Cinquante-huit ans, jour pour jour, apr�s le d�clenchement, le 1er Novembre 1954, de la R�volution alg�rienne et cinquante ann�es apr�s l�ind�pendance, peu de choses est su sur cette �s�quence� de notre histoire, celle de la p�riode de la guerre 1954- 1962, l�une des plus d�vastatrices du vingti�me si�cle et, davantage encore, sur la teneur r�elle des accords d�Evian qui r�gissent toujours les relations alg�ro-fran�aises. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Tout est dans ces accords-l�, en fait, notamment dans ses clauses secr�tes qui demeurent en grande partie un myst�re bien gard� des deux c�t�s de la M�diterran�e. Pour preuve, et si depuis 2009 la classe politique en Alg�rie, la soci�t� civile et toutes les entit�s composant �la famille r�volutionnaire � chapeaut�e par le Front de lib�ration nationale ne cessent de r�clamer la �repentance et les excuses de la France pour ses crimes en Alg�rie�, personne ne s�est jamais pos� la question qui compte vraiment : pourquoi, � aucun moment, aucun responsable officiel alg�rien, Bouteflika en t�te, n�a fait sienne une telle revendication ? Oui ! les faits sont t�tus : jamais l�Alg�rie officielle n�est all�e jusque-l�, et ce, depuis Ben Bella. Depuis le 3 juillet 1962 et l�accession au pouvoir de ce dernier, convenue entre de Gaulle et Jamal Abdenacer, l�histoire de la R�volution alg�rienne est otage du clan de Oujda dont l�Alg�rie subit encore les cons�quences du putsch de 1957 avec l�assassinat de Abane Ramdane. Dans aucun manuel de l�histoire nationale il est �crit, par exemple, que les accords d�Evian stipulent, dans une clause secr�te, que les archives de ce que les Fran�ais appellent �la guerre d�Alg�rie� ne seront pas rendues publiques pour une dur�e de soixante-quinze ans � compter du 3 juillet 1962 ! Et encore : sous Sarkozy, la France allonge cette p�riode, via un d�cret non publiable, jusqu�� cent ans ! L�objectif d�une telle clause est �vident : le jour o� les archives li�es � cette p�riode de notre histoire seront � la port�e du public, aucun des acteurs physiques de la guerre et de l�apr�s-guerre imm�diat ne sera de ce monde. Beaucoup de mythes tomberont lorsqu�on saura, par exemple, que les essais nucl�aires fran�ais dans le Sahara n�ont cess� qu�apr�s la mort de Houari Boumedi�ne, ou qu�� l�ind�pendance, les statistiques confirm�es par diverses sources cr�dibles et qui �taient au c�ur m�me des �v�nements font �tat de 6 000 � 8 000 combattants de l�Arm�e de lib�ration nationale (il s�agit de l�arm�e de l�int�rieur) qui ont surv�cu � la guerre et � l�infernale machine militaire coloniale. En face, le corps de la Harka �tait compos� de 200 000 � 300 000 harkis en uniforme. Sans parler des autres collaborateurs et autres tra�tres en civil. Le peuple alg�rien qui a subi dans sa chair les atrocit�s inhumaines d�une colonisation abjecte d�abord, et qui payera un lourd tribu dans sa lutte arm�e contre une puissance mondiale, vivra un autre cauchemar durant l��t� 1962 lorsque les troupes de Houari Boumedi�ne et de Ben Bella, stationn�es en Tunisie, font route vers Alger. Un assaut contre l�arm�e de l�int�rieur sortie exsangue de huit ann�es d�une terrible guerre et qui n�a pu faire face � l�armada de Boumedi�ne et de Ben Bella. C��tait le d�but de ce que Ferhat Abbas appellera �l�ind�pendance confisqu�e�. K. A.
