La carte Ansej avait déjà été sortie lors des émeutes de janvier 2011. Deux ans plus tard, le résultat est dramatique. Elle n'a pas réglé le problème, mais l'a juste reporté à une date ultérieure... Le gouvernement a, encore une fois, sorti la carte de l'Ansej pour calmer la rue. En visite de travail, jeudi à Tamanrasset, Tayeb Louh a insisté sur la nécessité de veiller à accélérer le financement des projets destinés aux jeunes. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a appelé à veiller à accélérer le rythme d'étude et de financement des projets retenus par l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej). Pour Yacine Zaïd, militant des droits de l'homme et défenseur des chômeurs du Sud, «booster» l'Ansej ne servira à rien. «C'est juste un moyen pour calmer la rue en achetant la paix sociale». Il va encore plus loin en qualifiant les dispositifs Ansej, «de moyen pour corrompre les jeunes chômeurs». «L'Ansej? Pour au final quel résultat? Cela calmera pour un moment la rue, mais ne réglera nullement le problème du chômage», estime-t-il. Yacine Zaïd a-t-il tort? La réponse coule de source que non, car pareilles, mesures avaient été prises en janvier 2011, après les émeutes du sucre et de l'huile. Mais pour quel résultat? Des chômeurs qui, en un an, passe de ce statut à celui de chefs d'entreprise avant de revenir à celui de chômeur mais cette fois-ci surendetté. En effet, l'Ansej s'est transformée en dispositif de soutien aux fourgons et location de voitures. De nombreuses entreprises créées à la suite de ces prêts ont fait faillite. Un bon nombre de «traites» n'ont pas été payées et certaines ne seront jamais remboursées. L'Etat a jeté l'argent pas les fenêtres sans régler un problème qui n'a fait qu'être reporté... Rien de concret n'a donc été fait alors que l'argent déboursé aurait permis de faire énormément de choses. Les appréhensions de Yacine Zaïd sont fondées. Quelle solution préconise-t-il pour régler véritablement le problème? «La première chose qui est à la base de solution de ce problème est de discuter avec les vrais représentants des chômeurs du Sud», assure Yacine Zaïd que nous avons joint hier par téléphone. «Jusqu'à présent les autorités n'ont pas parlé avec les vrais interlocuteurs, mais avec des représentants créés de toutes pièces qui ne représentent nullement les indignés du Sud», ajoute ce militant qui n'omet pas de signaler le problème de la disparité des salaires dans les multinationales. «Il y a une discrimination flagrante. Je ne comprends pas comment des étrangers touchent dix fois le salaire d'un Algérien, alors que les deux occupent le même poste», peste-t-il. Un problème que M. Louh, avait, il y a quelques semaines évoqué. Il avait même annoncé qu'il comptait formuler des propositions pour le résoudre. En parlant de ces problèmes d'emplois, M. Louh a saisi l'opportunité de sa visite à Tamanrasset pour insister aussi sur la stricte application sur le terrain, de l'instruction du Premier ministre relative à la gestion du dossier de l'emploi dans le sud du pays. Il a ainsi demandé d'éviter les approches superficielles dans le traitement de la question de l'emploi. Il a, en outre, souligné la nécessité d'éviter «toute fausse compréhension des missions de l'Agence nationale de l'emploi qui n'est qu'un intermédiaire entre le demandeur d'emploi et l'entreprise pourvoyeuse d'emplois». Enfin, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a demandé d' «éviter toute politisation de la question de l'emploi».