Après avoir échoué pendant cinq tours de scrutin à se mettre d'accord sur un autre nom, les grands électeurs ont été contraints samedi, face à l'impasse, de faire appel à M. Napolitano, 88 ans en juin La réélection historique à la tête de l'Italie de Giorgio Napolitano ouvre la voie à une sortie de la crise politique mais met aussi cruellement en lumière l'incapacité des partis de répondre au voeu de changement exprimé par les Italiens. Après avoir échoué pendant cinq tours de scrutin à se mettre d'accord sur un autre nom, les grands électeurs ont été contraints samedi, face à l'impasse, de faire appel à M.Napolitano, 88 ans en juin, et le réélire, une première dans l'histoire de la République italienne. Depuis les législatives de fin février «huit semaines de négociations, des milliers de rencontres, coups de fil, réunions diurnes et nocturnes n'ont pas été suffisants pour mettre d'accord les partis sur un nom qui aurait la confiance de tous», relève le quotidien modéré La Stampa. «C'est un vrai désastre pour les forces politiques, mais également pour nous les citoyens qui avons vu s'aggraver en deux mois tous nos vrais problèmes, particulièrement ceux économiques et sociaux», estime son éditorialiste, Luca Ricolfile, en référence à la récession et au chômage qui ne cessent de s'aggraver dans la troisième économie de la zone euro. Pour l'éditorialiste Stefano Folli, la réélection de M.Napolitano «sur les ruines du système politique» devrait permettre la naissance d'un gouvernement «concentré sur quelques points de programme concrets». «Et cette-fois ci il sera difficile pour les partis de mettre les bâtons dans les roues car, M.Napolitano a été rappelé justement pour être l'architecte de la reconstruction et donc sa marge de manoeuvre sera plus importante que dans le passé», estime M.Folli. «Nous espérons que jamais la réélection de Giorgio Napolitano ne soit un sparadrap sur une blessure profonde, une aspirine pour abaisser la fièvre de la maladie, ou pire encore un moyen de gagner du temps et de renvoyer les problèmes», renchérit Roberto Napoletano, directeur du journal du milieu des affaires Il Sole-24 Ore. Mais, selon les analystes, il est urgent aussi d'entendre le besoin de changement exprimé par le Mouvement cinq étoiles (M5S), anti-caste politique et anti-austérité, qui a cristallisé le vote contestataire, en remportant environ un quart des voix aux dernières législatives. «Ceux qui seront appelés à gouverner commettraient une grave erreur s'ils ne cherchaient pas à donner des réponses au malaise exprimé dans la rue par les électeurs de Beppe Grillo», souligne M.Napoletano. Le M5S n'a pas voté pour M.Napolitano samedi, s'en tenant, au nom du renouveau, à son candidat, le constitutionnaliste Stefano Rodotà. Mais l'analyste Massimo Franco, Beppe Grillo, porte lui-aussi sa part responsabilité, car en s'opposant de façon radicale à toutes les propositions des autres partis, il a gaspillé une occasion historique de peser en politique. «L'ex-comédien et leader du M5S a rendu stérile la force parlementaire obtenue» lors des élections de fin février «s'enfermant dans un isolement typique d'un extrémisme qui sait détruire mais pas construire», estime M. Franco. Des milliers de partisans de Beppe Grillo ont protesté samedi soir contre l'élection de M.Napolitano et le leader du M5S devait rencontrer hier à Rome la presse et organiser une nouvelle manifestation dans le centre de la capitale. «Les événements de ces derniers jours ont démontré que la politique doit changer ou elle va exploser. C'est le moment de faire finalement toutes les choses qui jusqu'à présent ont seulement été annoncées ou énumérées», a estimé Matteo Renzi, le jeune maire de Florence, étoile montante du Parti démocrate (PD). Ce parti, dirigé jusqu'à présent par Pier Luigi Bersani, est le grand perdant de cette élection, ayant échoué à faire élire un candidat aussi prestigieux que Romano Prodi, deux fois chef du gouvernement et ancien président de la Commission européenne.