Attendue avec impatience, la dernière production de Steven Spielberg «A.I.» divise la critique entre ceux qui y voient «un grand film d'auteur» et «l'un des chefs-d'oeuvre de Spielberg» et ceux qui regrettent le «soufflé dégoulinant de sentimentalisme qui provoque un haut le coeur». A sa sortie américaine, au début de l'été, le film n'a recueilli que 78 millions de dollars, ce qui est surprenant pour cet habitué des records au box-office. A.I. est une fable futuriste. Ça se passe après une fonte des neiges qui a dévasté la planète. Des ressources naturelles amoindries, les hommes ont recours à un contrôle des naissances draconien, et utilisent des robots, des «mécas» faits à leur image pour les aider. Henry (Sam Kobard) et Monica Swinton (Frances O'Connor) décident d'adopter une machine pour remplacer leur fils Martin, malade et cryogénisé. Le superjouet s'appelle David. Le personnage est interprété par la star en herbe, Haley Joël Osment, 13 ans, révélé dans Le sixième sens aux côtés de Bruce Willis. David a été créé par le professeur Hobby (William Hurt), un savant qui voulait faire de lui une machine capable d'éprouver des sentiments. Peu à peu, il devient l'enfant chéri des Swinton, mais le retour de Martin bouleverse sa quiétude, lui qui rêvait désespérément de devenir humain pour être aimé de sa mère adoptive. L'enfant légitime n'a qu'une idée en tête: se débarrasser de l'usurpateur. Chassé David, la machine, connaît la douleur du rejet et la peur des «Orgas», des hommes qui envoient à la ferraille les « mécas » cassés. Dans sa fuite, il rencontre Gigolo Joe (Jude Law), une machine dont la fonction est de satisfaire les désirs des dames. Pris, les deux errants seront envoyés dans une arène, où les humains se chargent, dans de violents et barbares combats, de les supplicier. Ce qui reste du film sombre dans un sentimentalisme qui n'a manifestement pas été du goût du public américain. Deux heures trente, à grands coups d'effets spéciaux, le film revient sur l'homme qui se prend pour Dieu et la cruauté qui en résulte. A l'origine, cette production a été inspirée à Stanley Kubrick par une nouvelle d'un certain Brian Adiss, né en Angleterre en 1925. Cet écrivain prolifique a publié plus de 60 romans consacrés presque exclusivement à la science-fiction. Des jouets pour l'été, publié en 1969 et dont a été tiré le film, a coûté à Kubrick plus de vingt ans de réflexion sans que celui-ci puisse dégager un script. C'est alors qu'il est allé retrouver Spielberg pour le faire à sa place. Ce serait pour Spielberg, la première fois depuis Rencontres du troisième type, en 1977, qu'il écrit lui-même le script d'un film qu'il réalise.