Selon la direction du FLN, la question d'élire un nouveau secrétaire général n'est pas à l'ordre du jour. Prévue pour aborder des questions d'actualité liées notamment aux consultations politiques qu'organise le pouvoir en vue de la future révision de la Constitution, la session ordinaire du comité central (CC) du FLN, qui a lieu ce matin à l'hôtel El Aurassi d'Alger, est ouverte à tous les pronostics.Pour la première fois depuis son arrivée à la tête du FLN en août 2013, Amar Saadani n'a plus la manette et il devra faire preuve de beaucoup d'imagination pour échapper à un éventuel vote de défiance. Ses adversaires, auréolés par la nomination de Abdelaziz Belkhadem comme ministre d'Etat, préparent un scénario qui leur permettra de destituer l'actuel secrétaire général du FLN. Pour éviter tout débordement lors de cette rencontre, Amar Saadani a tout ficelé. S'il ne peut pas empêcher son prédécesseur d'accéder à la salle de réunion de l'imposant hôtel algérois, il veut faire appliquer à l'avance une résolution que la commission de décision du parti n'a pas encore prise. Il brandit donc l'arme de la discipline contre 7 membres du comité central pour les mettre hors d'état de nuire en leur interdisant d'assister aux travaux. Parmi ces derniers, figurent des personnalités de premier plan du vieux parti, à commencer par Abderrahmane Belayat, ancien coordinateur du parti. «Je défie Saadani de m'empêcher d'assister au comité central. Personne ne peut m'interdire l'accès tant que la commission de discipline n'a pas statué. Mieux, même dans ce cas, la délibération de cette commission doit être soumise au comité central qui doit prendre la décision d'exclure quelqu'un. Or, ce n'est pas encore le cas», explique l'ancien ministre des Travaux publics qui confirme qu'il soutient le retour de Abdelaziz Belkhadem aux affaires. «Nous allons assister au comité central pour exprimer notre position d'aller aux urnes pour régler la question de la vacance du poste de secrétaire général du parti», affirme encore Belayat, contacté hier par téléphone. Une option que confirme Abdelaziz Belkhadem lui-même (voir entretien). Bataille de procédure Du côté de la direction du FLN, cette question d'élire un nouveau secrétaire général n'est pas à l'ordre du jour. «La session du comité central va aborder quatre points. Il s'agit d'un rapport d'activité que présentera le secrétaire général, du rapport financier, d'un compte-rendu de la commission chargée des propositions de la révision de la Constitution qui informera le CC des propositions que présentera Saadani lors de sa rencontre avec Ouyahia et, enfin, de l'installation de la commission de préparation du congrès», énumère Saïd Bouhadja, le chargé de communication de ce parti, contacté par nos soins. Pour l'ancien député de Skikda, l'élection d'un nouveau secrétaire général du parti n'est «pas à l'ordre du jour». «Sauf si la majorité des membres du comité central proposent ce point», a-t-il tenu à relativiser. Belkhadem, le retour ? Dans les faits, cela fait plusieurs semaines que la maison FLN bouillonne. Passée l'élection présidentielle, les vieilles querelles autour du poste de secrétaire général reprennent de plus belle. «Le comité central est divisé en deux. Il y a d'un côté les partisans de Saadani et de l'autre ceux qui veulent le retour de Belkhadem aux affaires», indique ainsi un membre du comité central qui ne veut pas faire partie d'un de ces deux groupes. Notre interlocuteur, un ancien militant du FLN, est en revanche incapable d'avancer un pronostic sur l'évolution des rapports de force dans ce parti. Les deux «clans» qui se disputent la responsabilité du FLN revendiquent, chacun de son côté, un appui du chef de l'Etat, officiellement président du FLN. Les partisans de Belkhadem profitent de la nomination de ce dernier comme ministre d'Etat pour brandir un quitus présidentiel, tandis que l'autre partie pense que «le président de la République sait qu'il ne doit pas créer un problème au FLN», comme l'indique Saïd Bouhadja. Ironie de l'histoire, Abdelaziz Belkhadem, évincé par le comité central le 31 janvier 2013 après une âpre bataille livrée contre les «redresseurs», redevient presque un recours ultime pour les adversaires de Saadani. Plus d'un an et demi après son départ de la direction du FLN, l'ex-secrétaire général a réussi même à s'épargner d'anciens «redresseurs». «Il ne reste que 3 ou 4 personnes dans le mouvement de redressement», atteste Abderrahmane Belayat. Un tapis rouge est-il donc déroulé à Abdelaziz Belkhadem ? Le pari est difficile à faire, surtout que, fin manœuvrier et ne lésinant sur aucun moyen, Amar Saadani ne veut rien lâcher. Quitte à employer les méthodes jadis utilisées par son prédécesseur contre les «redresseurs».