«Nous devons à la fois mener une guerre sans relâche contre le terrorisme.» Organisé par le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert), en collaboration avec l'ambassade des Etats-Unis en Algérie, l'atelier de deux jours se veut un espace d'échange entre, d'une part, des juristes américains et européens, et d'autre part, des représentants des institutions chargées de la lutte antiterroriste dans les pays d'Afrique du Nord, ont expliqué les organisateurs. Intitulée «L'utilisation des opérations d'infiltration et de la protection des informations sensibles pour le renseignement et pour le travail des forces de l'ordre», cette rencontre, deuxième du genre, ambitionne de permettre aux services de sécurité des pays de l'Afrique du Nord, dont l'Algérie, de traduire des terroristes devant un tribunal et de les condamner grâce aux preuves et informations qu'ils fournissent moyennant des infiltrations et enquêtes secrètes. Le directeur du Caert, Francisco Caetano José Madeira, a appelé, mardi à Alger, à un renforcement de la lutte contre le terrorisme mais dans «la sauvegarde» des droits individuels. «Nous devons à la fois mener une guerre sans relâche contre le terrorisme où il se trouve et veiller à ce que les terroristes avérés soient traduits devant un tribunal pour les juger et les condamner», a-t-il indiqué dans une allocution à l'ouverture des travaux d'un atelier international sur la mise en oeuvre de «bonnes pratiques» dans le cadre des enquêtes et poursuites judiciaires antiterroristes. Pour M.Madeira, une lutte efficace contre le terrorisme exige «l'élaboration de lois sur la justice pénale, de procédures et de politiques qui fournissent aux enquêteurs et aux procureurs des outils appropriés, tout en sauvegardant les droits individuels». «En tant que représentants d'Etats qui aspirent à devenir des Etats de droit, nous devons parvenir à prouver devant les juges la culpabilité de personnes impliquées dans des opérations terroristes par des preuves fournies grâce à des investigations secrètes mais légales», a-t-il soutenu devant des participants africains, américains et européens à cette rencontre de deux jours. Selon lui, les éléments des services de lutte contre le terrorisme doivent maîtriser les procédures légales pour que les résultats de leurs enquêtes soient prises en compte par les magistrats et permettent la condamnation des criminels. Le défi, a-t-il dit est que «les agents chargés de la lutte contre le terrorisme et les méthodes qu'ils utilisent, doivent rester secrets pour ne par être déjoués par les organisations terroristes, mais en même temps, nous devons prouver aux juges que les informations et les preuves sont obtenues de façon légale». M.Madeira a, dans ce sens, précisé que l'atelier sur la mise en oeuvre de «bonnes pratiques» dans le cadre des enquêtes et poursuites judiciaires antiterroristes ambitionnait de renforcer la maîtrise des services secrets et de l'ordre des pays de l'Afrique du Nord, des procédures et lois régissant la lutte contre le terrorisme au niveau international et local. Il a, par ailleurs, salué les efforts consentis par les pays membres du processus de Nouakchott dans le but de renforcer leur coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Concernant l'expérience algérienne dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, M.Madeira a dit que «l'histoire montre clairement comment les Algériens ont réussi à s'adapter et à acquérir une capacité considérable à lutter contre le terrorisme». «Franchement, nous admirons ce que l'Algérie fait et sa capacité de confronter le terrorisme. Nous avons des leçons à prendre. Nous ne cesserons jamais de solliciter ce pays pour nous donner des leçons dans ce domaine-là (lutte antiterroriste)», a-t-il soutenu. Selon lui, le Caert continuera de solliciter l'aide des experts algériens pour étudier les causes et les effets du phénomène du terrorisme. «Nous demandons toujours au gouvernement algérien de nous déléguer des experts pour animer des rencontres que nous organisons à l'étranger comme celles tenues au Burkina Faso, au Sénégal et en Côte d'ivoire», a-t-il dit. Par ailleurs, un institut international sera prochainement créé en Tunisie pour former des experts africains et moyens-orientaux spécialisés dans les questions judiciaires, en particulier celles liées à la lutte antiterroriste, a annoncé hier, lors de la même rencontre, le directeur du Caert, Francisco Caetano José Madeira. «Un institut international sera créé dans les prochains mois en Tunisie pour former des experts issus des pays africains et du Moyen-orient en matière de justice et particulièrement dans les questions liées à la lutte contre le terrorisme», a-t-il indiqué en marge des travaux. Ce futur établissement permettra, a-t-il dit, de former une élite africaine et moyen-orientale dans le traitement judiciaire des affaires de terrorisme et à mieux comprendre ce phénomène mondial.