NEW YORK - Des experts indépendants des Nations unies ont exprimé lundi leur inquiétude concernant la répression meurtrière contre des manifestants en Egypte avant les élections législatives prévues le 28 novembre, et ont exhorté les autorités égyptiennes de cesser d'user de la violence contre les manifestants. "Le droit à la liberté de réunion pacifique est un élément intrinsèque de la démocratie", a déclaré le Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d'association, Maina Kiai. "Les autorités égyptiennes doivent cesser d'utiliser la violence et entamer immédiatement un véritable dialogue national avec tous les groupes de la société. Une enquête indépendante devrait être immédiatement initiée sur les raisons de cette escalade de violence meurtrière", a-t-il ajouté. Pour sa part, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions sommaires, Christof Heyns, a affirmé que "l'usage de la force meurtrière n'est pas une option lorsqu'il s'agit de contrôler des manifestations. La contestation doit être tolérée et non pas réprimée avec une force excessive qui peut entraîner des pertes en vies humaines". "J'exhorte instamment les forces de sécurité à la plus grande retenue pour éviter une escalade de la violence et à prendre des mesures immédiates pour protéger le droit à la vie des manifestants", a-t-il ajouté. Le Rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Frank La Rue, s'est également exprimé pour soutenir que "le droit à la liberté d'expression est une pierre angulaire de la démocratie". " Comme le peuple égyptien appelle à un nouveau chapitre des réformes démocratiques, il est essentiel que les divers points de vue, y compris la critique des autorités, puissent être exprimés pacifiquement par tous", selon lui. "En ce moment historique, les autorités provisoires devraient encourager les voix plurielles à se faire entendre, y compris à travers les organisations non gouvernementales sur les droits de l'homme et les médias, notamment dans la perspective des prochaines élections législatives", a-t-il insisté. Ces experts de l'ONU ont rappelé que le gouvernement égyptien a promis en mars dernier, au cours de la révision périodique de la situation des droits de l'homme dans le pays, d'introduire un ensemble de réformes législatives qui faciliteraient l'exercice des droits à la liberté de réunion pacifique et d'association. Soulignant que les événements des derniers jours "ne montrent pas cet engagement", ils ont appelé le gouvernement égyptien "à respecter ses obligations internationales concernant les droits à la liberté de réunion pacifique et d'association et à ne pas les supprimer par tous moyens, et surtout pas par la force".