d'embuscades et de contrôles dans une région des Hauts-Plateaux. La section qu'il dirige comprend en outre quatre recrues des appelés d'origine nord-africaine (des “FSNA” : Français de souche nord-africaine), comme le caporal Taïeb, Ahmed Berrahma, dont il apprécie la compagnie. Tenaillé entre une population locale soumise à la répression et à la torture, et des soldats dont il doit entretenir le moral tout en maintenant sa vigilance, le sous-lieutenant Roque doit en plus faire face aux problèmes internes au sein de sa section. Ses subordonnés musulmans sont soupçonnés de trahison. Et c'est là toute la force du film de Philippe Faucon, qui, malgré certaines lenteurs, décrit parfaitement le profil psychologique aussi bien des militaires français, qui agissent par devoir même s'ils désapprouvent la torture et le dépeuplement des populations, que celui des appelés musulmans lacérés par un sentiment de culpabilité et de trahison envers leur pays et les leurs (taxés de harkis) qu'à l'égard de leurs compagnons (français) avec lesquels ils partagent leur quotidien. La trahison met en relief le personnage du lieutenant Roque qui ne sait quelle attitude adopter face aux accusations qui sont portées contre ses subordonnés musulmans dont il se sens proche. Entre le devoir patriotique et le sentiment d'injustice, le film trouve toute sa signification. Le film, une coproduction franco-belge, tourné entièrement à Boussaâda, La trahison met en vedette de jeunes acteurs français et algériens, notamment Vincent Martinez (absent lors de l'avant-première), Cyril Troley, Ahmed Berrhama, Walid Bouzham, Mehdi Yacef, Jean-Michel Vovk. Une véritable histoire humaine qui replace la guerre d'Algérie dans un contexte psychologique et fait la lumière sur le quotidien des militaires et des appelés musulmans au sein de l'armée française. W. L.