Le retour d�exigence de reconnaissance du crime colonial fran�ais Reconnaissance du crime colonial en Alg�rie par la France, ni la repentance ou encore moins la r�conciliation historique ne sont pour demain. D�aucuns pensaient que la reconnaissance en octobre dernier par le pr�sident Fran�ois Hollande des massacres commis par la France le 17 Octobre 1961 sur des milliers d�Alg�riens � Paris �tait un geste d�une tr�s grande port�e qui allait apaiser les relations entre les deux pays, contribuer � tourner la page d�exigence de la reconnaissance de crimes coloniaux perp�tr�s par la France en Alg�rie et faciliter les discussions entre les deux parties lors de la visite d�Etat en Alg�rie, d�but d�cembre, du pr�sident Hollande. C��tait compter sans la sortie, � deux jours de la c�l�bration du 1er Novembre 1954, de Mohamed- Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine, qui vient de rappeler que les Alg�riens veulent une �reconnaissance franche des crimes perp�tr�s � leur encontre� et sans une d�claration pr�c�dente, celle de Farouk Ksentini, pr�sident de la Commission des droits de l�homme, plus tranch�e encore, demandant � la France de se repentir. La pression est l�, le lourd pass� colonial s�invite non seulement au d�bat mais il vient perturber l�image idyllique d�un ciel sans nuages que beaucoup se sont pr�cipit�s � dessiner apr�s la d�claration de Hollande sur les massacres du 17 Octobre. La comm�moration du 58e anniversaire du d�clenchement de la guerre d�Alg�rie � le 1er Novembre 1954 � offre naturellement l�occasion de rappeler que les Alg�riens se sont alors engag�s dans la d�colonisation de leur pays, la plus longue et la plus meurtri�re d�colonisation � travers le monde. Ces meurtres sont loin d��tre reconnus par l�Etat colonial qui les a perp�tr�s et qui a attendu 1999, soit 45 ans apr�s son d�clenchement, pour que le terme appropri� de guerre d�Alg�rie soit reconnu par la France qui la qualifiait jusque-l� d��v�nements. Gauche ou droite successivement au pouvoir en France faisaient la sourde oreille jusqu�� cette reconnaissance des massacres du 17 Octobre par Hollande. �Nous voulons comme vous, nous tourner vers le futur et essayer d�en faire un avenir de paix et de prosp�rit� pour les jeunes de nos pays�, �crivait dans une lettre, � l�occasion du 14 Juillet dernier, le pr�sident Bouteflika � son homologue fran�ais. Il ajoutait : �Il faut un examen lucide et courageux du pass�.� Comme pour lui indiquer qu�il a �t� bien entendu, Hollande, dans sa d�claration de reconnaissance des massacres du 17 Octobre, �voque pr�cis�ment ce terme de lucidit�. Mais cela est loin de ce qui �tait attendu, et Farouk Ksentini comme Cherif Abbas, alors que la r�action officielle sur la reconnaissance de Hollande promise par le ministre des Affaires �trang�res n�est toujours pas intervenue, il semble que cette r�ponse a �t� d�l�gu�e � un membre du gouvernement � le ministre des Moudjahidine � laissant ainsi une marge de man�uvre aux responsables de l�Etat pour moduler leur position en fonction de la conjoncture bilat�rale du moment. Dans sa d�claration � l�APS, Mohamed Cherif Abbas consid�re que la reconnaissance par Hollande des massacres du 17 Octobre �est d�abord politique vu la mani�re dont elle a �t� con�ue�. Le ministre des Moudjahidine ne pr�cise pas ce qu�il entend par �politique � et l�on est tent� de penser qu�il consid�re que Hollande devant arriver en Alg�rie, cette reconnaissance n�est que conjoncturelle, ou qu�elle n�a �t� consentie que pour les retomb�es �conomiques que pourrait engendrer sa visite apr�s ce positionnement. Toutes ces supputations pourraient fonctionner si l�on n�occulte pas le fait que Hollande � quand bien m�me il serait partisan, fortement convaincu des crimes coloniaux, ce qui n�a pas encore �t� totalement prouv� � est oblig� pour l�instant de ne pas trop heurter les nostalgiques de l�Alg�rie fran�aise, tellement puissants encore dans l�Hexagone. Quant aux officiels alg�riens, s�ils ne se sont pas manifest�s eux aussi �franchement�, c�est parce que ce pass� colonial non encore reconnu alimente la sc�ne politique et fait oublier