L'arrivée hier au Caire du président iranien Mahmoud Ahmadinejad confirme une amorce de dégel entre les deux pays, qui ont rompu leurs relations diplomatiques dans la foulée de la révolution islamique iranienne de 1979. Cette visite, la première d'un président iranien sur le sol égyptien depuis plus de trente ans, fait suite à un déplacement du chef de l'Etat égyptien, l'islamiste Mohamed Morsi, le 30 août dernier à Téhéran. Ces visites croisées ont chacune pour cadre une réunion internationale, sommet des pays non-alignés pour M.Morsi, sommet des pays islamiques pour la venue de M.Ahmadinejad, signe du caractère encore prudent de ce rapprochement. L'Iran de l'ayatollah Khomeiny et l'Egypte du président Sadate ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 après les accords de paix israélo-égyptiens conclus l'année précédente et la reconnaissance de l'Etat hébreu par Le Caire. Les deux pays ne sont depuis lors représentés qu'au niveau de sections d'intérêt. L'Egypte avait, quant à elle, accordé l'asile au Chah d'Iran Mohammed Reza Pahlavi, chassé de son pays par la révolution iranienne, et pris position pour Baghdad dans la guerre Iran-Irak. Le Caire de son côté, ne cessera de protester pendant des années contre la décision de Téhéran de donner le nom de l'assassin du président Anouar al-Sadate, Khaled Islambouli, à une grande avenue de la capitale iranienne. L'ancien chef de l'Etat égyptien, Hosni Moubarak, fidèle allié des Etats-Unis, aura été un farouche adversaire de l'Iran islamiste et anti-américain tout au long de ses trente années de règne. A la tête du plus grand pays arabe, dans son immense majorité sunnite, M.Moubarak considérait la grande puissance chiite comme un danger majeur pour la stabilité au Moyen-Orient. A peine M.Moubarak parti en février 2011, l'Egypte et l'Iran donnent de premiers signaux d'une volonté de rapprochement, rapidement mise à mal par l'expulsion en mai de la même année, d'un diplomate de la section d'intérêts iraniens au Caire, accusé d'espionnage. Il faut attendre l'élection en juin 2012 de Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, pour relancer le processus avec des gestes concrets comme les visites présidentielles, sans toutefois aller jusqu'à une reprise des relations diplomatiques.