«Même à Hollywood, il est impossible de réaliser 150 films en une année!» Bachir Derraïs dans Liberté du 27 mars 2012. Au moment où l'Algérie prépare un programme spécial pour le 50e anniversaire de l'Indépendance avec la production de 100 oeuvres audiovisuelles et cinématographiques entre 2012 et 2013, on a décrypté les propos étonnants du patron du cinéma marocain et directeur général du Centre du cinéma marocain, Nour-Eddine Saïl, qui a déclaré récemment, que malgré la crise économique mondiale, le Maroc a réussi à attirer plus de 150 productions étrangères entre 2006 et 2011, drainant ainsi un investissement de 300 millions d'euros, soit une moyenne de 50 millions d'euros par an. Les chiffres c'est bien, mais où va cet argent alors? Pas dans les productions marocaines en tout cas. Ces propos interviennent dans un contexte économique et politique extrêmement difficile, où même les Espagnols, première nation productrice de films au Maroc après la France et les Etats-Unis, n'arrivent pas à honorer leurs engagements envers le Royaume chérifien. A quoi sert cette sortie médiatique? Saïl, qui est également le maître de cérémonie du Festival de Marrakech, vitrine du tourisme cinématographique du pays, a ajouté dans une interview accordée à la revue trimestrielle de la Chambre allemande de commerce et d'industrie au Maroc, qui a consacré un article à l'industrie cinématographique au Maroc, que son pays aspire à être la destination la plus convoitée en Afrique, puisqu'il dispose de studios pour tourner des superproductions, notamment à Ouarzazate qui se hisse désormais au rang de pôle international du 7e art. Il est vrai que le Maroc a su créer des opportunités importantes en matière de coproduction cinématographique, Nour-Eddine Saïl, qui regrette que l'Algérie le boycotte et qui ne l'a jamais invité pour un festival en Algérie, affirme que le Maroc a mis en place d'importantes mesures incitatives en faveur des productions étrangères, comme la simplification des procédures de dédouanement du matériel de tournage, l'assouplissement de la procédure d'importation temporaire d'armes et de munitions utilisées dans le tournage, la signature d'accords de coopération avec un grand nombre de pays et la présence du Maroc dans des festivals internationaux. Le patron du cinéma au Royaume chérifien n'oublie pas surtout de citer l'apport des Forces armées royales (FAR), de la Gendarmerie royale, de la Sûreté et des Forces auxiliaires par la mise à la disposition des producteurs des moyens humains et matériels pour le tournage de leurs films. Au demeurant, il rappelle l'apport du Maroc pour le film de Rachid Bouchareb, Indigènes, qui a représenté l'Algérie aux Oscars 2007. Une façon de dire surtout que le Maroc est plus prêt à faire des films sur la révolution que l'Algérie sur le Cinquantenaire. Nour-Eddine Sail ne se trompe pas, car la majorité des films français qui ont été réalisés sur la Guerre d'Algérie ont été tournés au Maroc, comme c'est le cas pour Ennemi intime, Djins ou encore pour la production américaine Les Centurions. Mais avec ces déclarations, Nour-Eddine Saïl, défie l'Algérie dans la production des films sur la révolution, en sous-entendant que celle-ci demeure incapable de faire des films sur le seul pays du Maghreb et d'Afrique du Nord qui a provoqué une guerre violente pour libérer son pays du colonialisme. [email protected]