Vacarme. En Irak et à Ghaza, les bombes pleuvent. Des groupes «islamistes», qui menacent des chrétiens dans le nord de l'Irak sont bombardés depuis hier par les Etats-Unis. Hier toujours, Israël a repris, après une trêve, ses bombardements contre la population civile à Ghaza. Dans le fracas de toutes ces explosions, un Saoudien, de retour d'un voyage au Sierra Léone après avoir été contaminé par le virus Ebola, est décédé, presque sans bruit, à l'hôpital de Djeddah. C'est le ministère saoudien de la Santé qui en a fait l'annonce, sauf qu'il attribue le décès à...une crise cardiaque. Croira qui voudra. Le comité d'urgence de l'OMS chargé de suivre l'évolution du virus, a annoncé, hier, qu'il est «unanime pour considérer que les conditions d'une urgence de santé publique de portée mondiale sont réunies». Traduire qu'il ne s'agit plus d'une épidémie, mais d'une pandémie. Que c'est la planète entière qui est menacée et non plus seulement l'Afrique de l'Ouest. Le virus a déjà tué près de 1000 personnes. Autant que les bombardements israéliens sur Ghaza. Sa propagation est très rapide. Comme il n'y a ni traitement ni vaccin contre ce virus, le seul moyen de protéger une population reste la prévention. Les «portes d'entrée» du virus chez nous sont connues. Les réfugiés subsahariens à l'extrême Sud et les aéroports du pays. Le ministère de la Santé a pris des mesures pour surveiller ces points d'accès. Mais voilà, depuis hier, le Hadj 2014 devient un pèlerinage à haut risque. Pour le pèlerin, mais aussi pour tous les Algériens. Comme si un mal ne suffisait pas, au coronavirus vient maintenant s'ajouter le virus Ebola en Arabie Saoudite. Les voyages Omra sont clôturés officiellement. Le premier départ des 36 000 pèlerins algériens pour le Hadj est prévu le 7 septembre prochain. A l'allure très rapide que prend la contamination par le virus Ebola, un mois c'est suffisamment long pour voir venir. Avant d'envisager une quelconque mesure. A ceux qui oseraient négliger la menace, on rappellera juste que parmi les moyens de transmission interhumaine du virus Ebola, l'OMS précise que c'est «à la suite de contacts...de liquides biologiques de personnes infectées». Parmi ces liquides se trouve la sueur. Une seule poignée de mains suffit. Quant aux embrassades...C'est dire que la propagation est inévitable dès lors que la présence du virus est signalée. Il est logiquement attendu des mesures de l'Arabie Saoudite contre le virus sur son territoire. Des mesures qui s'appliqueraient, de fait, à tous les pays de départs des pèlerins. Même dans ce cas, il n'est jamais trop tôt pour mettre en place un programme de sensibilisation de l'opinion publique. Un mois qu'il faut mettre à profit par principe de précaution. En direction des vacanciers qui s'approcheraient trop des singes (animaux porteurs du virus) des gorges de la Chiffa par exemple. Il faut également former et informer le personnel de santé sur les gestes de protection face à un malade atteint du virus. Préparer les structures spécifiques d'accueil de ce type de malades. On sait que l'hôpital El Kettar à Alger est spécialisé dans la prise en charge des maladies infectieuses, mais est-ce le cas dans les autres régions du pays? Le cas du décès à Djeddah ne doit pas être minimisé. Il doit, au contraire, bénéficier de toute notre attention, de toute notre vigilance. Ebola peut faire autant, voire plus de victimes, que les bombardements en cours en Irak et à Ghaza. La seule différence est qu'il tue en silence contrairement aux fracas des bombes. Quand tout le monde a les yeux braqués sur les explosions, un danger rampant peut passer inaperçu et nous prendre en traître. L'OMS vient de décréter «l'urgence mondiale» face au virus Ebola. Il faut prêter l'oreille pour l'entendre!