«Le FLN 1954-1962 a réussi l'organisation de la Révolution algérienne, mais jamais il n'a permis l'unicité de la pensée algérienne», a affirmé l'historien Amer Khila. Cinquante ans après l'indépendance, l'histoire de la Révolution algérienne 1954-1962, continue de révéler des secrets inédits sur les conséquences des luttes pour le pouvoir qui ont conduit le pays au chaos de la tragédie nationale et qui a coûté la vie à plus de 200.000 victimes innocentes dans l'Algérie post-indépendante. Revenant sur la période qui a marqué l'Algérie depuis le cessez-le-feu, le 19 mars au 5 Juillet 1962, l'historien Amer Khila a touché du doigt les conflits politico-militaires qui ont marqué le passé révolutionnaire de l'ex-parti unique. «Le FLN a réussi l'organisation de la révolution, mais, il n'a pas permis l'unicité de la pensée de la Révolution algérienne, d'où le mauvais départ du pays depuis 1962», a déclaré hier, Amer Khila, historien qui est revenu longuement sur les tenants et les aboutissants de la Révolution algérienne. Le gouvernement provisoire de la République Algérienne Gpra, est entré au pays après l'indépendance, afin de surmonter les conflits d'intérêt politique et partisan, mais, «d'autres forces du commandement de l'armée à l'époque, l'ont empêché de revenir sur le terrain politique», a ajouté le conférencier qui a révélé des informations inédites. Cette conférence a été organisée au forum Echaâb avec la collaboration de l'association Machaâl Echahid à Alger afin de montrer toute la souffrance et l'engagement du peuple algérien pour l'indépendance nationale. Le conférencier a avancé qu'en plus de 1,5 million de martyrs qui sont tombés au champ d'honneur, il est très important de noter le chiffre de plus de 300.000 orphelins sans protection, pas moins de 300.000 réfugiés algériens répartis entre la Tunisie et le Maroc. Plus de 700.000 personnes des différents villages et montagnes du pays ont rejoint les différentes villes, à la recherche de la nourriture et ce, après avoir tout perdu. Le 20 mars 1962, après l'accord de cessez-le-feu, plus de 7000 Français ont quitté le pays et ce, après avoir occupé les postes de l'administration et autres secteurs de production qui auraient permis la continuité des services et répondre aux besoins des 9.000.000 d'Algériens à l'époque qui venaient de recouvrer l'indépendance nationale. M.Khila a regretté que «50 ans après l'indépendance nationale, le pays ne possède pas encore 50 mémoires qui parlent et relatent l'histoire de la guerre de Libération nationale», dit-il. De son côté, Mme Drif-Bitat, sénatrice et ancienne militante de la Zone autonome d'Alger et prisonnière de la cause nationale en France, a souligné que l'écriture de l'histoire est un long processus, à l'image de tous les acteurs de la Seconde Guerre mondiale, qui n'ont commencé à écrire leurs mémoires que dans les années 1980. «Le colonialisme français a passé 130 ans dans le pays. Donc, c'est naturel que des luttes pour le pouvoir aient lieu», tout en ajoutant que «le choc des idées politiques est une réalité dans toutes les révolutions», selon Mme Bitat. Malgré toutes les divergences politiques qu'a connues le pays à l'époque, l'objectif des acteurs de la Révolution algérienne a été atteint. Les générations actuelles et à venir doivent tirer toutes les leçons du passé afin de servir l'avenir du pays, au-dessus des luttes partisanes et claniques. «L'histoire finit toujours par rattraper les acteurs de toutes les actions politiques, militaires ou économiques», a-t-on souligné.