Kerry Kennedy (à droite) avec Aminatou Haïdar Le mépris et l'arrogance manifestés par le Royaume chérifien contre la dignité humaine a atteint son apogée. La brutalité pratiquée par la politique secrète marocaine sur les Sahraouis vivant dans les territoires occupés par le Royaume chérifien, n'est pas un vain mot. «Pour nous, cela ne ressemblait pas à une mise en scène. ses blessures, ses hématomes et son visage exsangue semblaient bien réels», a écrit sur le site Internet américain Huffington Post, Kerry Kennedy, présidente du Centre Robert F. Kennedy (Centre RFK) pour la justice et les droits de l'homme. Après sa visite au Sahara occidental, Kerry Kennedy fait un témoignage saisissant et accablant dans lequel elle accuse ouvertement les services secrets marocains d'avoir pratiqué toutes formes de torture physique et morale sur les Sahraouis, vivant à El Ayoun. «Nous sommes ici pour une semaine [...] Nous avons eu un aperçu de ce qui se passe dès le premier jour; il en reste encore sept», a-t-elle fait noter, avant de décrire les méthodes des services de renseignements du gouvernement marocain pour contrôler les manifestations de certains activistes sahraouis, dans les territoires occupés. Les sévices subis par les femmes, les hommes dans les geôles de Sa Majesté le Roi, ont été en effet rapportés dans les témoignages de Kerry Kennedy, qu'elle vient de publier sur le site Internet américain Huffington Post. Ainsi, elle a raconté comment des hommes (barbouzes, gardiens du temple marocain) sont intervenus au moment où la fille tentait de photographier le passage à tabac de Soukaina Jed Ahlou, la présidente du Forum des femmes sahraouies. Cette pauvre victime s'est retrouvée, témoigne la présidente du Centre RFK, dans un hôpital, toute ensanglantée et meurtrie. Un hôpital que Mme Kennedy a visité lors de l'hospitalisation de la victime. «Au moment où Maria les prenait en photo, ils ont essayé de dissimuler leurs visages. Deux de ces brutes se sont mises devant les vitres de notre voiture, bloquant en partie ce que nous pouvions voir du passage à tabac», a-t-elle révélé, avant d'ajouter que le troisième d'entre eux a insulté Maria et a saisi de la main son appareil photo. Les vigiles décrits dans le témoignage de Mme Kennedy ne sont pas des inconnus pour elle et les membres de la délégation du Centre RFK. Car, a-t-elle expliqué, Aminatou Haïdar, lauréate du Prix RFK des droits de l'homme en 2008, a reconnu l'un d'eux comme étant Al Hasoni Mohamed, le même homme qui avait interpellé son fils de treize ans en lui lançant: «Je vais te violer jusqu'à ce que tu sois paralysé!» Ne s'arrêtant pas là, Mme Kennedy a soutenu qu'elle et ses collègues ont fait objet d'intimidation verbale et physique tout au long de leur périple. Le mépris et l'arrogance manifestés par le Royaume chérifien contre même la dignité humaine a atteint son comble. Cela s'explique d'ailleurs même par la colère manifestée par les Marocains contre la cérémonie d'allégeance au roi, décidément imposée. Ainsi, une cinquantaine de personnes ont manifesté samedi après-midi à Paris pour demander la fin de la cérémonie d'allégeance au roi. Un rituel qualifié par les Marocains d'archaïque qui porte atteinte à la dignité humaine. Ce faisant, les manifestants ont brandi des banderoles sur lesquelles est écrit: «Allégeance à la liberté et à la dignité» et «A bas le protocole de la servilité». C'est dire enfin que l'humiliation et la bêtise humaine au Maroc n'ont pas épargné même les Marocains.