L'étape qui suit renferme plusieurs scènes en débutant par celle de la caravane qui vint repêcher le jeune Youcef du puits non pas pour le sauver et le rendre à son père, mais pour le faire esclave et le prendre avec elle vers une destination inconnue. C'est dire que son malheur n'est pas près de finir. Heureusement que la volonté de Dieu veille sur lui dans ces moments difficiles pour récompenser son innocence et sa patience. Si le caravanier a crié sa joie en découvrant le jeune garçon qui s'était accroché au seau d'eau pour remonter à la surface, la joie de ce dernier fut de courte durée. Sauvé, certes, d'une mort certaine, en étant abandonné par ses siens au fond du puits, mais il fut vite captivé et ligoté par des étrangers au coeur encore plus dur pour le soumettre à l'esclavage le plus sauvage. C'est un moment émouvant que le Coran le décrit en ces termes. «Vint une caravane. Ses con s dépêchèrent leur ravitailleur en eau. Il y jeta son seau et dit: «Bonne nouvelle! Voici un garçon!» Ils le dissimulèrent pour le vendre telle une marchandise. Et Dieu savait bien ce qu'ils allaient faire de lui. (19) Ils le vendirent à vil prix, contre quelques pièces d'argent car ils avaient sous-estimé sa valeur.» (20) D'habitude, la scène est faite de dialogue. Cette fois-ci, elle s'est limitée à une seule exclamation de joie du ravitailleur à l'intention de ses compagnons qui accoururent pour prendre acte de la trouvaille. Le Coran ne donne pas d'autres précisions sur les conditions difficiles vécues par le jeune Youcef. Des exégètes fortement influencés par la littérature aggadique, indiquent que Youcef avait cependant été échangé plusieurs fois avant qu'il n'atterrisse dans la maison de l'intendant. Il avait été d'abord acheté par un Madyanite, nommé Malik Ben D'ar, appartenant à une peuplade sémitique de pasteurs qui envahit et occupa le nord de l'Egypte, 18 siècles avant Jésus. Il fut ensuite vendu à un Egyptien, nommé Qitfir qui le vendit à son tour à l'intendant. Il est toutefois permis de réfléchir sur cette période cruciale dans la vie de Sidna Youcef et de mesurer l'étendue de ce qu'il avait enduré. L'homme le plus beau de l'histoire de l'humanité, futur prophète de Dieu pour succéder à son père Yaâqob, encore benjamin, s'échangea ainsi de main en main en tant qu'esclave et à vil prix. C'était l'école de la vie pour partager et vivre réellement ce que vivaient à cette époque les esclaves et les gens humbles face à l'arrogance des riches et l'injustice des plus forts. Dieu a voulu sans doute placer Sidna Youcef dans cet état avant de lui ouvrir les portes de la gloire afin qu'il l'éprouve dans les difficultés et dans l'aisance. Dans les pires des cas, il a gardé sa confiance en Dieu, persuadé que son Seigneur était toujours à ses côtés pour le sauver. Combien a duré cette période de transition. Personne ne le sait. Mais si on se réfère à la parole de l'intendant qui a conseillé à sa femme de bien l'entretenir dans l'espoir de l'adopter, elle ne fut pas longue puisqu'elle révèle que Sidna Youcef était encore adolescent, comme on le verra dans la prochaine scène. Demain: Sidna Youcef dans la maison de l'intendant (Sur Entv et AT à 16h 15).