C'est dans une ambiance conviviale sise dans un appart' d'un immeuble à Ben M'hidi qu'a eu lieu samedi le lancement du premier numéro de cette collection dédié à la création artistique dans toutes ses performances... Une première dans le paysage éditorial «Raconte-moi ta liberté», ce sont des textes mais aussi des photographies et des peintures rassemblés en un seul ouvrage collectif édité chez la désormais toute nouvelle maison d'édition qui vient s'ajouter par son talent aux grandes maisons d'édition et à qui on lui souhaite tout le succès du monde, beaucoup de courage, d'argent nécessaire et la chance pour continuer dans cette voie. Dans son premier numéro donc, à travers sa collection Guentra, Sencho après maintes péripéties a pu enfin publier ces pépites, mannes créatrices que recèle notre jeunesse assoiffée d'art, de culture et de liberté. En cette année marquée du saut de la célébration du cinquantième anniversaire de notre Indépendance et avec l'éclatement politique et changement géostratégique qui s'est opéré récemment dans le monde avec ce que l'Occident appelle communément le «printemps arabe», consacrer ce premier ouvrage au thème de la liberté coulait quasiment de source. «Ces auteurs sont de nouveaux et jeunes talents en mal de visibilité qui auront répondu à des appels à participation et auront été assujettis à des critères de sélection rigoureux. Y seront à chaque fois conviés des artistes confirmés qui adhérent à la démarche» affirme cette maison d'édition en dernière de couverture du livre, qui a travaillé d'arrache-pied et en étroite collaboration avec les concepteurs du projet un groupe de jeunes pleins de vie et d'idées pour qu'aboutisse enfin ce livre, fruit d'efforts laborieux qui a duré plus de trois ans, faut-il le noter. Dans ce livre, en y trouve ainsi pêle-mêle des textes littéraires foisonnants entre nouvelles et poésie, des textes imprimés mettant en exergue des écrits manuels (en français et arabe) des photos et autres peintures des plus originales, énigmatiques, sombres et fantaisistes. En toute évidence, la directrice de la maison d'édition insiste sur le côté esthétique de l'ouvrage comme elle l'a fait précédemment avec «Esprit bavard». Aussi sur le simple modèle de «raconte-moi une histoire», un conte classique qui se lit d'un trait et nourrit l'imaginaire arrive-t-on à s'approprier le titre de cet ouvrage placé sous le signe de la liberté dans tout le sens du terme. Cela peut évoquer aussi le fameux Dessine-moi un mouton de Saint -Exupéry dans sa conceptualisation fantastique de raconter la vie et son quotidien par des petites traces fugaces et enchanteresses et naïves. Raconte-moi ta liberté c'est tout cela à la fois et plus. De la force dialectale qui émane de l'esprit et vient sonner les cloches d'un amour pour l'art et ses pendants fantasmagoriques, existentialistes, mystiques, agrégeant et poétiques. ««Je suis plusieurs. Je suis l'autre et son désir de se libérer de cette carapace qu'est le corps. Je suis celle qui m'effraie, et celle qui me rassure.» écrit la photographe Awel Haouati, accompagnant ces clichés de photos représentant des silhouettes d'ombres évanescentes, des profils de visages surannés en mouvement. Impressions fantasmagoriques Liberté, divagation de l'esprit sur une page blanche que rien ne vient tarir si ce n'est le temps qui passe. Liberté comme un fantôme incandescent et rebelle qui amasse sa semelle pour enfanter les plus beaux discours nés sur une âme qui danse. Aux textes viennent s'adouber des images parfois subliminales et autres comme sorties du chapeau d'un magicien. Les textes se suivent, mais ne se ressemblent pas, seule cette folie et rage de dire soi-même et l'autre qui nous habite pour embellir son espace et éclairer son moi. «des