Le candidat aux élections présidentielles de 2014, Ahmed Benbitour, et le président du parti Jil Djadid, Djilali Soufiane, ont, lors d'une rencontre-débat hier à Riad el Feth, indiqué vouloir «déclencher un processus de conscientisation de la société contre les dangers d'un quatrième mandat» du président Bouteflika. Dans un appel pour une alliance stratégique entre les forces du changement qu'ils ont cosignés, avec Mohamed Mechatti (membre des 22), mais absent à la rencontre, ils ont appelé «les forces concernées par le changement : personnalités politiques indépendantes, partis politiques, candidats potentiels aux prochaines élections présidentielles ainsi que toutes les autres composantes de la société civile, à la formation d'une alliance stratégique en vue de la réalisation de trois objectifs». Il s'agit de «mobiliser tous les citoyennes et citoyens inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants, pour dire : non à un quatrième mandat du chef de l'Etat en exercice, non à l'allongement du mandat actuel, non à la révision de la Constitution, non à la manipulation des résultats des élections présidentielles d'avril 2014». Ils visent, également, à «travailler à éviter et à contrer toute mesure possible, les dérapages prévisibles vers la violence dans la situation actuelle de gestion irresponsable des affaires publiques» et enfin à «définir un code d'honneur pour des élections présidentielles transparentes et pour l'ancrage du pays dans un système Démocratique au servie exclusif du peuple». En prenant la parole M. Benbitour a d'abord dressé les contours des Etats défaillants, en citant notamment «la centralisation des décisions, l'émiettement du pouvoir entre différents clans et la généralisation des maux, comme la corruption et le recours à la violence pour le règlement des différents». Pour lui, deux choix sont possibles : soit laisser les choses se diriger vers le chaos ou alors préparer un changement pacifique. Djilali Soufiane pour sa part s'est défendu que cette initiative soit «une position politicienne» et a fait état d'un «plan de communication discret» pour faire avancer auprès de l'opinion publique l'idée d'un quatrième mandat. Il devait citer pour cela plusieurs indices visant à accréditer cette thèse, en expliquant que sa démarche n'est pas tant de dénier au chef de l'Etat le droit d'être candidat mais, dit-il, pour autant, pour se présenter il faudrait le juger en fonction de son programme qui, lui-même, doit être basé sur son bilan des 14 années au pouvoir. D'après lui, ce bilan est négatif au regard du taux de croissance qui tourne autour de 3%, qu'il juge faible comparativement à d'autres pays comme la Turquie dont le taux avoisine les 12%, mais aussi de la dépendance des hydrocarbures pour le budget d'équipement et de fonctionnement, la dépendance de l'étranger, du chômage explosif et des systèmes éducatif et de santé catastrophiques et de la bureaucratie. Il a estimé, en outre, qu'entre le pouvoir et la population il ya un fossé, le citoyen n'a plus confiance en l'Etat, a-t-il ajouté. La cause en est, d'après lui, due en partie au fait que les élections sont truquées et que des partis à travers des postes à l'APN «achètent des parcelles de la souveraineté du pays». Interrogé sur sa réponse à la SG du PT, Louisa Hanoune, qui l'accuse de manipuler des foules à Ghardaïa, Benbitour dira : «Je n'accorde pas d'importance à ce genre de déclarations. Nous travaillons justement pour le changement du système afin d'empêcher que les gens utilisent l'immunité parlementaire pour faire des déclarations pareilles.» Enfonçant le clou, il ajoutera : «Nous voulons faire en sorte que des baltaguias n'utilisent pas l'immunité pour dire n'importe quoi.» Il plaidera d'autre part, pour la séparation de la religion de la politique. «Je précise bien, je ne suis pas contre la religion, mais contre ceux qui veulent utiliser la religion pour accaparer le pouvoir.» Interpellé enfin sur sa présence au sein du pouvoir, l'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour a affirmé : «Il faut faire la distinction entre celui qui travaille pour l'Etat et celui qui le fait pour le système ; personnellement je n'ai jamais été celui qui travaillais pour le système.» Et d'ajouter : «Je ne demande pas un poste de président de la République, mais de changer le système.» A. R.