Mohamed Seghir Babès, président du Cnes Le Cnes mobilisera son équipe pour identifier «les grandes lignes du développement socio-économique pour l'Algérie au-delà de l'horizon 2015». Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé, il y a trois jours, qu'il faut reconstituer notre tissu industriel d'antan. Le président du Cnes, Mohamed Seghir Babès, a confirmé hier, en soutenant de son côté qu'il faut rénover en profondeur les systèmes de gouvernance. L'un ne va pas sans l'autre, mais pourquoi donc ce brusque sursaut, cette offensive, en ces moments où la focalisation de l'opinion est plutôt portée sur les institutions du pays mises en mode silencieux depuis la maladie du Président? Est-ce à dire que «le rapprochement» entre les deux hommes est annonciateur d'un changement, d'un mouvement gouvernemental, d'une démission, d'une nomination ou d'une tout autre démarche? Dès aujourd'hui, Mohamed Seghir Babès mobilisera son équipe pour identifier «les grandes lignes du développement socio-économique pour l'Algérie au-delà de l'horizon 2015». C'est, en tous cas, l'objectif assigné au Forum économique et social du Cinquantenaire de l'Indépendance, prévu aujourd'hui à Alger. Organisé à l'initiative du Conseil national économique et social (Cnes), l'événement a pour objectif «de construire une plate-forme consensuelle» pour un mode de développement durable pour l'Algérie post-2015. Pas moins de 500 participants prendront part à cette rencontre saluée par de nombreux observateurs. «On ne peut que le féliciter de cette initiative qui l'oblige à remuer ses méninges dans une atmosphère pesante où malgré les efforts d'un Exécutif qui essaie de maintenir l'Algérie à flots, le temps semble être suspendu, donnant l'impression que la 'machine Algérie'' est plus que jamais grippée avec un mot d'ordre partisan», a commenté le professeur Chems Eddine Chitour dans une contribution à L'Expression, avant-hier. Les points importants sur lesquels seront axées les interventions des participants sont la recherche de moyens de satisfaire aux besoins de la population en matière d'emploi et ceux d'imprimer un rythme plus soutenu à la croissance économique, a indiqué le même responsable. Mais au fait, cela n'a pas été fait? Avons-nous encore le temps et les moyens de nous attarder sur ces questions censées être tranchées depuis longtemps, du moins à en croire le discours de nos responsables politiques! Soit, mais le Cnes ne compte pas parvenir aux résultats escomptés sans procéder au préalable à l'élaboration d'un bilan -sans complaisance- sur les efforts de développement des 50 dernières années. A travers ce bilan, l'institution du Cnes espère mettre le doigt sur tous les phénomènes bloquant la réalisation des objectifs de développement visés. La bureaucratie et la corruption seront ainsi abordées lors de cette rencontre afin de trouver les meilleurs moyens de «les dénicher», selon les termes de M.Babès. Ce n'est qu'une fois que ce travail consistant à «débusquer les multiples distorsions et dysfonctionnements» sera effectué que le cap pourra être mis sur la création des conditions d'un «nouveau modèle de croissance économique» et «la rénovation en profondeur des systèmes de gouvernance». Avec la locomotive du Cnes, les autres institutions semblent suivre la démarche. Le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Prospective et des statistiques, Bachir Messaitfa, a présidé hier, les travaux concernant la présentation du modèle de croissance économique au siège de son département. Les objectifs recherchés de cette journée consistent à développer une lisibilité à moyen terme concernant les actions à proposer dans le cadre de l'élaboration du plan quinquennal 2015-2019. Exactement les mêmes objectifs que s'est assignés le Cnes. Au niveau du gouvernement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a signifié son intérêt à l'initiative du Cnes en participant, samedi dernier, à l'ouverture des travaux de son bureau consacrés à la préparation du forum. Il reste que ces orientations sont émises dans un contexte régional caractérisé par des menaces aux frontières du pays, conjuguées à un recul de ses revenus pétroliers et une baisse «substantielle» de la balance des paiements, selon le bilan de la Banque d'Algérie. Le passage d'un modèle basé sur la distribution de la rente à un pacte de croissance réduisant cette «excessive dépendance à l'égard des hydrocarbures», est prôné, non seulement par le Cnes, mais c'est aussi un vieux disque des politiques algériens. Partant de ces constats, le Cnes annonce que cette rencontre de trois jours offre un espace de concertation pour permettre à la nation «de reprendre son souffle pour un nouvel élan». Les choses séreuses n'ont pas encore commencé pour un pays qui croule sous les pétrodollars, mais qui n'a pas assuré sa...bouffe. Pour se nourrir, l'Algérie dépend exclusivement du bateau. Pour se soigner, c'est une autre histoire.