lignes blanches et poudreuses écorchées par des cendres de pirates. Mais la question demeure: «qui suis-je?» se demande la poétesse Meriem Moulay in Pirates et nomades. Peut-être ceci comme l'écrit-elle si bien, «un coeur cabossé, naufragé, ravagé, Un acide corrosif. Il est consumé de liberté. Un funambule solitaire, ébréché». Un éblouissement de sens en vagabondages aussi qui part du je pour atteindre le «nous», le «vous» et «ils». La liberté c'est quelque chose de sérieux, mais une notion toute relative aussi, une denrée rare qui ne se donne pas facilement et ne s'obtient pas à tout coin de rue. Justement, pour Ismael Berkoun, dans son texte The witness, décliné en majorité en français et une petite partie en anglais «la liberté, la vraie, c'est juste de pouvoir commander un whisky dans un bar, tenu par un barman réel, en écoutant des soûlards raconter leur besogne» et la vôtre de liberté c'est quoi? Variété de regards, juxtaposition de mots et formes artistiques, dans cet ouvrage collectif, préfacé en outre par Mohamed Saïd Benmerad, il est permis ici de faire cette passerelle, non plus immobile ou figée dans le temps, mais en perpétuelle gestation d'idées, et de prendre ainsi le pouls de cette chevauchée artistique pour faire passer de l'ombre à la lumière certains artistes en herbe et d'autres confirmés. Guentra, «espace» de visibilité La liberté, dévergondage d'esprit, échappée lyrique ou jeu incongru de farfelus égocentriques? «Je me dis qu'après m'être enfin libérée de mes geôles antérieures, je me suis retrouvée à nouveau enchaînée dans une prison intérieure. Celle de son amour, celle de mon coeur. Et je consens à ne plus jamais m'en libérer» écrit dans son percutant et attachant texte Ishiboshwa, Ghizlene Burna. Confession intime, échappée sensationnelle ou révolte intellectuelle? La liberté se conjugue au pluriel et même à la colère pour Hamid Gesmi dans Aâmi Saïd pour nous embarquer dans ses questions/ hommages «Pourquoi? Pourquoi nous? Pourquoi Tahar? Pourquoi Flici? Pourquoi Liabès? Pourquoi Boucebci?». «Des gens nous ont contactés avec leur texte, photo, peinture, etc. via Internet. C'est un groupe de jeunes qui a lancé l'idée. Le nom de Guentra leur appartient. Ce sont des amoureux de l'écriture, des arts en général qui ont lancé un appel à participation en 2009. Ils ont fait une sélection, un vrai travail d'éditeur... On s'est rencontrés par hasard à la sortie d'Esprit bavard et on a entamé l'aventure ensemble, il y a un an à peu près et là, ça se concrétise. L'idée c'est l'émergence de nouveaux talents. Pour le premier volume, ils ont voulu ce thème de la liberté qui semblait évident. Il sera suivi par d'autres. On espère en sortir deux par année. C'est ma deuxième publication après Esprit bavard et je prépare le prochain Esprit bavard pour janvier. Pour l'appel à participation, on a notre page Facebook, Guentra. On annoncera les critères de participation, les délais. Les jeunes n'ont pas de supports pour montrer ce qu'ils font. C'est un peu la création de lieu non seulement pour qu'ils se rencontrent mais aussi pour que leurs produits soient visibles. Une occasion pour se faire repérer pourquoi pas par de plus grosses maisons d' édition. Ça me ferait énormément plaisir. L'arabe sera partie prenante un peu plus dans les prochains volumes.» nous a confié en aparté l'éditrice Khadija Chouit, la directrice de Sencho. Vous l'aurez compris, la collection Guentra, se veut donc une passerelle et un magnifique tremplin à la découverte d'une multitude de propositions et réalisations artistiques. Elle se présentera comme une série d'espaces dédiés à la jeunesse créative. Elle se voudra «lien» entre des auteurs/artistes connus et reconnus et de jeunes talents. Dites la bienvenue donc à Guentra!