Il est le maître des chebs Khaled, Mami et autre défunt Hasni. Contrairement aux fans de la chanson «Rai», qui draine foule dans la jeunesse surtout, Blaoui el Houari, précurseur de la chanson bédouine et autres chansons oranaises, attire beaucoup plus, d'autres catégories de personnes adultes, esprits analytiques et adeptes de la noblesse artistique en tant que «facteur éducateur» qui tire la culture du peuple vers le haut. Ils sont invités ou venus spontanément à l'hommage qui lui a été rendu la soirée du jeudi dernier à la salle de cinéma Ibn Zeydoun à Ryad el Feth à Alger. Ce chantre de la chanson oranaise, s'est retrouvé pleinement devant son public et ses admirateurs de la génération post-indépendance, lequel mérite hommage et respect. A l'âge de 86 ans, cet artiste modèle de l'ouest du pays et qui a commencé à chanter dès l'âge de 14 ans, Blaoui el Houari, a gratifié le grand public d'un cocktail de chansons tube de son répertoire, et il est très difficile d'oublier cette merveilleuse soirée qui rappelle des décennies d'années de révolte et de lutte du peuple algérien pour sa liberté, son indépendance et sa dignité humaine. Lahmam «le Pigeon», «Ecoute!», «Zabana» en hommage au martyr de la Révolution algérienne qui a ouvert la liste des guillotinés durant la guerre de Libération nationale et autres chansons, sont quelques-uns de ses titres qu'il a rappelés au grand public qui l'écoutait religieusement. Lors de sa prestation, à aucun moment nous n'avons senti qu'il dépassait les 80 ans face à une salle presque pleine et en présence des ministres de la Culture et de la Communication, Mme Khalida Toumi et Nacer Mehal et autres membres de sa famille et élèves de son école. Véritable trésor caché ou inconnu de la génération post-Indépendance surtout, le compositeur des Chebs Khaled, Mami, le défunt Hasni et autres artistes, est à l'origine d'une révolution culturelle et artistique, les uns ont suivi, respecté et honoré le chant oranais, et d'autres l'ont malheureusement terni par la médisance et la médiocrité. Secondé par deux jeunes chanteurs de talent qui l'ont valorisé à savoir Samia Benabi et Houari Oulhaci qui ont rinterprété quelques chansons du répertoire avec brio, ces deux jeunes artistes modestes par leur simplicité et leur comportement sur scène, peuvent constituer la relève des maîtres de la chanson oranaise. Deux autres artistes qui ont tenu à participer à cet hommage, en l'occurrence Baroudi Benkhedda et Houari Benchenet qui a dit dans son poème et chanson que Blaoui el Houari et Ahmed Zabana ont fait ensemble la prison. Répondant au sujet de son séjour en prison avec Ahmed Zabana, et ce, rien que pour le devoir de vérité, Blaoui el Houari répond: «Nous sommes des voisins. Non, je n'ai pas fait de prison avec Ahmed Zabana», a-t-il rectifié. «Houari Benchenet ne devra-t-il pas se corriger pour l'histoire, lui qui est réputé par son sérieux?». Avant de clôturer la soirée, l'un des maîtres de la chanson oranaise aux cotés du défunt Ahmed Wahbi, Blaoui el Houari lança spontanément, «Je vous aime tous», dit-il à coeur ouvert. Longue vie l'artiste!.