quelque peu les difficult�s internes du pr�sent. La r�conciliation historique entre les deux pays n�est s�rement pas pour demain. Khedidja Baba-Ahmed [email protected] Ces Alg�riens d�origine europ�enne victimes de l�oubli Par Hassane Zerrouky En ce 58e anniversaire du d�clenchement de la guerre de Lib�ration nationale, un hommage sera rendu � ceux qui sont tomb�s pour l�ind�pendance du pays. Parmi eux, il y avait beaucoup d�Alg�riens d�origine europ�enne ou issus de la communaut� juive. Certes, depuis quelques ann�es, on comm�more la mort d�Henri Maillot, de Fernand Yveton, voire de Maurice Laban. Octobre 1988, surtout, a permis cette ouverture politique, quoique imparfaite, qui fait que depuis 1989, un tabou a �t� bris�, que dans une certaine mesure �il est interdit d�interdire �, du moins en ce qui concerne la m�moire. En effet, qui aurait imagin� en 1980, � l��poque du parti et de la pens�e uniques, que Mohamed Harbi, Dahou Djerbal, Benjamin Stora, Gilbert Meynier et d�autres universitaires ou acteurs de la guerre de Lib�ration nationale, animeraient des conf�rences � Alger sur le mouvement national ? Et quoi qu�on en pense, pas un jour ne passe sans que la presse se fasse l��cho de t�moignages et de r�cits d�acteurs du mouvement national, de comptes-rendus de d�bats sur le pass� de notre pays, qui chacun � leur mani�re, nous aide � nous approprier une part de notre histoire. C�est dans ce contexte, dans le cadre de cette chronique, je rendrai donc hommage � ces militants d�origine europ�enne en s�appuyant sur le livre Le Camp de Lodi de Natalie de Fun�s, journaliste au Nouvel Observateur. J�ai d�couvert ce livre gr�ce � l�ancien journaliste d� Alger r�publicain et ancien d�tenu de Lodi Jean-Pierre Sa�d. J�y ai d�couvert l�histoire de ces Alg�riens d�origine europ�enne dont le combat et le sacrifice pour l�ind�pendance nationale n�ont pas �t� pay�s de retour. Pas la moindre �petite� reconnaissance. Rien. De 1955 � 1960, le centre d�internement de Lodi, pr�s de M�d�a, verra passer en moyenne 150 �h�berg�s� terme officiel d�signant les prisonniers. Particularit� de ce camp : c�est le seul r�serv� aux �Europ�ens�, c�est �le camp des pieds-noirs�. L�ouvrage de Nathalie Fun�s, Le Camp de Lodi, Alg�rie 1954-1962, �claire cet aspect tout � fait m�connu de la guerre d�Alg�rie, en s�appuyant sur les archives provenant des �Archives nationales d�Outremer� d�Aix-en-Provence et sur les t�moignages d�anciens prisonniers. Enferm�s de fa�on arbitraire, sur simple arr�t� pr�fectoral, sans motif d�inculpation, sans proc�s, ni jugement, ces �h�berg�s� s�entassent dans des conditions �pouvantables de surpopulation qu�ils d�nonceront � maintes reprises dans des p�titions et lettres aux ministres qui ne sortiront �videmment jamais du camp. Qui sont-ils ? Des militants communistes d�s l�automne 1956, comme Ren� Justrabo, ancien maire de Sidi-Bel-Abb�s et ex-repr�sentant de l�Assembl�e alg�rienne, ou comme les fr�res Meyer et Gabriel Timsit qui, ayant �cop� d�un an avec sursis, resteront trois ans � Lodi. Ou encore Jean Farrugia, arr�t� apr�s avoir particip� au d�tournement des armes d�Henri Maillot, �l�op�ration la plus symbolique de l�entr�e en guerre, Henri Alleg juste apr�s avoir subi �la question�, des pieds-noirs ind�pendantistes �, �crit l�auteure. Ou notre ami Maurice Baglioto dit Momo. Et nombreux sont ceux parmi les prisonniers, qui, comme Farrugia, ont d�j� connu les camps nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Mais Lodi verra arriver aussi les fr�res Perles, toute la famille (le p�re, la m�re, les quatre s�urs et les deux plus jeunes fr�res) arr�t�e une nuit de 1957 � El-Harrach par les paras de Bigeard alors que seul l�a�n�, Roger, membre du PCA (Parti