Le ministre de l'Intérieur a mis un terme aux spéculations relatives à son départ. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a marqué très fort son retour sur le devant de la scène politico-médiatique. Evacué à Paris pour des soins liés à des maladies que d'aucuns qualifiaient de très graves, il s'est rétabli en l'espace de quelques jours à peine. Dans une volonté manifeste de prouver à tous qu'il garde en main le contrôle de tout le dispositif électoral, il a tenu à faire un crochet par notre consulat général à Paris avant de rentrer à Alger. Yazid Zerhouni, à cette occasion, a réuni l'ensemble de nos consuls en région parisienne pour donner les ultimes instructions liées à la préparation et au déroulement du scrutin présidentiel. Ce dernier, qualifié par lui de «défi majeur», doit être «relevé» en vue de «crédibiliser davantage l'institution électorale et permettre un retour de confiance des citoyens vis-à-vis des institutions de l'Etat et de son appareil administratif». Zerhouni, qui nous a habitués aux «bévues langagières» sous-entend que nos institutions, notamment celles qui sont basées à l'étranger, ne seraient pas crédibles, et ne jouiraient pas de la confiance du citoyen. Une déclaration d'autant plus étonnante que les consulats et, partant, la diplomatie algérienne sont sous la coupe d'un président que Zerhouni a déclaré soutenir, allant jusqu'à annoncer vouloir voter en sa faveur le 8 avril prochain. Par delà ces considérations, il convient surtout de relever que le retour de Zerhouni met fin à des spéculations qui étaient allées grandissantes depuis que Zerhouni s'était éclipsé des visites d'inspection présidentielle, avant que ne sorte l'information faisant état de l'aggravation de son état de santé, ce qui a nécessité son évacuation vers un hôpital parisien. Le ministre de l'Intérieur, qui souffre de problèmes cardiaques et rénaux, se serait trouvé mal à la suite d'une hémodialyse effectuée dans un important centre de soin algérois. Les spéculations étaient d'autant plus déchaînées, dans tous les salons huppés de la capitale, que chacun savait que Zerhouni est un des alliés les plus puissants du candidat Bouteflika. Ils en veulent pour preuve massue le fait que le ministre de l'Intérieur détienne entre ses mains l'ensemble du dispositif électoral qui lui permet de tout contrôler d'amont en aval et de gérer au mieux les intérêts de son président. Zerhouni, pour qui il ne peut être question de fraude, a ainsi insisté sur les amendements introduits à la loi électorale qui permettent aux candidats de surveiller le déroulement du scrutin et d'empêcher tout trafic dans les PV de dépouillement. L'on croit savoir que le ministre de l'Intérieur, qui a effectué ce crochet par notre consulat général dans le but de lancer un message clair et fort à ses détracteurs, devait rentrer à Alger dès hier soir, à l'heure où nous mettions sous presse. La question se pose s'il se cantonnera désormais à assumer ses fonctions où s'il entrera lui aussi en campagne comme le font la plupart des ministres du gouvernement Ouyahia, à commencer par ce dernier.