«La vie n'est qu'une suite de contradictions.» Patrick Cauvin Dans tous les pays où la démocratie règne par la grâce de la transparence des urnes, du multipartisme, d ́élections propres et honnêtes et de l ́alternance au pouvoir, le peuple, par l ́immense pouvoir que lui confère la Constitution, peut reconduire, tirer un coup de semonce ou désavouer carrément une assemblée qu'il a lui-même élue. Toutes les élections ont une importance dans les régimes soumis au multipartisme et à l'alternance au pouvoir: c'est le meilleur baromètre pour savoir quelle tendance a le vent en poupe. L'assemblée élue est tenue alors de l ́exécuter dans les meilleurs délais avec les moyens que lui confèrent les lois. Le programme peut s ́étaler sur un mandat de plusieurs années selon le Code électoral. Mais le programme est constitué principalement de dispositions (des promesses) destinées à régler les principaux problèmes inventoriés auxquels se heurtent les citoyens dans leur vie quotidienne. C'est du moins ce que l'on peut retenir des discours prononcés durant une campagne électorale qui devrait mobiliser tous les citoyens soucieux d'une certaine qualité de vie. Or, voilà que se profilent chez nous dans un futur assez proche, des élections locales qui ne semblent pas préoccuper la majorité des citoyens, embourbés dans des problèmes quotidiens et laminés par une inflation galopante. Les symptômes d'une prochaine confrontation se manifestent par la multiplication des chantiers dans un environnement qui a longtemps été négligé par de fantomatiques élus: réfection de trottoirs et bitumage de rues dans des cités qui sont restées longtemps livrées à l'incurie, suppression des marchés informels, campagnes inopportunes d'hygiène (l'invasion des troupeaux de moutons d' un espace urbain non prévu pour cela remettra tout en question). Or, il semble que l'Assemblée communale détient entre les mains les clés de certains problèmes qui affectent le citoyen. La mairie, la municipalité ou l ́APC, ces vocables définissent, chacun selon, les services que peut ou doit rendre la plus petite des collectivités locales. La mairie, ou Dar el Baladia, n ́est en général que le bâtiment qui abrite les services d ́état civil et la salle de réunion des élus. Quant à la municipalité ou l ́APC, c ́est la personnalité morale qui représente les élus de la commune qui est la plus petite division administrative d ́un Etat. Evidemment, les services municipaux, tout le monde leur est redevable de l ́enregistrement de tous les actes d ́état civil: mariages, naissances, décès... Les pièces attestant de l ́état civil d ́une personne sont délivrées par les services qui tiennent les registres, les archives d ́état civil. Les actes sont attestés sur la foi du sceau de l ́officier d ́état civil qui est le maire ou le président de l ́APC ou une personne déléguée par lui. Cependant, ce n ́est qu ́une facette des nombreux attributs de l ́APC qui est censée gérer tous les problèmes quotidiens des citoyens. L ́entretien des routes, l ́enlèvement des ordures, la protection de l ́environnement, la sécurité et l ́hygiène publique forment grosso modo l ́éventail des tâches auxquelles tentent de s ́atteler les municipalités classiques dont l ́attention n ́est pas détournée par la confection de commissions spécialisées dans la distribution de lopins de terre, source de beaucoup de trafics ou d ́affichage de listes de bénéficiaires de logement qui provoquent souvent des émeutes. Le logement est, par ailleurs, le problème que ne peuvent guère résoudre ces communes dont les possibilités financières sont réduites. Les problèmes d ́adduction d ́eau et d ́électricité se font aussi avec le concours et l ́aval des municipalités. D ́autres tâches moins voyantes sont aussi du ressort des APC: création de parkings, marchés, entretien des cimetières. En un mot, la commune est créatrice de petits emplois, en général, modestement rémunérés... C'est dans cette perspective que vont se dérouler les prochaines élections locales... avec une petite différence cependant: après la refonte du Code communal survenu en 2011, le maître du jeu devient le wali qui, lui, n'est pas élu, mais désigné par le pouvoir central pour dénouer les crises qui peuvent gêner le fonctionnement d'une APC. Il y a là comme une petite contradiction...