Des réseaux démantelés, des armes qui se vendent dans des marchés, dans des parcs d'attractions... Le trafic d'armes est en train de se banaliser en Algérie. L'attaque terroriste d'In Amenas en est l'exemple. Alors qu'il semblait être une simple légende, le trafic d'armes en Algérie se confirme. Les dernières saisies et le démantèlement de réseaux effectué ces dernières semaines prouvent l'ampleur qu'a pris ce trafic dans le pays. En effet, pas plus tard que dimanche dernier, les services de sécurité ont démantelé, dans la wilaya d'El Bayadh, un réseau de trafiquants spécialisé dans la commercialisation d'armes de guerre et de munitions. «Ce réseau activait à travers le territoire national», ont révélé les services de sûreté de wilaya qui sont derrière ce coup de filet. Pis encore, les investigations pour le démantèlement de ce réseau ont été déclenchées suite à l'arrestation d'une personne qui s'adonnait à la vente de munitions au niveau d'un marché hebdomadaire de la wilaya d'El Bayadh. Les armes se vendent donc dans les marchés aux côtés des fruits et légumes. Rien que ça! L'arsenal de guerre saisi donne froid dans le dos. L'opération a donné lieu à la saisie de trois fusils de chasse de fabrication étrangère, d'un vieux pistolet datant vraisemblablement de l'époque coloniale, de 1 280 cartouches, en plus d'une quantité de 1 085,1 grammes de billes destinées à charger les cartouches. Elle a aussi permis la saisie de trois ceintures militaires, une baïonnette, un sabre, trois paires de chaussures militaires. Deux jours avant ce coup de filet, un autre a été effectué à Soukh Ahras. Ce ne sont pas les seuls réseaux du genre à avoir été démantelés ces dernières semaines. A la mi-janvier, c'est à Tizi Ouzou que des trafiquants d'armes ont été arrêtés. En septembre de l'année dernière, la brigade de la Gendarmerie nationale est parvenue à déjouer une tentative de commercialisation d'un arsenal au niveau de la forêt de Aïn Sidi Chérif, à Mascara (Mostaganem). Lors du même mois, les forces de l'Armée nationale populaire, dans la région frontalière adjacente à la Libye, sont parvenues à mettre la main sur 32 armes et 14.000 munitions lors d'une opération déclenchée à proximité de Karat Alain, au sud de Djanet, dans la wilaya d'Illizi. L'année dernière, un autre réseau de trafic d'armes en provenance de Libye a été démantelé et ses membres, au nombre de sept, arrêtés. En décembre dernier, un réseau a été démantelé dans la capitale même du pays. A Ben Aknoun, dans un local commercial au niveau du parc d'attractions, 20 carabines de différentes marques et 22.500 projectiles de différents calibres ont été découverts. Avant d'atterrir dans les marchés, des armes se vendent dans des parcs d'attractions! Bref, ces derniers mois, les forces de sécurité algériennes ont réussi à faire avorter plusieurs opérations de trafic d'armes. Celui-ci est un fléau qui est en train de menacer la stabilité du pays. L'insécurité en Tunisie et les milliers d'armes qui circulent en Libye font que le trafic d'armes est en train de se banaliser dans le pays. Au début de l'année en cours, l'Algérie a ressenti les premières conséquences de ce trafic avec l'attaque du site gazier d'In Amenas. Cette attaque, qui est l'une des plus impressionnantes au monde et qui s'est déroulée non loin des frontières, a montré, à elle seule, l'ampleur que prend le trafic d'armes dans le pays. Les terroristes, qui ont mené cette attaque étaient en possession d'un véritable arsenal de guerre: six fusils-mitrailleurs (Fmpk), 21 fusils Pmak, deux fusils à lunettes, deux mortiers de 60 mm avec des roquettes, six missiles de type C5 60 mm avec rampes de lancement, deux lance-roquettes (Rpg7) avec huit roquettes, 10 grenades disposées en ceintures explosives, en plus de tenues militaires étrangères et d'un stock de munitions et d'explosifs. L'attaque de Tignentourine a donc, à elle seule, montré les conséquences des conflits au Sahel et dans le Monde arabe, sur l'Algérie...