Le Coran se limite à nous retracer une seule scène de prison dans laquelle Youcef interprète les songes de ses deux compagnons de cellule, entrés en même temps que lui. Toutefois, on peut dégager certains traits sur les conditions de cette détention qui a duré plusieurs années. En récompense à son refus de céder au chantage de la femme de l'intendant, la main divine l'a comblé y compris dans les profondeurs de la prison comme elle l'avait été avec lui dans la profondeur du puits, en le consolant notamment de songes prémonitoires pour renforcer sa foi et son moral. Par son caractère et par son savoir-faire, le jeune Youcef on a profité pour prêcher la bonne parole parmi les prisonniers et les gardes lorsque les circonstances s'y prêtaient. Il était respecté de tous. Le Coran retrace cette scène en ces termes qui renferment d'abord les demandes de ses deux compagnons, suivies de la réponse de Youcef. «Ils jugèrent par la suite qu'ils devaient malgré les preuves de son innocence, le jeter en prison pour un temps.» (35) «Deux jeunes gens y entrèrent avec lui. L'un d'eux dit : Je me suis vu en songe pressant du raisin. L'autre dit à son tour: J'ai rêvé que je portais sur ma tête des pains que les oiseaux venaient picorer.» Ils demandèrent à Youcef : «Interprète pour nous ces deux rêves ! Nous voyons en toi un homme bien.» (36) Suit la réponse de Youcef en trois points. Il se fait d'abord connaître en présentant des louanges à Dieu qui lui a enseigné la science de l'interprétation du songe: «Il dit: La nourriture qui vous est attribuée ne vous parviendra pas avant que je ne vous ai donné l'explication de ces rêves. Oui avant qu'elle ne vous soit remise. L'art d'interpréter les songes fait partie de ce que Mon Seigneur m'a enseigné. En vérité, j'ai renoncé à la religion d'un peuple, d'un peuple qui ne croit point en Dieu et nie la vie future.» (37) «Je professe la religion de mes pères Abraham, Issac et Jacob. Nous ne pouvons rien associer à Dieu et c'est là une grâce accordée par Dieu à nous, comme à tous les hommes. Mais la plupart de ces derniers ne sont pas reconnaissants».(38) C'est ensuite qu'il invite ses deux compagnons à la religion de Dieu Unique, avant de leur livrer l'interprétation dans une logique parfaite: - «O compagnons de prison ! Des divinités éparses sont-elles préférables à Dieu, l'Unique, le Dominateur!» (39) Ceux que vous adorez en dehors de Lui ne sont que des noms que vous et vos ancêtres avez donnés à ce que vous avez inventé sans preuve divine à l'appui. En vérité, il appartient à Dieu seul de juger. Il a ordonné que vous n'adoriez que lui. C'est là la religion immuable. Mais les hommes pour la plupart ne le savent pas.» (40) - «O compagnons de prison ! L'un d'entre vous servira d'échanson à son maître. Quant à l'autre, il sera pendu et les oiseaux lui picoreront la tête. L'affaire sur laquelle vous m'avez consulté est ainsi décidée.» (41) «S'adressant à celui dont il avait prédit l'élargissement, il dit : Parle de moi à ton maître quand tu seras auprès de lui. Satan lui avait toutefois fait oublier de s'en souvenir. Aussi demeurera-t-il encore quelques années en prison.» Les exégètes notent du fait que Youcef s'était adressé à son compagnon plutôt qu'à son Seigneur, lui avait valu ce prolongement en prison jusqu'à ce que le roi fasse un songe et demande interprétation. (ENTV : 15 h 15/AT : 17 h 30) Vos réactions sur: [email protected]