Une famille de quatre soeurs et frères a implosé sous le choc du fric, cette «saleté» du quotidien. Quatre frères et soeurs se sont bien fait savonner par la justice. Et ce dossier est venu balancer son nez chez des magistrats comme s'ils n'avaient rien à faire. Une famille a implosé. Elle a été lacérée. Elle a été déchirée. Elle est même partie en menus morceaux puisqu'à la fin des débats, vers 13h45, la soeur cadette a énervé un policier de la cour en proférant des menaces de déc...son aîné, un barbu par-dessus le marché. Au fait, de quoi s'agit-il? De quoi retourne cette triste affaire familiale? Il s'agit de fric? Vous l'avez deviné. Et du fric, cela donne 4 milliards de centimes ou deux chèques mal libellés avec des normes mal respectées, ce qui a valu le délit de chèques sans provision que les avocats ont vivement repoussé. Le président de la chambre correctionnelle de Sétif était pourtant mal luné avec le sérieux incident d'audience qui a vu un intraitable avocat venu de l'ex-Cirta avec l'intention délibérée de renvoyer son affaire après le Ramadhan. Débutant par un catégorique: «Non, maître, je regrette. Il n'y aura pas de renvoi» jusqu'à l'énervement qui a vu le trio de magistrats lever l'audience vingt bonnes minutes, car un magistrat en colère ne peut rendre sereinement justice, avant le retour du président et des conseillers qui finiront par renvoyer à la grande satisfaction de l'avocat qui a jeté: «Un à zéro» i-e «j'ai eu gain de cause». Cela aurait été sympathique si cet avocat ne s'était pas pris aux avocats de la région de Sétif dont les deux «Koussim, Mounir et sa tante paternelle qui n'ont nullement appréciés que le «Cirtéen» s'en prenne à Saï le bâtonnier de Sétif qui n'a pas voulu dramatiser. Ces incidents ont permis aux membres de la composition correctionnelle de bien mener les débats des «Sallem», Houria et Fadila V/S Tahar et Noureddine, ces quatre soeurs et frères étaient venus s'entre-déchirer pour de l'argent. Les avocats eux, Maître Noudjoud Nechadi et Maître Nassima Aïd en tête, ont tout entrepris pour obtenir gains de cause, mais surtout calmer les esprits. Vainement car à l'urne des débats, c'était la pagaille sur le perron de la cour où un 34° à l'ombre régnait en maître des lieux. Et ni Fadila qui n'a eu de cesse de débiter ses réponses par des «Oukssimou Billah», ni Houria qui s'est longtemps lamentée, ni Noureddine abattu et encore plus Tahar, le barbu, ne sont arrivés à se regarder dans les yeux. Ils ont fait pire: ils se sont évités sauf au moment des plaidoiries où d'intempestives interruptions furent sèchement calmées par un président vigilant à la limite de la tolérance. Il est vrai que les poursuites pour émission de chèque sans provision, escroquerie, complicité et abus de confiance n'ont pas facilité les débats. Maître Djanane Yamina, Maître Farès Guedada, Maître Nechdi Noudjoud et Maître Nassima Aïd, semblaient tenir le bon bout sauf que les témoins n'ont jamais fait l'unanimité. Pour les uns, ce sont des héros, pour les autres des «zéros». Les nombreux échanges d'accusation entre les protagonistes montraient le haut et grave degré du différend opposant les membres de cette famille. Même sur le banc réservé au public, chaque partie avait ses fans. La cible est «ce maudit barbu-escroc qui ne craint pas Allah malgré sa longue barbe blanche». -dixit une des soeurs victimes, venue à l'audience non pas demander pardon ni échanger des amabilités avec ses frangins, mais plutôt réclamer les quatre milliards de centimes mais encore, occuper le siège du ministère public et demander, sans battre des cils, un châtiment exemplaire! Rien que ça! La scène était si épouvantable que nous avions eu droit à toutes les grimaces possibles et inimaginables en passant par cette avocate venue de Chéraga qui n'a pas pu garder son sang-froid au moment où Fadila, une des soeurs victimes, avait interrompu la plaidoirie de la blonde: «Vous, taisez-vous. Vous avez déjà assez d'ennuis avec le dossier!». Sportif, tolérant et calme après le départ de l'avocat de Constantine, le président a laissé faire Maître Aïd dont la réputation de «rebelle» est arrivée jusqu'aux Hauts-Plateaux de l'Est. Maître Guedada a laissé, au cours de sa longue intervention plus de un litre de grosses sueur noires, tout comme Maître Yamine Djanane ou cette terrible Noudjoud Nechadi constituée pour les deux soeurs dont le comportement dans la salle des «pas perdus» a poussé l'avocate a carrément faire sortir ses clientes devant la grille de la cour. Seul, le procureur général n'avait pas ouvert la bouche, car non-appelant, respectant ainsi le conseil de Louh qui avait déclaré si le représentant du ministère public estime que la peine infligée est satisfaisante, il n'y a donc pas lieu de créer un «embouteillage» «encombrement» au niveau de la Cour suprême en expédiant un pourvoi. Et dans ce cas, au niveau du tribunal, le parquet a requis 5 ans ferme, le verdict, 2 ans ferme. D'ailleurs, les avocats de la partie dont Maître Noudjoud Nechadi ont salué la «compréhension» du parquet qui n'a pas interjeté appel alors que ceux des inculpés, notamment la fougueuse Nassima Aïd, ont regretté ce dérapage du ministère public dont le représentant a laissé faire les enquêteurs au niveau le plus faible que leur chef, ce conducteur d'investigations. La chambre correctionnelle a alors tout entrepris pour suivre toutes les interventions des défenseurs, leurs nombreuses questions et même leurs exclamations sauf que dans leur majorité, les orateurs ont tous regretté qu'à la veille du mois du pardon, une famille se déchire, presque en morceaux pour cette triste monnaie sonnante et trébuchante. «Deux ans ferme pour ce Tahar venu pourtant éteindre l'incendie familial et qui s'est retrouvé embarqué dans cette galère» a mâchonné la blonde de Chéraga (cour de Tipasa) où elle est redoutée certes, mais respectée en bonne mère de famille et en excellente oratrice près de ses dossiers, les griffes et les serres dehors. Des débats sereins, somme toute même si Houari et Fadila ont voulu essuyer le parterre avec l'aura de leurs deux frères malheureux comme tout. A signaler l'excellent service d'ordre et un très bon guichet unique appuyé d'une salle d'audience bondée par le gros rôle de la journée tout comme l'a été la salle d'attente réservée aux justiciables venus voir en personne le procureur général en personne pour des problèmes résolvables au...parquet de la République. Mais que voulez-vous? Tayeb Louh a trouvé sur les lieux, en septembre 2012, un état des lieux «insalubre» et «miné» partout où la mafia sévit. Beaucoup reste à faire dans ce sacré secteur de la justice, même si le temps exige des efforts soutenus par tous! Et dans le domaine du suivi, Louh est un «as» à condition qu'il ne trompe pas sur la valeur des femmes et des hommes chargés eux-mêmes de placer des magistrates et des magistrats sûrs, intègres, compétents, courageux, propres, désireux de participer à l'ambitieuse mission de la réforme: aller vers l'indépendance de la justice et du juge. Ce jour-là est très loin, mais il faut qu'il arrive en bonne santé.