communiste alg�rien), militait, et qui resteront au camp jusqu�en 1960. La gr�ve g�n�rale du 28 janvier 1957, suivie par les �h�berg�s�, marquera un durcissement des conditions de d�tention � Lodi. Les prisonniers seront priv�s de tout contact avec l�ext�rieur, ils ne pourront plus voir leurs avocats. Quand ils les verront arriver en f�vrier 1957, ce ne sera pas pour s�occuper de leurs dossiers mais parce qu�ils viendront grossir les rangs des d�tenus. Ainsi, Albert Smadja et Elie Guedj ne seront lib�r�s qu�en 1958. Dans le camp, les prisonniers s�organisent. Et quand le 13 mai 1958, � Alger, la foule europ�enne men�e par les Lagaillarde, Ortiz, Susini, hurle �Tous � Lodi ! Tous � Lodi !� pour faire la peau � ces �tra�tres�, les d�tenus fabriquent � l�insu des gardiens toutes sortes d�armes artisanales, d�cid�s � vendre ch�rement leur peau ! Nathalie Fun�s relate les itin�raires individuels de ces hommes de toutes conditions qu�un m�me engagement anticolonialiste va amener � subir l�arbitraire, la r�pression, la torture. �Le moral n�est pas bon�, �crit l�auteure jusqu�� ce jour de mars 1958 o� �ils avaient assist� � un combat (�) comme dans un film en technicolor � entre l�ALN et l�arm�e fran�aise. Au grand dam du directeur du camp d�plorant dans un rapport transmis � ses sup�rieurs que la plupart des d�tenus s��taient �r�jouis� de voir un avion abattu par l�ALN s��crasant juste devant les barbel�s entourant le camp. A l�ind�pendance, apr�s le coup d�Etat du 19 juin 1965, la plupart d�entre eux, � qui la nationalit� alg�rienne n�avait pas �t� accord�e d�office, sont interpell�s et expuls�s vers la France ! Voil� comment ces fils de la terre alg�rienne ont �t� remerci�s ! H. Z. Nathalie Fun�s, Le Camp de Lodi, Alg�rie 1954-1962. Ed. Stock. Paris. ILS S�AFFRANCHISSENT DE PLUS EN PLUS DE L�HISTOIRE OFFICIELLE Les Alg�riens fiers Elle est loin, de plus en plus loin, l��poque, cette triste �poque, o� des lyc�ens bien de chez nous �taient sortis dans la rue pour revendiquer leur dispense des cours d�histoire. Un acte qui constituait, en fait, le summum du d�sint�r�t, voire de l�aversion des g�n�rations, notamment post-ind�pendance, pour leur pass�. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Un pass� tout ce qu�il y a pourtant d�aussi glorieux et l�gendaire qui, � force d��tre tritur� et fossoy� par les partisans de la 25e heure, a fini par �tre perverti et produire au bout, l�exact effet inverse chez les populations, m�me contemporaines de ces hauts faits de bravoure et de supr�me sacrifice pour la m�re-patrie. Ne dit-on pas qu�� force de sacraliser le pass�, on compromet le pr�sent et on assassine l�avenir ? Et pour ne parler que de l�Histoire de la glorieuse R�volution de Novembre 1954 dont nous f�tons, aujourd�hui, le 58e anniversaire, celle-ci a �t� tellement pervertie qu�elle a fini par ne rien signifier pour grand nombre, cinquante ann�es apr�s le recouvrement de l�ind�pendance. Mais il ne pouvait point en �tre autrement quand cette Histoire a de tout temps constitu� l�apanage exclusif du pouvoir sur laquelle il a �rig� son r�gne, contraignant au silence toute autre version qui pouvait contredire la sienne. Les jeunes Alg�riens n�ont-ils pas eu vent de l� �existence� d�A�t- Ahmed qu�� la faveur du multipartisme ayant permis la l�galisation de son parti, en 1989 ? Ces m�mes jeunes n�ont-ils pas fait connaissance d�un autre acteur du mouvement national, Mohamed Boudiaf, que lorsque ce dernier a r�pondu, une fois de plus, � l�appel de la patrie en janvier 1992 pour �tre assassin� moins de six mois plus tard ? Des t�nors aux c�t�s de bien d�autres qui n�ont eu droit qu�� une �vocation furtive dans les manuels scolaires quand ils n�y figurent tout simplement pas. Des �omissions � loin de relever du hasard car rentrant dans le sillage d�une vaste entreprise de sacralisation d�une r�volution pour mieux s�en servir � ne point s�en rassasier. Fort heureusement que certains des v�ritables acteurs de cette m�morable �pop�e, et certainement pour lib�rer leur conscience au cr�puscule de leur vie, livrent, ces derniers temps, leurs t�moignages sous forme de m�moires. Une nouvelle litt�rature qui, depuis, dame le pion � celles, classiques, avec un engouement sans pr�c�dent perceptible notamment chez les jeunes g�n�rations qui n�ont de la R�volution qu�une vague et approximative id�e. On se rappelle, fort-�-propos, de l�int�r�t qu�a suscit�, en mars 2010, le livre consacr� par Sa�d Sadi � l�un des chefs historiques de la R�volution, le Colonel Amirouche. Plus de 60 000 exemplaires ont �t� vendus en moins d�un mois et l�auteur en est actuellement � sa troisi�me �dition avec une version en arabe sur demande pressante d�un lectorat de plus en plus large, se recrutant dans les diverses couches de la soci�t�. Un ouvrage qui a, aussi, suscit�, bien d�intenses d�bats plus que toutes les autres publications qui ont vu le jour, soit avant ou apr�s. Ce qui d�note, on ne peut plus clairement, de l�int�r�t que portent les jeunes d�aujourd�hui � leur Histoire qu�ils esp�rent, enfin, d�barrass�e des pesanteurs de l�gitimit� que des �esprits� veulent � tout prix p�renniser pour �terniser leurs �acquis�. Il reste que l��dition d�di�e � l�Histoire du pays, celle rapport�e par ses v�ritables acteurs, n�est qu�� ses d�buts. Il est � esp�rer que les langues se �d�lient� de plus en plus, ce qui permettra un maximum de t�moignages et donc d��clairages � m�me de constituer la mati�re premi�re pour les historiens, appel�s t�t ou tard � s�y int�resser et s�y appesantir. M. K. NOVEMBRE � BRUXELLES, OU CES BELGES QUI ONT COMBATTU POUR L�ALG�RIE Nedjmaet le Front du Nord De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Le 1er Novembre � Bruxelles se c�l�brait, ces ann�es-l�, chez Serge Moureaux, avocat du FLN et redoutable porteur de valises. Quelques passagers clandestins de l��poque, Mohamed Boudiaf, O. Boudaoud, Ali Haroun, M. Cherif Fellidj... chez Moureaux tout y passait : armes, vrais-faux documents, pi�ces d�identit� sorties de chez Cudell, celui du Font du Nord... Situ� avenue du 11- Novembre, � quelques encablures du quartier europ�en, l�appartement, propri�t� de Serge Moureaux, collectif des avocats du FLN et redoutable porteur de valises, �tait un repaire, un nid d�ind�pendantistes, une �cache de fellaghas �, selon la police fran�aise. Y ont s�journ� Ali Haroun, Omar Boudaoud, Cherif M�ziane, Fellidj et des anonymes, v�ritables h�ros, discrets, beaucoup parmi eux sont morts depuis... De la promotion de Nejdma en passant par la repr�sentation de L�homme aux sandales de caoutchouc ou le Cadavre encercl�, la d�livrance des vrais-faux documents, l�accueil des r�sistants, l�acheminement des armes pour le FLN, la Belgique a �t� de toutes les luttes pour l�ind�pendance de l�Alg�rie. La Belgique a constitu� dans les ann�es de r�sistance (1954-1962) une v�ritable base arri�re pour le FLN. Lorsqu�on �voque la F�d�ration de France du FLN, c�est un concept op�ratoire, alors qu�en d�finitive, cette structure englobait les r�seaux suisses, allemands, su�dois, danois et, notamment, belges. Guy Cudell, d�c�d�, ex-ministre, ex-bourgmestre, ayant occup� des responsabilit�s de premier plan, ici, a �crit un ouvrage rendant hommage aux Belges, les Europ�ens qui ont soutenu l�ind�pendance de l�Alg�rie. Ils avaient toutes et tous, un seule et unique motivation : la justice. D�un mot, ils agissaient en leur �me et conscience et par principes. L�ouvrage de M. Cudell, Le