Son refus de parapher la convention de Rome, l'état d'urgence en vigueur à Alger, les dispositions liberticides contenues dans la nouvelle loi sur les associations, la non-ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, la non-abrogation des dispositions législatives criminalisant le droit à la liberté religieuse, l'absence de la liberté de la presse, sont autant de griefs rappelés par Washington et plusieurs pays de l'UE à l'encontre de l'Algérie. Faciliter la visite des rapporteurs de l'ONU dont le rapporteur spécial contre la torture et la protection des droits de l'homme dans le cadre de la lutte antiterroriste, le droit de l'enfant et l'amélioration de la situation de la femme, sont également mis en avant à l'issue du débat sur le rapport des droits de l'homme présenté par le gouvernement algérien au Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Si l'ensemble de ces points ont été déjà soulevés sur le plan interne par plusieurs associations et partis politiques, il n'en demeure pas moins que certains observateurs estiment que «ce rappel à l'ordre tranche avec le soutien solennel apporté par tous les pays occidentaux aux réformes initiées par les pouvoirs publics y compris l'aval des observateurs issus de ces même pays aux dernières élections législatives, contestées par la majorité des partis politiques». En outre, le choix du timing pour presser le gouvernement algérien à répondre aux recommandations avant l'élection présidentielle de 2014, «n'est pas fortuit», soutiennent-ils encore. Le Conseil de sécurité a adopté une série de 112 nouvelles recommandations appelant le gouvernement algérien à parapher entre autres, la convention de Rome portant statut de la Cour pénale internationale (CPI), et les traités internationaux des droits de l'homme et lever l'état d'urgence en vigueur dans la capitale. Le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de réunion pacifique et d'association épingle aussi l'Algérie «sur le retour en arrière dans le domaine de la liberté d'association». «Alors que le printemps arabe invite à un élargissement de la place octroyée à la société civile, il est tout à fait regrettable que l'Algérie se singularise par un retour en arrière dans le domaine de la liberté d'association, en limitant plus rigoureusement le périmètre d'action ou l'accès au financement des associations», a affirmé Maina Kiai dans un communiqué. Pour rappel, instauré le 9 février 1992 pour des raisons sécuritaires et contrer menace et insurrection du FIS dissous, l'état d'urgence reposait sur les dispositions d'interdiction des manifestations. Aucun rassemblement, manifestation, ou réunion d'ampleur dans une salle n'était autorisé sans l'aval du wali ou de l'administration. Ensuite, l'état d'urgence justifiait le recours à la détention provisoire sans jugement. Les autorités civiles pouvaient réquisitionner des forces militaires. La levée de l'état d'urgence est une revendication de longue date des partis algériens, qui dénonçaient une restriction importante des libertés politiques. L'état d'urgence empêche d'autre part les formations politiques et les associations de se déployer. Par ailleurs, il y a l'interdiction des manifestations, toujours maintenue dans la capitale. A ce propos le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a déclaré que «l'idée de la levée de l'état d'urgence était assez ancienne et n'a pas été prise sous la contrainte des événements qu'a connus le pays au début du mois de janvier dernier». Selon lui, la fin de l'état d'urgence faisait partie d'un plan plus global et n'est pas décidée sous la contrainte des manifestations des 12 et 19 février. Certains partis politiques ont qualifié la levée de l'état d'urgence d'«un effet d'annonce, c'est une manoeuvre, car l'état d'urgence est maintenu dans la capitale». Une mesure adoptée en 2001 après les émeutes sanglantes du printemps noir en Kabylie. En fait, rien n'a véritablement changé. Si la levée de l'état d'urgence est un symbole fort, une décision politique importante, elle a, en fait, été neutralisée par l'adoption d'une nouvelle législation antiterroriste, mise en place pour juguler la contestation, qui remet les choses en leur état antérieur.