Viendra, viendra pas? Il a fini par venir, mais en prenant à contre-pied tout le monde et plus particulièrement la presse prise de court par l'annonce impromptue et sans avertissement de la désignation du nouveau Premier ministre. Nombreux, donc, ont été les journaux qui, marris, ont constaté le ratage du scoop (de la soirée) du 3 septembre et nos confrères qui ont pu rattraper «l'info» en dernière minute se sont suffi de la dépêche de l'APS répercutée telle quelle - l'agence n'a donné l'information qu'une fois la désignation de M. Sellal annoncée au JT de 20h00 de l'Entv -. Pour leur part, les «télévisions privées» qui n'étaient pas plus au parfum que la presse écrite, ont dû naviguer pour tenter d'informer leurs téléspectateurs en temps réel. Au final et au regard de la composition donnée tard, mardi soir, par l'Entv, ces chaînes privées se sont avérées plus proches de l'événement que ne l'a été la chaîne publique. Mais à qui la faute, quand le pouvoir lui-même ne communique pas ou fait de la rétention de l'information ne la livrant qu'au compte-gouttes et souvent au dernier moment? En fait, le retard apporté à l'annonce du nouveau gouvernement a été un véritable casse-tête pour les rédactions qui se sont rabattues sur toutes les «sources» disponibles. En fait, ce n'est pas toujours évident de donner une information fiable et en temps réel. Il se trouve que ceux qui détiennent peu ou prou l'information - source principale alimentant la presse et les médias - rechignent à les partager contribuant ainsi à tenir dans l'ignorance l'opinion publique d'une part, faire commettre des «faux» à la presse, d'autre part. Il y eut à déplorer le manque de communication des pouvoirs publics et leur démarche bureaucratique dans l'annonce de faits ou d'événements qui intéressent la nation. Aussi, l'annonce du nouveau gouvernement intéressait-elle au premier chef les Algériens. Ainsi, durant ces derniers mois - depuis les législatives du 10 mai - la presse, faute d'informations crédibles, se livrait à maintes spéculations sur le futur gouvernement. Des écrits qui, dans maints cas, se sont révélés sans fondement. Spéculations d'autant plus vaines que tous savaient que la décision de nommer les ministres ou de les «libérer» appartient au seul pouvoir de décision du chef de l'Etat. Il n'en reste pas moins qu'il y a des normes usitées partout dans le monde - lorsqu'il s'agit d'un changement de gouvernement, de l'annonce d'un discours à la Nation ou toute activité entrant dans cet ordre d'idées - selon lesquelles les médias et la presse sont avertis à l'avance de se tenir prêts pour une annonce de la Présidence et/ou du gouvernement notamment. Cela permettait aux rédactions de prendre leurs dispositions afin de retarder leur bouclage pour couvrir l'événement. Cela n'a pas été fait, avec le résultat que de nombreux lecteurs n'ont pas trouvé dans leur journal de mardi «l'info» du jour: la nomination de M. Sellal à la Primature du gouvernement. Regrettable, certes! Mais qu'y peut-on y faire lorsque l'accès à l'information demeure du domaine réservé? Fallait-il recourir à la rumeur et prendre pour argent comptant les informations qui pullulaient ces derniers jours sur la Toile à propos du nouveau gouvernement? Evidemment non. Cela n'aurait pas été sérieux. Or, des informations qui s'avèrent, après coup, fausses discréditent presse et médias. Est-ce cela que l'on veut au moment où l'on annonce la future ouverture du champ médiatique aux privés? Il y a quelque part maldonne dès lors que l'opinion publique est jugée immature par les autorités qui, selon elles, n'est pas prête à recevoir une information plurielle et libérée des carcans de la bureaucratie. Comme le droit pour la presse de commenter et d'analyser en temps réel et selon ses tendances les faits de gouvernance. A l'évidence nous n'en sommes pas là. Même l'Unique a été prise dans la nasse de l'information officielle et n'a pu accomplir correctement sa mission au grand dam des professionnels de ce média «brûlé» par des concurrentes privées qui, avec des moyens du bord, ont pu suivre au plus près les péripéties de l'annonce du cabinet Sellal. Ce qui confirme que la communication officielle demeure le talon d'Achille du pouvoir. Aussi, méditons cet adage: «Après l'heure, ce n'est plus l'heure.»