Malgré un retard de plus de trois quarts d'heure, Diwan Dzaïr a subjugué le public avec un concert exceptionnel mercredi dernier. Dans l'obscurité de la salle Ibn Zeydoun, le groupe Diwan Dzair a fêté la nouvelle année avant les autres avec des accords s'inspirant des rythmes et des transes gnaoua avec un métissage de grunge. Diwan Dzaïr a émerveillé, mercredi dernier, un public certes peu nombreux mais très chaleureux, adoucissant ainsi la rudesse de l'hiver avec des rythmes entraînants qui n'ont laissé personne indifférent. Sous le générique de Algerian roots, et sous les auspices de l'OREF et LiZancien, le groupe a retracé, à travers ses chants, les richesses et les racines de l'Algérie. Racines et richesses musicales et culturelles. Des sons et un jeu de scène remarquables ont fait retenir le souffle de plus d'un mélomane et ont fait danser la jeunesse venue communier en cette soirée hivernale. Comme sous l'effet d'une drogue appelée «musique gnaoua», les jeunes se sont laissés à des transports de joie loin du quotidien et du stress de la ville. Effectivement, la musique, les chants et les rythmes ont mené le public vers une introspection pour retrouver le cheminement de la plénitude et du repos spirituel. La volupté de la danse, qui s'épanouit dans la transe, est un moment de symbiose entre les musiciens et le public. Une heure durant, l'auditoire s'est enivré de délicieux rythmes dans une atmosphère à la limite du psychédélique. Le concert était une sorte d'opéra saharien où danseurs et chanteurs se donnaient la réplique et exorcisaient les démons sous un déluge de percussions. La salle d'Ibn Zeydoun ressemblait à un sanctuaire où les spectateurs se donneraient à une sorte de rituel autour des racines de l'Algérie. En s'ouvrant à d'autres cultures, Diwan Dzaïr perpétue parfaitement l'esprit gnaoua en réunissant dans un même espace des mélomanes de différents âges et conditions sociales et conciliant tradition et modernité. Le Diwan correspond à un cérémonial fortement métissé qui, grâce à sa dimension, constitue le creuset de l'amitié et de la fraternité entre les peuples du Sahara. Devenue le phénomène «folk» par excellence, la musique gnaoua fait le tour du monde, et l'on voit toutes sortes de fusions musicales basée sur ces rythmes envoûtants. Mais on ne saurait se limiter uniquement à l'aspect musical des gnaouas. Gnaoua étant un terme générique qui regroupe plusieurs aspects de la «culture» gnaoua: la confrérie, l'héritage africain, berbère et arabo-musulman, et puis la transe thérapeutique pratiquée dans le cadre du rite de possession. Le terme gnaoua désigne de manière générale tous les anciens esclaves d'origine africaine. Il faut préciser cependant qu'ils n'appartiennent pas tous à la confrérie des gnaoua. Ainsi, les soirées Babylone ont choisi de faire découvrir ce rythme aux Algérois à travers deux soirées, celles de mercredi et de jeudi.