«La télévision est un instrument majeur de pouvoir. Elle doit demeurer une arme essentielle de la citoyenneté.» Laure Adler dans Les dossiers de l'Audiovisuel Les récents changements à la Télévision nationale soulèvent de nombreuses interrogations sur le choix de la date et de la période de ce remaniement audiovisuel. Des changements qui interviennent à quelques semaines de la présidentielle et surtout de l'adoption de la loi sur l'audiovisuel qui autorise enfin la concurrence avec les télés privées algériennes. Depuis quelques semaines, on évoquait avec pertinence, le départ de Khelladi et son installation à la tête du Centre culturel algérien à Paris. On est même allé jusqu'à fixer le nom de son successeur, mais à ce jour, Khelladi est toujours à son poste. Et pourtant, il aurait souhaité partir et bénéficier de repos. L'Affaire du procès Al Jazeera Sport lui a causé beaucoup de tort sur le plan santé et créé des tensions entre lui et le président de la FAF. Mais en haut lieu, on a refusé son départ. Ce qui a renforcé ses pouvoirs et lui a conféré le droit légitime de procéder à des changements. Des changements stratégiques qui lui ont donné toute la latitude de gérer avec minutie la campagne électorale pour la présidentielle 2014, tout en sachant pertinemment qu'il sera remplacé juste après. Tous les responsables qui ont été installés récemment à la tête des principales chaînes et directions étaient calculés. Boukabès a été installé pour faire bouger l'information et surtout prendre en charge des émissions politiques qui seront à la hauteur de la Télévision nationale. Mais Nadir Boukabès sera toujours sous la coupe de Khelladi. Même scénario pour le nouveau directeur de Canal Algérie, Ahmed Chermat. Ce dernier qui était rédacteur en chef sur la chaîne francophone n'aura d'autre choix que de poursuivre les directives du patron de l'Entv et faire le suivi des émissions quotidiennes de Canal Algérie. L'information et les émissions spéciales seront toujours sous la coupe du directeur de l'information, de la production et du DG de l'Entv en personne. Il faut savoir que les différents directeurs de Canal Algérie étaient souvent en conflit avec leur DG à cause justement du manque de prérogatives et de pouvoir. Chermat qui n'a pas l'ambition de prendre la place de son supérieur, maintiendra le cap normalement. Mais ces problèmes de pouvoir ne minimisent en rien le succès de la chaîne francophone qui demeure très regardée à l'étranger et à l'intérieur du pays. La forteresse du 21e Boulevard des Martyrs a toujours aiguisé les appétits de certains hauts responsables de l'Etat, en raison de son pouvoir politique et commercial, mais depuis quelque temps, la télé d'Etat fait face à une rude concurrence de la part de la chaîne Ennahar TV et petit à petit de la télévision du groupe Haddad Dzair TV. Du coup, on a préféré la stabilité au changement. La présidentielle 2014, est un grand test pour la télévision publique et l'expérience récente dans les pays voisins comme la Tunisie et l'Egypte, qui ont connu une grande mutation dans leur paysage audiovisuel a démontré que la télévision d'Etat, demeure le média le plus puissant du pays. [email protected]