Notre pays récolte ce qu'il a semé depuis de nombreuses années. Pour la seconde année consécutive, aucun joueur algérien ne figure dans la liste des joueurs retenus par la CAF en vue de l'attribution du titre de meilleur joueur africain pour l'année qui est en train de s'achever. Faut-il prendre cette information pour une surprise ? «Absolument» répondront ceux qui pensent avec force que la génération de joueurs dont dispose notre pays actuellement est un bon cru. En cela, ils tournent le dos à toute notion de réalisme même si le choix de la CAF prête à discussion sur au moins un cas, celui du Libyen Tarek Essaâd qui évolue en Tunisie, au CS Sfax. Il est, d'ailleurs, le seul parmi tous les nominés à jouer en Afrique. Les experts de la CAF doivent avoir de sacrées raisons pour avoir choisi ce joueur qui évolue dans un club qui n'émarge pas parmi les grands du continent et qui joue pour une équipe nationale qui n'est même pas qualifiée pour la phase finale de la CAN 2004. Sur les 23 sélectionnés, 22 jouent, donc, en dehors du continent. Ce constat est une gifle à tous les clubs africains et leur signifie que le chemin est encore long pour espérer atteindre le niveau européen. Que des clubs comme ceux d'Afrique du Sud, ceux de Tunisie (ES Tunis, ES Sahel), du Maroc (Raja, WAC) ou d'Egypte (Ahly, Zamalek), qui disposent de moyens considérables ne soient pas représentés en est la parfaite illustration. A partir de là il aurait été anormal de puiser dans notre faible championnat dont les clubs les plus huppés ne disposent ni de centre d'entraînement, ni de centre de formation et qui passent d'un jeudi à l'autre d'un terrain en gazon naturel à un autre en surface synthétique. Billal Dziri dont nul ne contestera l'expérience en tant que joueur, nous faisait un terrible aveu au lendemain de l'élimination de son club, l'USMA, de la champion's league africaine: «le championnat d'Algérie n'est plus une référence. Etre champion d'Algérie ne veut plus rien dire. C'est au niveau africain que les valeurs peuvent être estimées. L'USMA, dont tous les joueurs sont des internationaux, a été incapable d'éliminer Enymba dont aucun des joueurs ne joue avec l'équipe nationale du Nigeria». On remarquera qu'aucun des 4 demi-finalistes de la champion's league africaine n'a de représentant dans la liste de la CAF. Celle-ci s'est tournée vers l'Europe et il nous revient à l'esprit une discussion que nous avions eue avec El Hadji Diouf du Sénégal et une autre avec Joseph Antoine Bell du Cameroun. Les deux stars du football africain ont convergé sur le fait que l'élite du football continental évolue actuellement en Europe. A ce niveau-là, l'Algérie marque, également, le pas car il faut bien l'admettre nous ne disposons pas de joueurs qui jouent sous les couleurs de grands clubs européens. Les seuls qui auraient pu prétendre à une place dans la liste de la CAF sont Hemdani et Meriem de l'Olympique de Marseille et Madouni du Borussia Dortmund. Mais il s'agit-là de trois éléments qui ne se sont pas déterminés par rapport à l'équipe nationale et qui de ce fait ne pouvaient être considérés comme Algériens. D'autre part, il convient de noter que leurs clubs respectifs ne font pas partie, du moins à l'heure actuelle, du gratin du football européen. La réalité est, donc, là. Elle est cruelle mais on est forcé de l'accepter. Elle relance le débat sur la nécessité de tout revoir dans la discipline, un objectif que s'est assigné le président de la FAF, M.Mohamed Raouraoua, qui vient d'obtenir l'argent nécessaire à la refondation qu'il compte mettre à exécution. Mais l'argent ne suffit pas. L'élément humain étant le plus important, on doute qu'il puisse trouver au niveau des clubs les hommes capables de l'aider dans sa tâche. En somme c'est un travail colossal qui reste à faire. Dans cette morosité il y a, cependant, un espoir. Il tient au fait que Zineddine Zidane concourt, une nouvelle fois pour le titre de meilleur joueur de la planète. C'est un Algérien de souche qui a bénéficié de la formation d'un club français. Nous ne demandons pas des Zidane mais avec un minimum de moyens et des hommes compétents, il est possible de sortir des joueurs convenables de notre football.