Une militante du mouvement islamiste Hamas s'est fait exploser hier au poste de passage d'Erez à Gaza. Observant une trêve tacite depuis plus de quatre mois, le mouvement radical Hamas a revendiqué hier l'opération kamikaze réalisée par une de ses militantes, Reem Saleh Al Riyachi, qui s'est fait exploser au poste de passage d'Erez séparant la bande de Gaza de l'Etat hébreu et lieu de transition obligé pour les Palestiniens désireux travailler en Israël. Cet attentat suicide a induit la mort de quatre militaires israéliens et des blessures pour une douzaines de personnes dont des Palestiniens se trouvant à ce moment à l'intérieur du poste. Cet attentat spectaculaire est pour la première fois commis par une femme du Hamas, qui jusqu'ici n'avait utilisé que des hommes pour ce genre d'opérations. La jeune kamikaze, mère de deux enfants, une fille de trois ans et demi et un garçon de dix-huit mois, était âgée de 22 ans. Dans un communiqué conjoint, les Brigades Ezzedine Al Qassem, branche militaire de Hamas, et les Brigades des Martyrs d'Al Aqsa, proches du Fatah, ont indiqué que la kamikaze «avait fait exploser la charge qu'elle portait au milieu d'un groupe de soldats de l'ennemi qui humilient les Palestiniens chaque jour». Cette opération contre des militaires israéliens en territoires palestiniens occupés induit sans doute une nouvelle stratégie de la part de Hamas, consistant dans la poursuite de la résistance à l'intérieur des territoires occupés et contre les militaires et colons en épargnant les civils. Le fait même que Hamas se soit abstenu, depuis septembre dernier, de s'attaquer aux Israéliens, à l'intérieur des territoires ou en Israël, est indicatif du gage qu'il voulait donner sa chance à l'Autorité palestinienne, comme le désirait le Premier ministre Ahmed Qorei, de conclure un cessez-le-feu avec Israël. Toutefois, au moment où les mouvements de résistance palestiniens observaient une trêve implicite, Israël poursuivait sans relâche les assassinats ciblés comme celui commis le 25 décembre contre le chef militaire du Jihad islamique, Moqdel Hamid. L'armée israélienne récidivait le 30 décembre contre un autre chef militaire du Hamas, qui échappa par miracle à la mort. Aussi, au moment où les mouvements palestiniens ralentissaient leurs attaques contre Israël, l'armée israélienne mettait en revanche à profit ce répit pour procéder à la liquidation physique de responsables politiques et militaires de la résistance, outre les massacres perpétrés contre la population civile palestinienne et la destruction d'infrastructures administratives et des habitations de militants palestiniens. Si, aujourd'hui, il y a un retour aux opérations kamikazes, c'est bien dû au fait que le gouvernement Sharon se donne tous les droits, celui de continuer de tuer et de massacrer les Palestiniens, de construire un mur au coeur de la Cisjordanie, au moment où il exige l'arrêt des attaques anti-israéliennes, méprisant un adversaire qui lui tient tête depuis plus d'un demi siècle. La violence au Proche-Orient est d'abord le fait d'Israël qui, outre de refuser d'appliquer le principe de l'échange de la terre contre la paix, veut en revanche l'un et l'autre au détriment de la paix entre les deux communautés arabe et juive. En réalité, Sharon en fermant toutes les voies, n'a laissé aux Palestiniens que celle de résister et de se sacrifier. Ce qu'affirmait hier le chef spirituel de Hamas, le cheikh Ahmed Yassine, qui a indiqué que «cette opération confirme que tous les groupes sont prêts à coopérer pour lutter contre l'ennemi. La résistance contre l'ennemi se poursuivra tant qu'il y aura occupation». En fait, c'est Sharon qui a rallumé la violence dans les territoires palestiniens en autorisant la poursuite des assassinats ciblés.