Le FLN n'arrive plus à sortir la tête de l'eau En six mois, ces deux partis majoritaires se sont noyés dans leur «activité de redressement» laissant le pays en rade: un naufrage politique. La chaîne de commandement est rompue. Aussi bien au FLN qu'au RND, le topo est le même. Décapités avec le départ de Abdelaziz Belkhadem pour le FLN et de Ahmed Ouyahia pour le RND, ces deux partis majoritaires sont comme des ruches sans reines. Ils ressemblent à des épaves qui naviguent au gré des courants dans un océan d'événements auxquels ils sont pourtant censés réagir. Laissés en rade, abandonnés, les militants et les députés de ces partis ne savent plus à quel saint se vouer et du coup c'est toute la scène politique qui est frappée d'une incroyable congélation. Pourtant, aussi bien l'actualité nationale, qu'internationale interpelle les deux partis. Disposant de la quasi-majorité à l'Assemblée populaire nationale, ces deux partis ont la responsabilité entière et pressante de réagir aux événements et surtout de donner le cap à leurs militants. Ni les affaires de corruption qui gangrènent les institutions, ni la grogne sociale, ni la maladie du président, encore moins les graves menaces sécuritaires qui ceinturent les frontières de notre pays, n'ont fait réagir ces deux partis. Six mois durant, le FLN et le RND n'ont produit aucune idée politique, et n'ont pas proposé une alternative pour une sortie de crise. Leur littérature politique s'est limité au mouvement de redressement. Un drame, un naufrage politique. Le FLN, pour ne parler que de ce parti majoritaire, n'arrive plus à sortir la tête de l'eau. Cinq mois après la destitution du secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, le parti reste toujours sans tête. Pis encore, le parti qui a dirigé le pays se retrouve incapable de mettre de l'ordre dans sa maison. Le FLN est toujours au stade de départ. Malgré les tractations menées entre les différentes parties, au lendemain du départ de M.Belkhadem, le parti n'arrive pas à voir le bout du tunnel. La session du comité central est toujours suspendue à la réconciliation de la famille FLN. «Il y a des positions irréconciliables. Certains disent que Belkhadem n'a pas le droit de se porter candidat et d'autres l'appuient», a déclaré, en préambule, le coordinateur national du parti, Abderahmane Belayat. Joint hier par téléphone, l'ancien ministre de l'Habitat reconnaît la difficulté de la situation. Le FLN est-il devant une mission impossible? M.Belayat répond par la négative. «Ce n'est pas une mission impossible», a-t-il rétorqué en précisant que cette mission demande du temps et de la sagesse. Interrogé sur la réunion du comité central, le coordinateur n'a avancé aucune échéance. «Nous attendons que les gens cessent de faire des déclarations contradictoires et hostiles», a-t-il affirmé. M.Belayat souligne le fait qu'il ne peut pas convoquer le comité central avant d'arranger la situation et réconcilier toutes les parties. «Je ne peux pas convoquer un comité central pour se disputer», a-t-il clairement affiché. Selon lui, un accord doit être dégagé avec les différentes parties sur les candidats au poste de secrétaire général et la feuille de route de la réunion. Pour arriver à ce stade, M.Belayat estime qu'il faut beaucoup de patience et de tact. Des consultations sont toujours en cours. «Je reçois toutes les parties pour débattre des problèmes du parti», a rassuré M.Belayat qui soutient que le FLN n'est pas pressé au point de bâcler les choses. Selon M.Belayat, le comité central peut se tenir après le mois sacré du Ramadhan ou à la rentrée sociale. Du côté des redresseurs, rien de nouveau. Abdelkrim Abada, membre influent du mouvement de redressement indique que les choses sont claires. «Le comité central ne peut pas être convoqué tant que les conditions ne sont pas réunies», a-t-il déclaré par téléphone. M.Abada assure que les contacts sont toujours en cours avec les différentes parties. «C'est difficile de convaincre les membres du comité central qui sont au nombre de 340», a-t-il avoué. M. Abada reconnaît qu'il reste beaucoup à faire pour rassembler les rangs du parti autour d'une seule décision qui servira l'intérêt du parti. Aussi, la réunion du comité central n'est pas pour demain. Devant l'absence du candidat du consensus et la présence de différents clans, l'équation s'avère de plus en plus compliquée pour le FLN. Nul n'ignore que la mort du candidat du consensus, Abderazzak Bouhara et la maladie du président de la République ont sérieusement chamboulé les cartes du parti majoritaire. La machine FLN se retrouve en panne, laissant le champ libre à la guerre des clans.