Déçu des résultats ayant sanctionné les élections du 10 mai, le MNR El Islah crie, lui aussi, à la fraude, mais avoue ne pas disposer de preuves pour étayer ses arguments. Des chaises assemblées en toute hâte, un tableau poussiéreux représentant les 22 historiques, au-dessus duquel flottent, suspendus à une cordelette, de petits drapeaux aux couleurs nationales, gagnés par la crasse, c'est dans ce décor pas très réjouissant que le secrétaire général du MRN El Islah a inauguré le point de presse qu'il a animé, samedi, au siège de son parti à Alger. N'ayant pas digéré totalement le cuisant revers essuyé par l'Alliance verte aux élections législatives du 10 mai, Hamlaoui Akouchi dénonce le parti pris des autorités qui, selon lui, ont tout fait pour barrer la route au mouvement qu'il représente et favoriser, du coup, le parti unique, devenu plus hégémonique que jamais. «Le pouvoir à peur des partis islamistes et de l'Alliance verte qui constituent la seule force capable de concrétiser, dans les faits, les changements tant attendus par les Algériens. En donnant un coup de pouce au FLN, grâce à un scrutin taillé sur mesure pour lui, l'Etat a étouffé dans l'oeuf les réformes et brisé le rêve de millions de citoyens», a-t-il déclaré. Entouré de deux membres influents du parti qui n'ont pas hésité à intervenir pour appuyer ses analyses ou donner plus de précisions concernant les régions ou localités incriminées, M.Akouchi est persuadé que les élections n'ont pas été propres et que, sans la fraude, le parti unique n'aurait pas obtenu 221 sièges à l'issue de ce scrutin. «La fraude et la triche ont régné en maîtres à l'occasion du vote. C'est pourquoi nous récusons ces résultats à sens unique», a-t-il soutenu. D'ailleurs, le secrétaire général du MRN El Islah n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui a procédé, souligne-t-il, à l'annonce des résultats alors que l'opération de dépouillement n'était pas encore terminée au niveau de nombreuses wilayas ou communes. A l'en croire, on a délibérément augmenté le nombre des voix exprimées pour avantager le FLN. Citant la wilaya de Mostaganem, le conférencier a affirmé que «4000 voix ont été ajoutées en faveur de ce parti.» Visiblement très remonté contre le FLN et contre ceux qui l'ont aidé dans son entreprise, Hamlaoui Akouchi s'est dit étonné par les résultats qui ont sanctionné le scrutin, particulièrement à Sidi Bel Abbès et Tindouf où le parti mis en cause a raflé les huit sièges qui étaient mis en jeu. A une autre question sur la présence des représentants des formations politiques et des observateurs étrangers chargés de veiller au bon déroulement du vote, il a indiqué que dans plusieurs centres ou localités, ils étaient absents. A une autre question question sur les recours, il a répondu que son parti n'a rien à espérer car, selon lui, toutes les commissions qui avaient été mises sur pied pour se prononcer sur des cas de fraudes, notamment, n'ont jamais publiques leurs conclusions. «En 1997, une commission avait été mise sur pied pour faire la lumière sur des cas de fraudes dénoncés par certaines formations politiques, mais ladite commission n'a jamais rendu publiques les conclusions de son rapport.» Sur un ton ironique, il a précisé qu' «à chaque fois que l'on évoque des cas de fraude, on nous invite à présenter des preuves». Au cours de son intervention, Hamlaoui Akouchi a mis en garde le FLN, en indiquant qu'il a hérité d'un cadeau empoisonné et qu'il a tout intérêt à méditer sur le piège qu'on lui a tendu et qu'il se trouvait dans la même situation que les partis qui étaient au pouvoir en Egypte et en Tunisie avant le printemps arabe qui les avait emportés.