Les ballons-sondes, au sujet d'un mandat de plus pour Bouteflika, lesquels se sont multipliés après les élections législatives et les locales donnant le FLN et le RND en tête, suivis de quelques “nouveaux clients", ne sont guère aux antipodes de l'idée du quatrième mandat. L'année 2013 est bien partie pour ressembler à celle de 2008 où “le débat politique" était focalisé autour d'une seule question, celle d'un nouveau mandat pour Bouteflika. Mieux, l'idée d'un quatrième mandat pour l'“homme du consensus" est aujourd'hui plus plausible, dès lors que le verrou de la Constitution limitant les mandats présidentiels à deux a été “sauté" en 2008. À moins d'une volte-face des “centres de décisions", pour reprendre l'expression chère à Louisa Hanoune, en effet, tout porte à croire qu'on va droit vers l'intronisation pour la quatrième fois de suite, une première depuis l'Indépendance, de Bouteflika à la tête de l'Etat. Ceci, quand bien même la première dame du PT, connue pour être “très proche" de Bouteflika, a laissé entendre récemment que ce dernier “ne briguera pas un quatrième mandat". Elle n'est pourtant pas du camp qui déchanterait dans le cas où Bouteflika déciderait de succéder à lui-même en avril 2014. Au contraire, elle sera parmi les premiers à défendre cette idée pour peu que le Président, qui a le plus longtemps dirigé l'Algérie, manifeste sa volonté. Le Parti des travailleurs, rappelons-le, est même contre le principe de la limitation des mandats, il revendique plutôt la “révocabilité" des élus. Parallèlement à la “magie" de Louisa Hanoune, les indices avant-coureurs du quatrième mandat sont déjà là. Au-delà des “ballons sondes", au sujet de la “faisabilité" de ce mandat de trop, qui se sont multipliés depuis le dernier quart de l'année écoulée, les résultats contestés des dernières élections successivement législatives, locales et sénatoriales donnant le FLN et le RND en tête, suivis de quelques “nouveaux clients", ne sont guère aux antipodes de l'idée du quatrième mandat. Plutôt, c'est l'expression d'un soutien préalable. Secret de Polichinelle, depuis l'arrivée de Bouteflika à la tête de l'état, en 1999, ces deux “partis-appareils" ne présentent plus de programme politique, si ce n'est de faire la promotion du programme du Président, y compris pour mener séparément leur propre campagne électorale. Et bien entendu, ce sont ces mêmes partis qui ont voté, dans les deux Chambres du Parlement, la révision partielle de la Constitution, le 12 novembre 2008, pour permettre alors à Bouteflika de briguer un troisième mandat. Mais contre toute attente, après la défection du MSP, “éjecté" de l'Alliance présidentielle, le RND d'Ahmed Ouyahia, en conseil national tenu en janvier 2010, a adopté une résolution pour limiter les mandats présidentiels à deux dans la prochaine Constitution dont la révision est annoncée dans le courant de cette année. Lors de sa conférence de presse qui suivit le CN du parti, Ouyahia, alors encore en poste de Premier ministre, a affirmé que le président Bouteflika ne briguera pas un quatrième mandat. Mieux, il a laissé entendre qu'un quatrième mandat ne servirait pas le pays. “Pensez-vous qu'un quatrième mandat rendra service à l'Algérie ?" s'est-il interrogé devant les journalistes. Si Ouyahia avait alors écarté l'existence d'une “guerre de succession" au sommet de l'Etat, il avait toutefois concédé que “le pouvoir n'est pas un cadeau qu'on cède facilement". Ceci, non sans faire part de ses ambitions de “servir l'Etat"... Pendant ce temps, la position de Abdelaziz Belkhadem est restée intacte pour appeler à chaque occasion qui se présente, à un quatrième mandat. Quant à ses ambitions personnelles, Belkhadem qui fait face ces derniers temps à un front de redressement au sein du FLN dont le président n'est autre que Bouteflika, conditionne sa candidature par celle du président de la République. “Lorsque le président de la République décidera de ne pas se représenter (à l'élection présidentielle de 2014, ndlr), posez-moi la question et je vous répondrai", se contente-t-il de répondre aux journalistes. De leur côté, les trois partis islamistes (MSP, Ennahda et El-Islah), regroupés dans l'Alliance de l'Algérie verte (AVV), appréhendent que la prochaine Constitution soit faite sur mesure rien que pour garantir un quatrième mandat à Bouteflika. Opposée à cette idée, l'AVV réclame à ce que la priorité soit donnée à la révision de la loi fondamentale dans laquelle elle compte “imposer" le principe de la limitation des mandats à deux successifs et l'instauration d'un système parlementaire. Autrement dit, les islamistes cherchent à tout prix à barrer la route à Bouteflika pour un quatrième mandat. Pour Abou Djerra Soltani, les “cercles" qui souhaitent lancer une course anticipée vers la présidentielle sont “identifiés". Une chose est sûre, la guerre des “clans" est belle et bien lancée... F A