Front du Nord, est un t�moignage pr�cieux, une pi�ce ma�tresse dans le dispositif anti-colonial. Lorsqu�en France, la situation devenait intenable, l��tau se resserrait autour des militants FLN, la Belgique offrait des possibilit�s r�elles de survie, d�existence politique et de continuit� de combat. Les pi�ces de th��tre de Kateb Yacine Le Cadavre encercl�, L�homme aux sandales de caoutchouc notamment �taient repr�sent�es � Bruxelles pour contourner la censure de France. Nedjma, le roman qui a �branl� l�ordre colonial, a eu sa v�ritable promotion ici. Yacine lui-m�me a s�journ� � plusieurs reprises en Belgique, en tant que militant, metteur en sc�ne ou homme de lettres. A. M. Dans les yeux des enfants� Comment les enfants d�aujourd�hui voient le 1er novembre et que repr�sente-t-il pour eux ? N�s des d�cennies plus tard, ils consid�rent que cette date est importante dans l�Histoire de l�Alg�rie. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - El�ve en 2e ann�e moyenne au CEM d�El Gharnati de A�n Benian, Katia affirme que le 1er novembre constitue le d�clenchement de la guerre de lib�ration de l�Alg�rie. Une date qu�elle a connue � travers les r�cits de ses parents bien avant l��cole. �La veille du 1er novembre, des groupes de scouts me r�veillent � minuit. Ils d�filent dans la rue au son d�une fanfare et de l�hymne national, drapeau alg�rien � la main�, raconte-t-elle. A l��cole, poursuit-elle, �j�ai appris que c�est aussi l�A�d Ethaoura (f�te de la r�volution). D�ailleurs � quelques jours du 1er novembre, le prof nous fait un cours sur cette date et nous demande de pr�parer un expos� sur l��v�nement�, se souvient-elle. Pour cette coll�gienne de 12 ans, le 1er novembre est �galement li� � des noms de chouhada et de moudjahidine. Des martyrs dont elle a d�couvert le parcours � travers les diff�rents livres qu�elle a lu sur ces h�ros de la R�volution nationale. Elle cite ainsi certains martyrs tels que Zighoud Youcef, le colonel Amirouche, Hassiba Ben Bouali et Ourida Medad. Gr�ce aux documentaires diffus�s � la t�l�vision, Katia assure qu�elle a pu enrichir ses �connaissances� sur la guerre de Lib�ration nationale et les diff�rentes dates et �v�nements mais surtout �voir les photos des nombreux martyrs et combattants�. Ag� de 14 ans, Zineddine est �galement �l�ve en 2e ann�e moyenne. Scolaris� � Dellys, cet �l�ve passe les vacances de novembre chez ses grands-parents, � Alger. Pour lui aussi, le 1er novembre est la date du d�clenchement de la guerre de Lib�ration. Mais le gar�onnet se trompe sur l�ann�e. �C�est le 1er novembre 1962�, dit-il avant que son ami Mourad rectifie : �Nonnnn, c�est le 1er novembre 1954�, lance-t-il. Pourtant Zineddine assure qu�il a pris conscience de cette date d�s son jeune �ge gr�ce � ses grands-parents. �Mon grand-p�re et ma grand-m�re m�en parlaient depuis que j��tais tout petit. A l��cole, les le�ons d�histoire reviennent chaque ann�e sur cet �v�nement de l�Histoire de l�Alg�rie�, explique-t-il. Il se rappelle ainsi des sorties qu�organisait son �cole primaire au Maqam Echahid (sanctuaire du martyr) � El Madania en ce jour symbolisant �la lib�ration du peuple alg�rien de la colonisation fran�aise �. M�me son de cloche chez son ami Mourad, �g� de 11 ans. Ses premi�res �connaissances� sur cette date proviennent de ses grands-parents. �C�est le jour du d�clenchement de la guerre de Lib�ration en 1954. Les livres que j�empruntais de la biblioth�que de l��cole m�ont permis de conna�tre d�autres �v�nements de l�histoire de la r�volution alg�rienne et les noms des martyrs et des diff�rents responsables de la guerre d�Alg�rie�, souligne-t-il. D�ailleurs, Mourad s�attelle � la pr�paration d�un expos� sur la date du 1er novembre 1954. Demand� par