«L'oeuvre de Alloula gagnerait à être lue en Amérique, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud» «Traduire Alloula pour mieux faire connaître au monde le 4e art algérien» a été l'une des plus importantes recommandations de ce colloque. La traduction des oeuvres de Abdelkader Alloula (1939-1994) en différentes langues étrangères a été vivement recommandée, mardi dernier à Oran, par les participants au colloque international commémorant la vingtième année de sa disparition tragique. «Publier le corpus Alloula en anglais et en d'autres langues est un excellent moyen d'ouvrir au monde une fenêtre sur le théâtre algérien», ont estimé les conférenciers algériens et étrangers ayant pris part à cette rencontre tenue deux jours durant sous le thème générique «Le théâtre de Abdelkader Alloula (1939-1994): le texte et la scène». «La plupart des efforts portant sur les travaux de Alloula sont principalement en français, mais peu a été fait en anglais», a observé à cet égard Mme Nacéra Bentayeb de l'université d'Oran. «Les critiques et chercheurs francophones du continent européen ont traité la plupart des pièces théâtrales de Alloula avec un énorme intérêt, mais les anglophones ont peu d'informations sur le théâtre algérien», a-t-elle déploré, arguant que «le travail de Alloula gagnerait à être lu en Amérique, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud». Faisant valoir l'impact de la traduction, l'intervenante a jugé qu'il est important d'inciter les dramaturges et auteurs algériens à traduire les oeuvres de Alloula en anglais et en d'autres langues. «La traduction de cette grande figure de la culture algérienne permettra de mieux faire connaître au monde le 4ème art algérien», a encore soutenu Mme Bentayeb dont la communication a été donnée en langue anglaise sous le titre Alloula's reception in the English-speaking world (la réception de Alloula dans le monde anglo-saxon). Cette ultime journée du colloque a été marquée par l'animation d'ateliers thématiques réunissant une trentaine de conférenciers qui ont évoqué le théâtre de Alloula sous les angles de sa «spécificité et universalité», de «la problématique de la langue et de la traduction» et de «l'adaptation, intertextualité et interprétation». Différentes études comparatives, présentées dans ce cadre, ont donné lieu à d'autres recommandations allant dans le sens de l'encouragement des étudiants et spécialistes du 4e Art à l'exploration de pistes de recherche autour de l'oeuvre de Alloula. La traduction, la réception théâtrale, la scénographie, le travail d'adaptation, le personnage et sa théâtralisation figurent parmi les axes de recherche suggérés à ce titre par les participants. «Le théâtre du défunt Abdelkader Alloula est un travail qui pousse toujours à réflexion», a indiqué M.Abdelkhalek Derrar, de l'Institut des langues étrangères (ILE) d'Oran, expliquant que le regretté dramaturge a donné au théâtre algérien une assise qui lui est propre. «Une étude sémiotique des signes, verbaux et non verbaux, propre au théâtre halqa devient pertinente pour comprendre ce genre théâtral», a préconisé cet intervenant qui s'est appuyé sur la pièce Lajouad (Les généreux) de Alloula, car révélatrice, à ses yeux, de «toute la force imaginative du défunt». Une autre participante, Mme Fatima Mokadem a rappelé qu'une bonne partie de cette pièce théâtrale (Lajouad) a fait l'objet d'une traduction en langue allemande par des enseignants allemands ayant vécu en Algérie et enseigné cette langue à l'université algérienne, ce qui démontre, selon elle, «la liaison faite entre le théâtre engagé de Abdelkader Alloula et l'université au plan de l'apprentissage». Des chercheurs étrangers ont également apporté leur contribution, à l'instar de Philippe Tancelin de l'université de Paris VIII qui a proposé une conférence, interrogeant les représentations poétiques et politiques dans le travail de Alloula qu'il a qualifié de «grand dramaturge de l'allégresse». «Alloula est de ceux-là dont la vision poétique de l'équité a su écrire un chant rebelle aux saisons de la politique pour habiter poétiquement le monde et en cela, être authentiquement politique», a résumé M.Tancelin. La dimension artistique et humaine du précurseur de la El halqa a été encore mise en exergue à travers des témoignages apportés par plusieurs figures de la culture algérienne ayant côtoyé le regretté artiste, dont sa veuve Raja, présidente de la Fondation Abdelkader-Alloula, des dramaturges et des comédiens. Ce colloque présidé par le chercheur algérien Mohamed Hirèche-Baghdad, a été initié par l'Unité de recherche sur la culture, la communication, les langues, les littératures et les arts (Ucclla), relevant du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc, basé à Oran), en partenariat avec la Fondation Abdelkader-Alloula. Les communications produites dans le cadre de cette rencontre seront prochainement publiées afin d'être mises à la disposition des universitaires et du grand public, a fait savoir M. Hirèche-Baghdad.