c'est la construction du nouveau siège d'Air Algérie que M.Boultif a bloquée, car elle s'apparentait à une délicate affaire de gros sous. Cette affaire n'exhalerait-elle pas les relents d'un règlement de comptes? Il y a, dans les airs, comme un refrain déjà entendu. La veille du limogeage d'un P-DG ou d'un cadre supérieur, certaines voix s'élèvent généralement, chez nous, pour en dénoncer l'incompétence et les défaillances et, ensuite, la pilule n'a qu'à passer tranquillement, sans problèmes. Ces voix, qui se sont élevées pas plus tard que cette semaine, ressemblent à des chants lugubres de quelques sirènes qui annonceraient une tempête prochaine. Oui, ces dernières 24 heures, des écrits «outragés» ont été consacrés à la personne du P-DG d'Air Algérie. Ils mettent en avant sa promotion qui leur paraît soudain douteuse, sa faiblesse sur le plan managérial et, bien sûr, tous les problèmes que connaît ou qu'aurait connus la compagnie à la tête de laquelle il a été propulsé, laisse-t-on entendre, sans aucun mérite. Deux petites précisions avant d'aller plus loin: d'abord, nous ne connaissons pas le concerné et, ensuite, il ne nous appartient point de le défendre dans ces lignes. Néanmoins, il est une question qui se pose. Si l'actuel P-DG d'Air Algérie ne devait pas être à la tête de cette entreprise, pourquoi ces voix ne l'avaient-elles pas mentionné depuis trois ans? Pourquoi s'étaient-elles tues pendant tout ce temps? On voudrait faire croire que le crash de l'avion affrété par Air Algérie pour le vol AH 5017 a servi de prétexte déclencheur à l'invective soudaine, mais en quoi un crash d'avion, dont on ne connaît encore ni les causes réelles ni les circonstances ayant entraîné la catastrophe serait imputable à une défaillance du P-DG de la compagnie aérienne? Certes, comme beaucoup de grandes compagnies aériennes, l'on relève des insuffisances managériales techniques au niveau des structures d'accueil, mais encore une fois, pourquoi avait-il fallu attendre maintenant pour déclencher tous ces tirs contre l'actuel P-DG? Y aurait-il quelqu'un d'autre dont on prépare déjà l'arrivée? C'est ce qui nous semble très probable à la lecture de ce qui s'est écrit jusque-là, mais disons-le tout de suite, une compagnie comme Air Algérie mérite qu'on lui accorde toute l'attention. L'Etat algérien propriétaire de la compagnie doit renouveler sa flotte et la moderniser pour la hisser au diapason des autres compagnies internationales. Or, et au vu de notre culture du choix des hommes, il est aisé de parier que le remplaçant de Mohamed Salah Boultif (si remplaçant il y a, bien sûr) ne sera pas plus compétent car, et ceci tous les Algériens l'ont remarqué, chez nous tous les critères pour la désignation sont bons sauf la compétence. Les problèmes d'Air Algérie sont anciens et ils n'ont cessé de s'accumuler au fil du temps. Aux problèmes des traditionnels retards que nul n'ignore et qui sont coutumiers aux autres compagnies, alors pourquoi indexer un seul homme M.Boultif, le P-DG actuel? Aucune prévision correcte de la croissance de la compagnie n'a été faite au point où, loin de progresser comme ses concurrentes, la compagnie n'a fait que reculer. Certes, le problème des dettes non payées des entreprises et institutions avait constitué à un moment un sérieux handicap à Air Algérie, mais il faut reconnaître que les efforts n'avaient pas été suffisants pour pousser cette compagnie vers l'avant. A l'échelle mondiale, nous ne représentons rien ou presque dans la conquête du ciel, et cela n'est point étonnant lorsqu'on voit les sommes injectées dans des compagnies comme Qatar Airway, Emirates Air Lines ou El Ittihad pour ne citer que celles-là ou lorsqu'on regarde les stratégies audacieuses développées par des compagnies comme Easy Jet, Raynair ou, récemment, Arabia Air Lines, toutes des compagnies du Low Cost. A l'échelle africaine, Air Algérie ferme la marche avec 3 millions de passagers par an (1), derrière Tunisair avec ses 4 millions de passagers attendus pour 2014 selon le ministre des Transports tunisien (2), la Royal Air Maroc qui transporte déjà plus de 6 millions de passagers (3) et Egyptair avec ses 555 vols hebdomadaires et ses 8,5 millions de passagers annuellement (4). Tous ces pays ont une caractéristique commune, ils accueillent 6 millions de touristes par an. Pourtant, ce ne sont ni les moyens de l'Etat qui auraient manqué à Air Algérie ni le temps. Comme on voit, dire que cela ne va pas à Air Algérie est une affirmation qu'aucune personne sensée ne réfutera, toutefois tout mettre sur le dos d'un P-DG qui n'a que trois ans à la tête de la compagnie nous semble vraiment exagéré. Le retard accumulé par Air Algérie par rapport à ses concurrents régionaux et mondiaux est un gouffre que seul l'intervention de l'Etat pourrait tenter de réduire sur le long ou moyen terme. L'acquisition et le financement de nouveaux avions ne relèvent-il pas de l'Etat. Air Algérie a besoin d'un P-DG et le soutien des dirigeants politiques pour casser cette mortelle routine qui en est devenue la culture et cet indécrottable laisser-aller qui en constitue la raison d'être. Les déclarations attribuées à Ghoul, le ministre des Transports concernant son impossible entente avec l'actuel P-DG d'Air Algérie, seraient déplacées, car il appartient aux décideurs, non pas de focaliser sur les personnes et crier sur tous les toits qu'ils ne s'entendent pas avec untel ou qu'ils s'entendent avec tel autre, mais d'aller trouver le P-DG et de l'aider à redresser la situation. Il est nécessaire à la fameuse «AH» d'aller chercher les ressorts suffisants pour prétendre trouver une place qui lui convient dans un secteur où il n'existe pas de cadeaux et où la lutte est acharnée chaque fois qu'il s'agit de vouloir gagner un petit pourcentage du marché, mais pour cela, il convient de commencer par cesser de tout réduire à la taille des hommes et de vouloir le bien de l'entreprise. Procéder autrement c'est précipiter l'échéance de cette entreprise.¦ Chose importante que n'ont pas omis de relever les observateurs, c'est la construction du nouveau siège d'Air Algérie que M.Boultif a bloquée, car elle s'apparentait à une délicate affaire de gros sous. Cette affaire n'exhalerait-elle pas les relents d'un règlement de comptes?. Références: 1.http://fr.wikipedia.org/wiki/Air_Alg%C3%A9rie 2. http://directinfo.webmanagercenter.com/2014/04/05/tunisair-est-sur-la-voie-dun-record-de-voyageurs-en-2014/ 3. http://www.libe.ma/Royal-Air-Maroc-conforte-sa-position-dans-la-bataille-pour-le-controle-du-ciel-africain_a50229.html 4. http://www.air-valid.com/egyptair/identite.html