sa ma�tresse, ce travail doit �tre remis � la reprise des cours d�s dimanche prochain. Pour ce faire, cet �l�ve en 5e ann�e � l��cole Inb Ennass de Sidi M�hamed a consult� des livres d�histoire et collect� des informations sur ce sujet. �C�est une date tr�s importante de l�Histoire de mon pays�, dit-il. R. N. Le r�le pr�pond�rant des jeunes d�Alger Le r�le jou� par la ville d�Alger dans la pr�paration du d�clenchement de la R�volution du 1er Novembre 1954 a �t� pr�pond�rant, ont rappel�, hier, les anciens moudjahidine invit�s au forum d�El Moudjahid. Pour les intervenants, les jeunes d�Alger se sont mobilis�s pour cr�er une force et agir au bon moment pour le d�clenchement de la R�volution. F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - Alger a �t� la ville principale dans la pr�paration du 1er Novembre, ont r�affirm� les invit�s du forum d� El Moudjahid. �En 1953 et 1954, l�op�ration �tait d�j� m�re, mais sa pr�paration n�a �t� possible que gr�ce aux jeunes de la ville d�Alger. Ainsi, lors de la Seconde Guerre mondiale, un groupe de jeunes, � leur t�te Mohamed Belouizdad, avec notamment Yousfi M�hamed et M�hamed Bacha Tazir, a agi au moment qu�il fallait�, relatent les conf�renciers qui diront, par ailleurs, que chacun d�entre eux avait pris sous sa houlette un des quartiers d�Alger, en vue de sensibiliser et surtout d�encadrer les jeunes en pr�vision de la pr�paration du d�clenchement de la R�volution. Lors de cette p�riode aussi, selon les intervenants, il y a eu une grande activit�, notamment pour ce qui est de l�acquisition des armes. �En 1947, ces jeunes sont devenus une force qui a pu arriver au congr�s de 1947�, ont soulign� les conf�renciers qui ont mis l�accent sur la d�ception de ces acteurs de la R�volution lors de la crise qui a secou� le mouvement, avant que l�option de l�action arm�e ne soit retenue. �C�est � Alger que tout s�est d�cid� et la ville, avec ses groupes qui ont �t� constitu�s, �tait au rendez-vous�, ont soulign� les pr�sents. Pour sa part, Amar Bentoumi �voquera Mohamed Belouizdad qui �tait un militant de la premi�re heure d�abord au Mouvement pour le triomphe des libert�s d�mocratiques (MTLD) et enfin au Comit� r�volutionnaire d'unit� et d'action (Crua), dont le but �tait d�aller vers une action arm�e. �Toutefois, Messali Hadj a d�cid� de la tenue d�un congr�s pour ses militants et l�unit� n��tait plus possible � cette �poque�, a expliqu� Amar Bentoumi, rappelant que Mohamed Boudiaf a, par la suite, contact� tous les membres de l�Organisation secr�te sur le territoire national. Cette situation a abouti � la r�union des 22 et la pr�paration de la R�volution � Alger. Parmi les premi�res �tapes figurait, selon le conf�rencier, la pr�paration de bombes dans une ferme � Khra�cia. Toutefois, a-t-il rappel�, les cinq op�rations effectu�es � Alger n�ont pas eu l�impact mat�riel attendu mais ont plut�t permis un impact politique ainsi que sur l�opinion publique. Il notera qu�� cette p�riode, la plupart des op�rations avaient �chou� � Alger. Le conf�rencier dira �galement avoir �t� contact� par Rabah Bitat � l��poque, pour d�fendre des fidayine emprisonn�s par l�arm�e fran�aise. �Quand je les ai rencontr�s � l��poque, vu leurs actions arm�es sur le terrain, ils �taient consid�r�s comme des pestif�r�s, ils avaient sur eux des traces de torture mais arboraient aussi un moral d�acier�, se souvient Amar Bentoumi. Parmi les moudjahidine emprisonn�s figurait Bouadjadj, captur� la premi�re semaine de novembre, soit juste apr�s le d�clenchement de la R�volution. La conf�rence organis�e avec la collaboration de l�association Mecha�l Echahid a �t� aussi l�occasion de rendre hommage au d�funt moudjahid Mohamed Merzougui, membre du groupe des 22.