Noura est l´unique soeur prise en étau par ses nombreux frères dont l´un barbu, a prononcé à son encontre des fatwas! «Il est intolérable que dans une République positive on puisse tolérer l´intolérable. Voilà que des citoyens se permettent de créer des fatwas à l´encontre d´une femme et du père! Lorsque ces citoyens sont des frères et soeurs. Notre République est d´essence islamique où la loi doit être appliquée pour tous», s´est fâché Maître Slimane Yahia-Chérif, l´avocat de Nora, la victime qui n´a pas cessé de sangloter. D´ailleurs, lors de sa plaidoirie émouvante, si émouvante que des femmes pleuraient à commencer par cette merveilleuse mère de famille, cette exemplaire épouse de Hettak Saïd, Maître Nacéra Bouali qui avait même perdu, outre de grosses larmes, tout son beau maquillage, vite fondu sous le flot de larmes tant les mots jetés par l´avocat de Ben M´hidi étaient forts, touchants, justes. Entre-temps, les cinq frangins poursuivis, ne pouvaient pas supporter l´intervention du défenseur qui avait lancé le «turbo» en s´en prenant à leurs bas comportements: «Madame la présidente, vous avez constaté leur "tic" de g»...à la barre et vous aviez même crié votre ire devant ce Mohamed, celui-là même qui n´a pas hésité à cracher sur ce beau visage de leur soeur traînée dans la boue et cette soeur, contre qui, de véritables fatwas avaient été édictées. Ce qui l´avait poussée à se réfugier chez l´imam de la mosquée du coin, qui avait même rappelé à l´ordre ce frangin-barbu qui n´a pas hésité à traiter sa propre soeur de tous les noms sales. «Ils sont cinq! Cinq doigts de la main. En oubliant qu´elle est leur bras! Oui, c´est le bras! Elle est l´honneur de la famille. Elle est femme de ménage qui est un métier d´honneur. Etre femme de ménage, c´est comme être infirmière, médecin, journaliste, magistrat, portefaix, policier. Oui! Le métier de femme de ménage chez Djamel, Fatiha, Ourida, est honorable et ses frères qui refusent de la voir travailler tout en fuyant leurs devoirs, entre autres, celui de lui laisser le droit d´habiter dans le domicile des regrettés parents, lesquels s´ils étaient vivants, n´auraient jamais permis de voir Nora dormir chez les voisins ou encore laisser ses frères la malmener», avait encore balancé Maître Yahia-Chérif venu effectuer son boulot jusqu´au bout. Un boulot que Akila Bouacha, la représentante du ministère public, avait bien fait en réclamant une peine de prison ferme de un an et une amende aussi ferme. D´ailleurs, Inès Kouhil, cette sublime présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger) avait vite fait de prendre la mouche en remettant à sa place ce Mohammed qui avait, lui l´inculpé, failli aller à l´outrage en criant, gesticulant, levant les bras au ciel: «Ça suffit! Ce tribunal ne permet aucun écart, ni forme d´outrage! Le tribunal a mené les débats de manière à ce que cette famille se retrouve, se réunifie, se pardonne. Et hélas! ce même tribunal s´aperçoit que vous ne voulez pas de la réconciliation, vous ne voulez pas tendre la main à votre soeur!», a dit à haute voix, mais sans aller à la colère, mauvaise pour tout magistrat qui a appris sur le siège de l´Institut ou de la Fac que tout juge en colère est incapable de rendre justice sereinement. Maître Yahia-Chérif savoure l´attitude de la juge. Maître Bouali Hettak a fini de revoir son maquillage, alors que Nora continuait à déverser des flots de larmes et les sillons blancs marquaient profondément les joues rougies par la douleur, l´émotion et l´amertume d´être maltraitée par ses propres frères à cause du maudit pseudo-héritage...