En évoquant, le récit de sidna Youcef, je me sens personnellement à l'aise et je veux faire en profiter d'autres qu'intéresserait ma petite expérience. Pour la simple raison que je lui avais d'abord consacré un ouvrage pédagogique, publié en 2002 dans le cadre de l'année de l'Algérie en France. Je remercie ceux qui m'avaient aidé à concrétiser ce projet et d'autres, notamment mes amis Mouloud Achour et Abrous Outoudert qui présidaient la commission de lecture. Mais l'appétit vient en mangeant. D'un simple écrit de 128 pages, naquit juste après tout un scénario de plus de 300 pages pour un projet saugrenu d'un feuilleton de 30 épisodes de 13 minutes chacun. L'idée était défendable en réussissant à engager dans cette entreprise un peu nouvelle et inédite, l'ENTV qui devait enfin, au bout d'une longue péripétie, accepter de prendre en charge sa réalisation. La réalisation fut confiée à Smaïl Yazid qui dirige la boîte AV2M, connue pour avoir déjà produit l'émission religieuse Ahkem Ramadhan. Le produit fut d'une excellente qualité. Les téléspectateurs aussi bien Algériens, qu'Arabes découvrirent le meilleur des récits sur les trois chaînes durant le mois de Ramadhan 2003. Il faut dire que j'avais, le réalisateur et moi-même, ainsi que toute l'équipe, rencontré beaucoup d'aide et de compréhension. Avec un peu de volonté et peu de moyens, l'auteur, le producteur et l'artiste algériens peuvent investir un créneau qui est dominé jusque-là en long et large par nos amis de l'Orient et faire prévaloir dignement leur place et leur ingéniosité. La surprise est que le feuilleton fut primé à Manama (Bahreïn) la même année du deuxième prix de la meilleure production télévisée arabe pour les programmes religieux. Concrètement, le téléspectateur est invité à suivre le récit de Sidna Youcef à travers 30 scènes qui le composent, en s'inspirant d'une lecture structurelle de Sourate Youcef. On peut les résumer en deux parties : 1re partie : les épreuves par les difficultés au nombre de quatre : - le passage du domicile paternel au domicile de l'intendant du roi en six scènes : le songe du petit Youcef, le calcul des frères, leur ruse pour tromper leur père, Youcef mis dans un puits, la caravane sauve le jeune Youcef et enfin Youcef qui atterrit esclave chez l'intendant. - la tentation des femmes (quatre) : la femme de l'intendant, éblouie par sa beauté veut tenter le jeune Youcef qui résiste, un témoin blanchit Youcef, les femmes de la cour piégées par Zoulikha et Youcef préfère la prison à la tentation. - la prison (une) : Youcef interprète le songe de ses deux compagnons. - l'interprétation du songe du roi (quatre) 2e partie : les épreuves par l'aisance également au nombre de quatre à travers les quatre voyages de ses frères de l'Orient à l'Egypte, chaque voyage comportant un aller-retour, excepté le dernier qui n'a qu'un aller simple du fait que toute la famille est invitée à rester auprès de Youcef, devenu roi d'Egypte : - 1er voyage (deux scènes) : Il retrace la première entrée en Egypte et sur l'intendant Youcef qui reconnaît ses frères. Il leur demanda de ramener leur petit frère, Benjamin. - 2e voyage (quatre) : Youcef fabrique une ruse pour retenir Benjamin. - 3e voyage (deux) : Youcef décline son identité. - 4e et dernier (une) : Youcef reçoit ses parents et ses frères au Palais royal. Il n'y a pas de retour. Le récit proprement dit est précédé d'une petite introduction, soulignant l'origine divine de la source derrière cette révélation et annonçant le récit en le qualifiant de l'expression : “Le meilleur des récits.” (la 1re scène). Il comporte également une conclusion à l'adresse du Prophète Mohamed (Prière et Salut sur lui) pour tirer les leçons de ce récit. Le récit de Sidna Youcef dont le nom est intimement lié à la belle Zoulikha demeure avant tout une jolie histoire d'amour, unique en son genre. Toutefois le message demeure qu'un enfant de douze ans, délaissé au fond d'un puits par ses propres frères, repêché et vendu esclave, se retrouve après bien des pérégrinations, intronisé par la grâce divine roi d'Egypte. Il sauva Oum Dounia de deux maux : de la famine et de l'idolâtrie. C'est le meilleur hommage qu'en peut rendre à l'enfance déshéritée. Révélée juste après la disparition de deux êtres qui lui sont chers, sa femme Khadjidja et son oncle paternel, Abou Taleb, son protecteur et à un moment crucial de la Révélation face aux pressions et menaces des dignitaires mecquois, vers la onzième année, ce récit apporta beaucoup de conciliation au Prophète et aux compagnons, leur indiquant que la délivrance et l'ouverture étaient proches. La lecture de sourate Youcef éloigne les soucis et la tristesse et fait entrer la joie dans les cœurs. Sur un autre plan, sourate Sidna Youcef de par le contenu et la forme a été et demeure d'une inspiration infinie pour les hommes de lettres, notamment. Sa dimension universelle est établie. Ce n'est pas pour rien que nous comptons des chefs-d'œuvre monumentaux. Le récit des mille et une nuits n'est pas né du hasard. Le monde arabe et musulman compte des auteurs qui ont marqué leur temps. Chez nous, l'on retient les plus récents, notamment les Mouloud, les Kateb, Mimouni et Rédha, qui ont retracé les sentiments et les valeurs de leurs peuples et demeurent une référence. S. B. Email : [email protected]