Avec ce système cumulatif des tares, l'explosion est «imminente. Il y a un coût énorme à payer à la perpétuation du système en place, comme il y a un coût à payer au changement du système qui doit se faire par étape», a déclaré, hier à Alger, Ahmed Benbitour. A un année de la présidentielle de 2014, l'unique candidat non partisan à cette échéance importante, l'ex-chef de gouvernement Ahmed Benbitour, s'oppose ouvertement au quatrième mandat pour l'actuel locataire d'El Mouradia. Il dit également non à la révision de la Constitution et non à la manipulation des résultats de l'élection présidentielle d'avril 2014. «L'heure est grave. L'Etat défaillant glisse vers l'état de déliquescence totale», résume-t-il la situation actuelle. Nommé à la chefferie du gouvernement en décembre 1999, M. Benbitour a signé sa démission en août 2000. Actuellement les Algériens n'ont pas trente-six choix qui se présentent devant eux, car indique-t-il «soit c'est l'explosion incontrôlable, soit on devra préparer un changement pacifique à base d'un projet clair et bien défini», explique-t-il. «Lorsqu'il y a la rente, le glissement est lent ou on voit naître des maux et des fléaux sociaux, la perte des valeurs, de la moralité publique, l'utilisation de l'argent sale et de la violence comme moyens de règlement des conflits», déplore-t-il. A travers ses multiples sorties médiatiques, M.Benbitour annonce vouloir déclencher un processus de conscientisation des citoyens. Le régime en place qui s'installe dangereusement dans la «déliquescence» est qualifié de «patrimonialiste et rentier, caractérisé par le paternalisme, le statu quo politique et la prédation avec en prime l'absence de capacités régaliennes de protéger les citoyens», selon Ahmed Benbitour. Il se définit également par «l'instauration du culte de la personnalité, la centralisation de la décision entre les mains d'une poignée de personnes, l'empiètement du pouvoir, le monopole sur la communication et le veto sur l'initiative politique», dira dans son réquisitoire, Ahmed Benbitour. Cela s'ajoute à «la généralisation de la corruption», ajoute-t-il. Dans son appel à une alliance stratégique entre les forces de changement signé par Mohamed Mechati, Ahmed Benbitour et Sofiane Djilali, il est soulevé «la gravité de la situation qui est en voie de compromettre un principe fondamental de la Constitution de 1996, à savoir l'alternance au pouvoir, la paralysie et la dénaturation des institutions par l'autoritatisme et le pouvoir personnel, viol de la Constitution en 2008 et face à l'absence de solution aux crises multiples que vit le pays». Face à ce constat alarmant, un appel est lancé à tous les partis politiques, personnalités politiques indépendantes, candidats potentiels à la prochaine présidentielle ainsi que toutes les autres composantes de la société civile à la formation d'une alliance stratégique. L'objectif assigné à cette alliance est de mobiliser les citoyens pour dire non à un 4e mandat, non à l'allongement du mandat actuel, non à la révision de la loi fondamentale et non à la manipulation des résultats des élections d'avril 2014, est-il consigné dans le texte de cet appel. Interrogé sur les accusations portées contre lui par la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, qui lui a prêté un rôle d'instigateur des troubles de Ghardaïa, Ahmed Benbitour a affirmé qu'il n'accorde aucune importance aux accusations lancées par Louisa Hanoune. Pour lui, «ce sont les baltaguias qui utilisent leur immunité parlementaire pour dire n'importe quoi», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le bilan de 14 ans de règne de Abdelaziz Bouteflika est vertement critiqué par Ahmed Benbitour et Sofiane Djilali. En outre, dit-il «les 200 milliards de dollars du FRR dont on ressort comme performance à tout bout de champ, ne sont en fait, explique M.Benbitour, qu'une simple transformation de ressources non renouvelables en ressources volatiles. Ce pactole sert à financer les importations et ne sont d'aucune utilité pour le gouvernement».