«Avant la télévision, deux guerres mondiales. Après la télévision, zéro.» Anonyme Après plusieurs jours de bras de fer avec les ministères de la Culture et des Affaires étrangères, Alain de Pouzilhac, le P-DG de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), a démissionné de son poste, préférant partir avant d'être mis en minorité par un conseil d'administration et limogé. C'était prévisible pour un proche de Sarkozy. Alain de Pouzilhac qui a longtemps été poursuivi pour mauvaise gestion, paye ainsi sa position politique dans un établissement qui a été conçu comme le fer de lance de l'audiovisuel français dans le monde. Les querelles politiques entre la gauche et la droite ont eu le dessus sur cet établissement très compétitif depuis quelques années dans la région du Maghreb, du Moyen-Orient et surtout de l'Afrique. Contrairement à ce qui a été annoncé par l'agence algérienne de Media Survey et selon les très sérieux instituts TNS-Sofres, Ipsos, France 24 (tête de pont de l'AEF) est regardée chaque semaine par 43,5 millions de téléspectateurs, soit une audience hebdomadaire multipliée par quatre en trois ans. Depuis octobre 2010, la chaîne a triplé son audience au Maghreb, devenant la première chaîne française en Algérie, au Maroc et en Tunisie. En Tunisie, France 24 est même devenue la 4e chaîne la plus regardée à travers le pays. Juste après Al Jazeera, elle dépasse Al Arabiya et obtient des scores 10 fois supérieurs à France 2 et 8 fois supérieurs à TF1. Ce succès s'explique d'abord, par l'émergence d'un pôle d'information en langue arabe extrêmement compétitif sur le plan international, ensuite par le choix des débats et des reportages sur cette région très intéressante. France 24 a toujours été plus proche pour l'Algérie que France 2 ou TF1, en raison de sa proximité dans le traitement des sujets. Les reportages sont réalisés, montés et diffusés en Algérie, alors que les autres chaînes utilisent seulement la matière brute pour le traiter à sa manière à partir de Paris. Pour succéder à Alain de Pouzilhac, trois noms circulent: celui de Jean-Paul Cluzel, ex-patron de RFI, Olivier Poivre d'Arvor, patron de France culture et Marie-Christine Saragosse, actuelle présidente de TV5 Monde. Cette dernière était en Algérie il y a quelque temps et concoctait un programme spécial pour l'Algérie. Pour le moment, c'est Pierre Hanotaux, numéro deux de l'AEF, qui assure l'intérim. Ce départ d'Alain de Pouzilhac, est surtout une victoire politique pour la jeune et prometteuse ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti. Elle a assuré les promesses de François Hollande et s'inscrit «contre la fusion des rédactions entre France 24 et RFI». À cette occasion, Jean-Paul Cluzel, qui a été mandaté par le gouvernement français, a remis les conclusions de son rapport sur l'avenir du groupe qui contient France 24, RFI, Monte Carlo Doualiya et est actionnaire de TV5 Monde. Ce dernier valide en grande partie la stratégie d'Alain de Pouzilhac depuis 2008. Ce qui est sûr maintenant est que le gouvernement Hollande va calquer sa stratégie audiovisuelle sur sa stratégie politique envers l'Algérie, le tout dépendra de la visite de Bouteflika en France et de la caution de Hollande pour le candidat à la présidentielle algérienne de 2014. Wait and see. [email protected]