En ce qui les concerne, le premier semestre 2012 a été tout simplement un enfer au quotidien. Le prix du kilo de pomme de terre avait atteint les 100 dinars. Celui de la sardine s'est négocié à 400 dinars. L'Algérie veut limiter la casse. Le gouvernement fait une fixation sur la facture des importations. Sa bête noire. Sa maîtrise ne peut passer de façon pérenne que par la création d'une économie productrice de richesses qui doit signer la fin de la gestion du pays à travers la rente pétrolière. La volonté existe-t-elle? L'objectif peut-il être atteint? A défaut de mensonges, les pouvoirs publics nous livrent une grille de lecture positive de leur gestion économique qui masque mal les «ratés» de leur gouvernance. Les services des Douanes nous annoncent une baisse de 5,2% des importations globales, soit 1,2 milliard de dollars. Elles n'en ont pas moins atteint 23,1 milliards de dollars durant le premier semestre 2012, contre 24,3 milliards de dollars en 2011, pour la même période. Une addition qui reste extrêmement élevée. Elle indique surtout que les 46 milliards de l'année dernière peuvent être atteints, alors que la facture de 2008 (40 milliards de dollars) qui avait déjà constitué un record à l'époque devrait être pulvérisée. En ce qui concerne les citoyens, le premier semestre 2012 a été tout simplement un enfer au quotidien. Le prix du kilogramme de pomme de terre avait atteint les 100 dinars. Celui de la sardine s'est négocié à 400 dinars. Pour clore ce chapitre douloureux de leur existence, au jour le jour, ajoutons cette féroce flambée des prix des fruits et légumes en général, des viandes blanche et rouge, des céréales, des légumes secs (les pois chiche à 300 DA le kg) qui siphonne jusqu'au dernier de leur sou... Un calvaire pour la ménagère qui est obligéé de faire étalage de toute sa science pour ne pas revenir le couffin vide. Et que dire de cette situation qui prévaut encore pendant le mois de Ramadhan? Quelle interprétation donner aux chiffres des importations des produits alimentaires qui nous dit-on, ont baissé de plus de 11%? «Les importations algériennes de produits alimentaires ont baissé de 11,91%, passant de 4,9 mds usd à 4,3 mds usd. Cette baisse de 584 millions de dollars de la facture alimentaire est due à un recul des importations des céréales, semoules et farines (-23,1%), des laits et produits laitiers (-22,8%) et des sucres et sucreries (-14,08%)», souligne le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis) qui ne précise pas, par contre, les raisons de cette décrue qui touche des produits de consommation de base. L'Algérie veut-elle faire des économies aux dépens de la frange la plus fragile de sa population? Ces produits de première nécessité sont-ils disponibles en quantité suffisante? Le rapport des services des Douanes n'en dira pas plus. On fait comme si on voulait entretenir l'illusion que tout ne va pas si mal. Sans succès. La réalité a fini par rattraper l'économie nationale. La crise financière européenne et celle de l'économie de la planète en général l'ont sévèrement pénalisée à travers la dépréciation de la monnaie unique européenne (par rapport à la devise américaine) et le ralentissement de la croissance mondiale qui se sont répercutés sur les cours de l'or noir qui continuent de dégringoler depuis plus de trois mois. Pour plus d'objectivité et de transparence, il est nécessaire donc que les chiffres livrés par l'Office national des statistiques soient resitués dans le contexte qui prévaut au niveau de l'économie algérienne. Comment va-t-elle avec un baril à 88,50 dollars à New York (séance de mardi, Ndlr)? Pas trop bien si l'on se réfère aux remarques qui lui ont été adressées par les institutions financières nationale et internationale. «Désormais, l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril...», avait déclaré, le 1er juillet 2012, Djamel Benbelkacem, directeur conseiller à la Banque d'Algérie. «L'orientation budgétaire expansionniste de ces dernières années a rendu la situation budgétaire vulnérable. Le prix permettant d'équilibrer le budget étant aujourd'hui supérieur à 100 dollars le baril», avait prévenu, en début d'année, le Fonds monétaire international. Conclusion. L'économie nationale reste solidement chevillée à ses exportations en hydrocarbures dont elle dépend à environ 98%. Et ce n'est certainement pas l'infime baisse de la facture des importations qui y changera grand-chose...