Des affrontements et des tirs à l'arme lourde ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi dans un quartier nord de Bangui entre différentes factions des milices anti-balaka, a-t-on appris de sources concordantes. Les tirs avaient cessé hier à la mi-journée, mais la situation restait tendue selon des habitants. «Ce sont les anti-balaka (milices chrétiennes) qui ne nous laissent pas en paix», a expliqué une habitante fuyant le quartier de Boy-Rabe, comme des dizaines d'autres habitants. «Depuis hier soir, ils se livrent à des attaques ciblées arme à la main. Les habitants n'osent même pas sortir. Il faut seulement profiter d'une accalmie pour quitter la zone. En tentant de fuir, certains habitants ont été blessés dans des tirs croisés», a-t-elle ajouté. Ces violences surviennent alors que la capitale centrafricaine, ravagée depuis plus d'un an par de terribles affrontements, exactions, traques et pillages, retrouvait un semblant de normalité depuis plusieurs semaines. «Il y a une situation de tension qui couve dans le quartier de Boy-rabe où on déplore déjà deux morts» parmi les anti-balaka, a déclaré un officier de la force africaine Misca sous couvert d'anonymat. Ils ont été tués «dans des conditions qui s'apparentent à des règlements de comptes», a-t-il expliqué. «La force Sangaris est déployée aux entrées de Boy-Rabe. Nous veillons aussi pour circonscrire la situation afin que cela ne s'étende pas à d'autres quartiers», a ajouté l'officier de la Misca. Selon des témoignages d'habitants, les affrontements ont opposé des miliciens «civils» à des anciens soldats des Forces armées centrafricaines, qui avaient été nombreux à rejoindre les milices anti-balaka lorsque les ex-rebelles Séléka, à dominante musulmane, ont renversé le président François Bozizé en 2013.«La situation est jugée sérieuse», a confirmé une source militaire française de l'opération Sangaris, avant d'ajouter: «On s'est déployé dans le secteur pour que les belligérants ne tirent pas sur la population (...) On parle de deux morts, mais c'est un bilan qui n'est pas encore exhaustif». Fief traditionnel des anti-balaka, Boy-Rabe a été pendant des mois le théâtre de nombreux affrontements entre ces milices chrétiennes réputées proches de l'ancien président Bozizé, et les ex-rebelles Séléka au pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014.