Ne vous étonnez pas si un cinéaste du Tiers-monde côtoie ou travail le avec les grosses pointures hollywoodiennes, le cinéma et l'art en général étant le seul espace qui en général ne connaît pas de frontière. L'Attentat de Yasmina Khadra, l'écrivain " hégémonique" est en train d'être adapté à Hollywood et le spécialiste de l'émigration, Mahmoud Zemmouri nous apprend qu'il a un chantier avec le cinéaste, Steven Spielberg. La rencontre Zemmouri, Spielberg semble avoir mûrie. En 2006, le réalisateur et comédien algérien qui vit depuis une quarantaine d'années en France a joué un petit rôle sous la direction de Steven Spielberg dans le film " Munich " " J'y ai interprété le rôle d'un Libanais, sauf que le film, en final, faisait trois heures. Steven Spielberg l'a réduit à 2h40. Donc, je paraîs très peu dans le film. Mais j'ai passé quand même quinze jours avec Spielberg, à Malte. C'était vraiment extraordinaire ! Je n'en revenais pas en voyant les moyens que peuvent mettre les gens dans les films. Cinq cameramen, trois chefs opérateurs, une équipe de 180 personnes. J'ai ressenti à la fois un étonnement, une émotion terrible et un complexe par rapport aux moyens du film Munich (rires). Mais pour vous dire, il y a eu une espèce de feeling entre nous et il m'a dit : " Vous avez une tête tellement sympathique Mahmoud Zemmouri lors de la sortie de son dernier long métrage, " Beur, Blanc rouge". Cette collaboration et ce felling n'en sont pas restés là, puisque le cinéaste avait avoué vouloir lui envoyer son " prochain scénario sur la guerre d'Algérie ". C'était chose faite, et ce lundi à l'occasion de la projection à la salle El Mouggar et dans le cadre du ciné- club hebdomadaire de l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), de son film, " 100% arabica ", le cinéaste a annoncé qu'il préparait ce film sur la guerre d'Algérie avec Spielberg. C'est donc chose faite ! Et ce n'est pas la première fois que les cinéastes occidentaux s'intéressent à cette guerre puisque à ce sujet de nombreux films (souvent contestés) ont été montés. La guerre d'Algérie, un sujet intarissable, était surtout le thème de prédilection de nos cinéastes formés dans les pays de l'Est, mais ce que l'histoire du cinéma retient à ce jour, c'est incontestablement le film de Ponté Corvo, " la bataille d'Alger ". un film jugé aussi authentique qu'esthétique. Le feuilleton de Mustapha Badie adapté du livre " La grande maison” de Mohamed Dib est également une œuvre qui traduit de façon puissante les événements sanglants de la période colonialiste. C'est bien de faire un film avec Spielberg habitué aux moyens colossaux, mais issus de différentes cultures, Zemmouri et son compère arriveront-ils à s'entendre sur un minimum ? les images nous le diront dans quelques années certainement. Né en 1946 à Boufarik et établi en France depuis 1968, Mahmoud Zemmouri s'est fait connaître avec “Prends dix mille balles et casse-toi” qui épinglait la loi Stoléru (octroi d'une aide au retour de 10 000 F pour tout travailleur immigré désireux de quitter la France) et abordait, avec un humour un rien provocateur, les réactions de jeunes gens nés en France au contact du pays de leurs parents. Depuis, Mahmoud Zemmouri a tenté deux autres films dans la même veine, avant d'adapter au cinéma, dans un registre plus grave, “L'Honneur de la tribu”, le roman de Rachid Mimouni paru en 1989 aux éditions Robert Laffont. Dix ans après “100% Arabica”, le premier film de Mahmoud Zemmouri a être entièrement tourné en France, “Beur, blanc rouge” l'a été pour moitié en Algérie. Rebouh.H