L'opposition politique doit se mobiliser autour de ses propres objectifs et ne pas attendre que des cercles du pouvoir décident à sa place. Le candidat Saïd Sadi qui a recueilli 1,93% des suffrages a qualifié d'emblée le plébiscite de Bouteflika «d'un des moments des plus critiques de la nation» dans sa tentative de dénoncer la fraude, lors d'un point de presse animé hier au Centre international de presse. «De manière générale, ce qui vient de se passer est préoccupant puisque le chef de l'Etat veut asseoir son despotisme par la triple association de l'autoritarisme, de la corruption et de la délinquance», a souligné le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, candidat malheureux à la présidentielle. Pour Said Sadi, «l'Algérie vient de connaître dans la journée du 8 avril une régression politique dont il est difficile de prévoir les conséquences», a-t-il martelé devant un parterre de journalistes nationaux et internationaux. Revenant sur la fraude en question, Sadi dira «j'ai dit aux citoyens qu'il sera difficile de frauder dans les bureaux de vote sans que l'on s'en rende compte». Cependant selon le candidat, la réalité soutient mordicus le contraire. Sadi a soutenu que le 8 avril a été la «journée de tous les dépassements» avec notamment, a-t-il dit, des «substitutions d'urnes» et des «agressions» contre les représentants de l'opposition. A ce sujet, le conférencier a classé les dépassements en trois catégories. L'empêchement de ses représentants d'entrer dans les lieux d'affectation, l'orientation des électeurs dans les bureaux de vote par des éléments du président-candidat et enfin la disparition ou la réduction des bulletins de vote dans de nombreuses wilayas. «Personnellement, mes bulletins ont disparu à Guelma, Skikda et Khenchela», affirme Sadi. En ce qui concerne la Kabylie, Sadi a été catégorique «il est apparu dès les premières heures un plan homogène où l'administration avait fait preuve d'un laxisme patent et refusé d'acheminer des urnes ou d'ouvrir des bureaux de vote dans les zones où mon parti faisait les meilleurs scores». En outre, et preuve à l'appui, Sadi a montré à l'assistance des copies des ordres de mission à l'effigie du président-candidat qui ont été distribués «sommant les autorités civiles et sécuritaires de faciliter la tâche à leurs porteurs en plus des cartes de vote cachetées et vierges». Des preuves que le candidat compte présenter aux instances internationales pour discréditer et disqualifier M.Bouteflika. Dans sa foulée, Saïd Sadi accuse, sans toutefois les citer, le FFS et les archs d'être directement responsable de cette débâcle électorale. «Ce désastre national a été, on s'en rend compte aujourd'hui, largement aggravé par ceux qui ont appelé au boycott» a-t-il soutenu. Interpellé sur les modalités de riposte, l'orateur soulignera que «nous ne sommes plus devant un problème juridique du fait que le Conseil constitutionnel n' a jamais fait quelque chose, mais devant un problème politique». C'est dans ce sens qu'il interpelle l'opposition politique à réagir en se mobilisant autour de ses propres objectifs et à ne pas attendre que des cercles du pouvoir décident à sa place. «Il faut que l'opposition politique sorte de sa réserve au lieu d'attendre pour voir dans quel sens tourne le vent», a-t-il clamé dans un cri de détresse. D'ailleurs, il a balayé d'un revers de la main la soi-disant rencontre des trios avec le général de corps d'armée, M.Mohamed Lamari.