Gana perpétue parfaitement l'esprit gnaoua avec des notes rock, blues, marocain et reggae. Le collectif LiZancien a encore une fois fait danser les jeunes sous les rythmes de la musique endiablée, le gnaoua. Ainsi, mercredi dernier, LiZancien a convié les amoureux de la musique gnaoua à un concert gnaoua-reggae, du groupe Gana. Le jeune groupe Gana, connu pour son talent et sa faculté de métisser les différents genres musicaux, a donné une performance remarquable à la salle Ibn Zeydoun. Des sons et un jeu de scène mémorables ont fait retenir le souffle de plus d'un mélomane et ont fait danser la jeunesse, venue timidement, pour se laisser emporter, le temps d'un concert, au paradis lointain. Une heure durant, l'auditoire s'est enivré de délicieux rythmes dans une atmosphère à la limite du psychédélique. Le concert était une sorte d'opéra saharien où danseurs et chanteurs se donnaient la réplique et exorcisaient les démons sous un déluge de percussions. La salle Ibn Zeydoun s'est transformée en un temple vaudou, où les âmes «perdues» se sont retrouvées autour des danses plusieurs fois millénaires. La volupté de la danse, qui s'épanouit dans la transe, est un moment de symbiose entre les musiciens et le public. Ajoutez à cela, la faculté du Gana, de passer du gnaoua à la musique marocaine, de la variété internationale au blues. Tout cela n'a pas laissé les spectateurs indifférents. Ainsi, des clameurs se sont fait entendre dans la salle comme sous l'effet d'un tremblement de terre où le public planait, comme sous l'effet d'une drogue. Devenue le phénomène «folk» par excellence, la musique gnaoua fait le tour du monde, et l'on voit toutes sortes de fusions musicales basées sur les rythmes envoûtants. Mais on ne peut se limiter à l'aspect musical du gnaoua, comme on l'a déjà dit dans nos précédents articles. Le gnaoua est toute une confrérie, l'héritage africain, berbère et arabo-islamique, et puis la transe thérapeutique pratiquée dans le cadre du rite de possession. Le terme gnaoua désigne de manière générale tous les anciens esclaves d'origine africaine. Gana crée ainsi un nouveau style musical en Algérie : le gnaoua-reggae. Une fusion très moderne du gnaoua avec la musique jamaïcaine le reggae. Qui a dit que l'artiste algérien n'est pas créateur?