Le vieux parti est une terrible machine qui carbure aux cadavres de ces militants, fussent-ils les meilleurs. La vieillesse est un naufrage disait le général français, Charles de Gaulle. A quelques mois de son 60e anniversaire, comme étant l'un des plus vieux, sinon le plus vieux parti des pays dit du tiers-monde, le FLN sombre dans une dangereuse crise qui s'identifie au malaise de la scène politique algérienne. Hier, la mécanique FLN a encore fonctionné en offrant un spectacle affligeant à l'Algérie. Un ancien secrétaire général et qui plus est ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, un ancien président de l'Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, un ancien ministre comme Amar Tou, un vieux militant comme Abderrahmane Belayat et une dizaine d'autres encore ont été empêchés d'accéder à la réunion du comité central qui se déroulait hier à l'hôtel El Aurassi. Des bagarres, des insultes et bousculades. Un spectacle dont les vieux usent à chaque échéance électorale, à chaque rendez-vous organique. Les crises s'empilent, s'accumulent et le parti n'arrive plus à avoir un cap. Un mouvement de redressement, puis un autre pour redresser les redresseurs, une division au sein des redresseurs et ainsi de suite... «Heureusement que nous avons de beaux matchs de football à regarder», s'est consolé un vieux militant du FLN sidéré par des images regrettables diffusées par Ennahar TV sur la réunion du comité central du FLN à l'hôtel El Aurassi. Dans les coulisses, deux tendances s'affrontent pour maîtriser la tête du parti. L'actuelle direction, bien assise sur le trône conduite par Amar Saâdani et ses hommes très introduits dans les travées de l'Assemblée nationale et les rouages de l'Etat. Et de l'autre côté, une tenace tendance bicéphale composée par les redresseurs agglomérés autour de Belayat et le clan Belkhadem. Ce dernier avance à pas de loup, scrute la direction du vent. Evincé le 31 janvier 2013, suite à un retrait de confiance par le comité central, après trois années de crise, Belkhadem tente sa chance et ne désespère par de revenir à la tête du parti. Pourquoi cet intérêt? Des sources au sein du parti font miroiter d'éventuelles échéances électorales dans les mois à venir et c'est ce qui donne l'eau à la bouche de Belkahdem. De quelles échéances s'agit-il? Nos sources ne le précisent pas. En tout cas, cette crise accentuera davantage les clivages entre les militants et surtout les fragilités entre les différents clans au sein du parti. Mais, à coup sûr, cela n'entraînera pas une révolution. Comme des chaises musicales, ce sera tout au plus un changement de postes et de rôles dans la symphonie politique nationale. Car en définitive, la machine FLN se résume comme suit: le parti n'est pas une conviction partagée, une doctrine ou un projet de société. A l'origine, c'était un peuple en extase qui s'est libéré grâce à ce parti du joug colonial. Au fil des années, cet héritage s'étiole et le FLN a muté. Il s'est transformé en une machine au service du régime. Une terrible machine qui carbure aux cadavres de ces militants, fussent-ils les meilleurs.